Imaginez : vous déposez votre ado au collège un vendredi matin comme les autres, et le soir même il rentre plié en deux, incapable de garder ne serait-ce qu’un verre d’eau. Multipliez ça par quatre cents. C’est exactement ce qui se passe depuis quatre jours dans la petite ville du Soler, près de Perpignan.
Personne ne s’y attendait. Et pourtant, l’affaire prend une ampleur dingue.
Une vague de malaises qui dépasse l’enceinte du collège
Le collège Jules-Verne, établissement tout ce qu’il y a de plus classique dans cette commune de 7 000 habitants, est devenu en quelques heures l’épicentre d’une crise sanitaire aussi soudaine que massive. Vendredi après-midi, le principal évacue déjà 90 élèves pour « raison de santé ». Le lendemain matin, le compteur grimpe à 239 enfants et 8 adultes déclarés. Lundi, on parle de près de 400 collégiens touchés, et surtout – c’est là que ça devient vraiment inquiétant – des parents qui commencent à présenter exactement les mêmes symptômes.
La maire, visiblement dépassée par l’ampleur, confiait hier matin à la télévision : « On a beaucoup de parents, d’enfants qui étaient malades, qui sont malades aussi. » Le genre de phrase qui vous glace le dos quand vous avez vous-même des gosses à l’école.
« On a 400 enfants malades […] Est-ce viral ? Est-ce une épidémie de gastro-entérite foudroyante ? »
La maire du Soler, 8 décembre 2025
Les symptômes ? Violents et sans appel
Ce n’est pas une petite gastro de saison. Les témoignages convergent : nausées brutales, vomissements en rafale, diarrhées, fièvre, fatigue extrême. Certains enfants ont dû être perfusés à l’hôpital ou en clinique pour éviter la déshydratation. Treize hospitalisations pour réhydratation, 55 passages aux urgences… pour un seul établissement, c’est énorme.
Et le plus étrange ? La contagion semble sortir des murs du collège. Des fratries entières sont touchées, des parents qui n’ont même pas mis les pieds à la cantine déclarent les mêmes signes dans la soirée. Comme si le microbe (ou autre chose) avait décidé de faire du porte-à-porte.
L’eau innocentée, la cantine dans le viseur
Première piste logique quand autant de monde tombe malade en même temps : l’eau du robinet. Tout le monde y a pensé, les autorités en premier. Résultat ? Les analyses de l’Agence régionale de santé sont revenues nickel. Aucun problème détecté, que ce soit dans le réseau communal ou directement aux points de puisage du collège.
Donc exit l’hypothèse d’une contamination hydrique. Reste la restauration scolaire. Les repas servis jeudi et vendredi ont été prélevés et envoyés en labo. Les résultats ne sont pas encore connus, mais la piste alimentaire reste la plus crédible à ce stade – surtout quand on sait que certains parents malades ont partagé le repas de leur enfant rapporté à la maison le jeudi soir.
- Jeudi midi : menu classique (steak haché, haricots verts, yaourt ?)
- Vendredi midi : poisson pané, riz, compote ?
- Goûters et plateaux-repas éventuels pour les activités périscolaires
Tout est en train d’être décortiqué. Et franchement, on croise les doigts pour que ce soit « juste » un norovirus hyper contagieux plutôt qu’une salmonelle ou pire.
Une cellule de crise et des mesures d’urgence
Dès vendredi soir, la mairie et le département ont réagi vite. Nettoyage en profondeur des locaux tout le week-end, livraison de milliers de bouteilles d’eau (même si l’eau n’est pas en cause, ça rassure), remplacement de tous les distributeurs de savon et de gel hydroalcoolique, désinfection renforcée des points de contact.
Le collège reste ouvert – fermer aurait peut-être propagé encore plus le virus dans les familles – mais avec une surveillance accrue. Les parents sont invités à garder leurs enfants à la maison dès le moindre symptôme. Résultat : l’établissement tourne au ralenti, avec une absente massive.
Et si c’était un super-contaminateur viral ?
À titre personnel, j’ai déjà vu ce genre d’épidémie éclair dans d’autres établissements. Le norovirus, par exemple, est un champion toutes catégories : une seule personne contagieuse peut infecter des dizaines d’autres en quelques heures via les mains, les poignées de porte, les plateaux de cantine. Et il adore les collectivités fermées comme les écoles, les Ehpad ou les bateaux de croisière.
Le fait que des parents tombent malades plusieurs jours après tend à renforcer cette hypothèse. Le norovirus a une incubation de 12 à 48 heures, ce qui colle parfaitement avec le timing.
Mais tant que les analyses alimentaires ne sont pas revenues, on ne peut rien exclure. Une toxine staphylococcique dans une crème dessert mal conservée ? Une listéria ? On a vu des cas bien plus graves partir d’une broutille.
L’angoisse des parents et la solidarité locale
Sur les réseaux sociaux locaux, c’est la panique polie. Les groupes Facebook de parents d’élèves du Soler tournent à plein régime. On partage les symptômes, les remèdes de grand-mère, les numéros des pédiatres de garde. Certains accusent la cantine, d’autres parlent déjà de « complot ». La vérité, c’est que tout le monde est épuisé et inquiet.
Mais il y a aussi de très beaux élans. Des voisins apportent des plats tout prêts aux familles où les deux parents sont KO. Les pharmaciens font des permanences élargies. La commune a même ouvert une ligne téléphonique dédiée.
On saura mercredi… ou peut-être plus tard
La maire l’a annoncé : les prochains résultats (notamment sur les repas) devraient tomber mercredi. En attendant, la Direction départementale de la protection des populations continue ses investigations. De nouveaux prélèvements ont été faits sur les fontaines à eau, les surfaces, les frigos de la cantine.
Moi je crois qu’on va finir par découvrir qu’il s’agit d’un bon vieux virus gastro bien méchant, boosté par la promiscuité et la fatigue de fin d’année. Mais tant qu’on n’a pas la preuve formelle… l’incertitude pèse lourd.
En attendant, si vous habitez dans les Pyrénées-Orientales et que votre enfant tousse ou se plaint du ventre, ne prenez pas de risque. Un peu de repos, beaucoup d’eau (en bouteille pour rassurer tout le monde), et on croise les doigts pour que ça s’arrête là.
Parce que 400 enfants malades, c’est déjà énorme. On n’a pas envie que ça devienne 800.
Je mettrai à jour cet article dès que les résultats officiels tomberont. En attendant, prenez soin de vous et des vôtres.
