Quand on pense au football de haut niveau, on imagine souvent les stars sous les projecteurs, les entraîneurs en costard qui hurlent sur le bord du terrain. Mais derrière ces images clinquantes, il y a des hommes de l’ombre qui font tourner la machine, ceux qui écoutent, qui rassurent, qui construisent des liens humains solides. Jean-Louis Gasset était exactement ça. Ce 26 décembre, le monde du foot a perdu un de ces piliers discrets, à tout juste 72 ans. Et franchement, ça fait un pincement au cœur.
Je me souviens encore de ces années où le PSG dominait tout en France. On parlait beaucoup de Laurent Blanc, de ses choix tactiques posés, de son élégance. Mais ceux qui étaient dans le vestiaire savent que sans son adjoint fidèle, ça n’aurait pas été pareil. Gasset, c’était le lien humain, le type capable de parler à un gamin de 18 ans comme à une superstar mondiale. Et ça, dans un club comme Paris à cette époque, c’était de l’or pur.
Un homme qui comptait plus que son titre d’adjoint
Adjoint, le mot semble presque réducteur pour décrire ce qu’était Jean-Louis Gasset au PSG. Il a vécu deux passages dans la capitale : un premier au début des années 2000, puis ce second, bien plus marquant, entre 2013 et 2016 aux côtés de Laurent Blanc. Trois saisons de domination totale en Ligue 1, avec un vestiaire rempli de personnalités fortes. Et lui, au milieu, comme un roc tranquille.
Ce qui frappait d’abord, c’était sa simplicité. Pas de grands discours, pas de besoin de briller. Il connaissait le foot par cœur, bien sûr – ancien milieu de terrain, il avait roulé sa bosse à Montpellier surtout. Mais ce qui le rendait unique, c’était cette capacité à s’intéresser vraiment aux joueurs. Avant de parler tactique, il demandait comment allait la famille, si tout roulait hors du terrain. Dans un monde où tout va vite, où la pression est énorme, ça change tout.
Le lien particulier avec les stars étrangères
À l’époque qatarie du PSG, le vestiaire était un vrai melting-pot. Des Brésiliens, des Italiens, des Suédois, des Français évidemment. Et Gasset, avec son accent chantant du Sud, arrivait à parler à tout le monde. Il avait cette chaleur naturelle qui désarmait même les plus fiers.
Prenez Zlatan Ibrahimovic. Le géant suédois, connu pour son ego et sa franchise brutale, avait un respect immense pour lui. Il l’appelait carrément son « second papa ». Imaginez un peu : un joueur qui terrorisait les défenses européennes, qui se voyait comme un lion, et qui voyait en cet adjoint discret une figure paternelle. Ça en dit long sur la personnalité de Gasset.
Il était fantastique, un type vraiment humain dans un monde parfois trop froid.
– Un ancien joueur star du PSG
Même chose avec Thiago Silva. Le capitaine brésilien, si exigeant, si professionnel, trouvait en Gasset quelqu’un qui comprenait ses doutes, ses responsabilités. Il n’était pas seulement là pour analyser la vidéo des adversaires – même s’il excellait là-dedans. Non, il était là pour gérer les ego, calmer les tensions, créer une vraie cohésion.
Un rôle clé dans le management quotidien
Dans un club comme le PSG de cette époque, gérer un vestiaire relevait parfois du miracle. Des salaires astronomiques, des egos démesurés, des attentes folles. Laurent Blanc avait la vision tactique, la classe pour représenter le club. Mais au quotidien, c’était souvent Gasset qui faisait le lien avec les joueurs.
Il passait du temps avec les jeunes du centre de formation autant qu’avec les cadres. Un gamin qui montait avait droit au même respect qu’une star établie. Ça créait une atmosphère saine, où personne ne se sentait mis de côté. Et dans un sport collectif, c’est fondamental.
- Écoute active des états d’âme des joueurs
- Analyse vidéo pointue des adversaires
- Gestion des ego dans un vestiaire international
- Transmission de valeurs simples et humaines
- Pont entre les générations dans l’équipe
Ces petites choses, cumulées, ont permis au PSG de Blanc d’enchaîner les titres domestiques sans trop de drame interne. On se souvient des quadruplés, des saisons à plus de 90 points. Derrière les stats, il y avait cette stabilité humaine que Gasset aidait à maintenir.
Deux passages contrastés au PSG
Son premier passage, au début des années 2000, était bien différent. Le PSG n’avait pas encore les moyens qataris, luttait parfois pour le podium. Il était alors adjoint d’un autre entraîneur, dans une ambiance plus familiale, plus modeste. Déjà, il montrait les mêmes qualités : proximité, écoute, connaissance du jeu.
Mais c’est vraiment entre 2013 et 2016 que tout a explosé. Le club devenait une machine, attirait les meilleurs joueurs du monde. Et lui restait le même : voix rauque, accent inimitable, sourire facile. Il n’a jamais cherché la lumière, préférant travailler dans l’ombre pour que l’équipe brille.
D’après ce qu’on entendait dans les couloirs du Camp des Loges à l’époque, les joueurs l’adoraient. Pas parce qu’il était laxiste – il savait être ferme quand il le fallait. Mais parce qu’il était juste, humain. Dans un foot business de plus en plus froid, ça devenait rare.
Un héritage qui dépasse le PSG
Bien sûr, on parle beaucoup de son passage parisien aujourd’hui, parce que c’est là qu’il a côtoyé les plus grandes stars. Mais Jean-Louis Gasset a marqué bien d’autres clubs. Montpellier, Bordeaux, Saint-Étienne, Côte d’Ivoire même comme adjoint. Partout, il laissait la même empreinte : celle d’un homme de foot authentique.
Plus tard, il a pris des postes d’entraîneur principal. Avec des succès, des moments compliqués aussi. Mais toujours cette même philosophie : le collectif avant tout, l’humain au centre. Peut-être que l’aspect le plus touchant de son parcours, c’est cette constance. Il n’a jamais changé, même quand le foot autour de lui devenait fou.
Une encyclopédie du foot nous a quittés, un homme bon avant tout.
– Une figure du football français
Aujourd’hui, les hommages pleuvent de partout. Des anciens joueurs, des collègues, des jeunes qu’il a lancés. Tout le monde parle de sa gentillesse, de sa compétence discrète. Et c’est peut-être ça le plus beau : dans un milieu parfois impitoyable, il a su rester lui-même.
Pourquoi il nous manque déjà
On entend souvent dire que le foot moderne manque d’humanité. Trop d’argent, trop de pression, trop de réseaux sociaux. Eh bien, des gars comme Gasset étaient l’antidote parfait. Ils rappelaient que derrière les millions, il y a des hommes avec leurs doutes, leurs joies, leurs peines.
Je me demande parfois si on forme encore assez ce genre de profils. Ces adjoints qui connaissent le jeu, mais qui savent surtout parler aux joueurs. Parce que finalement, un vestiaire heureux, c’est souvent la clé des grands succès. Paris l’a vécu à cette époque. D’autres clubs aussi.
Au fond, ce qui rend ce départ si triste, c’est qu’on perd un bout d’âme du football français. Celui des accents du Sud, des voix rauques qui racontaient des anecdotes pendant des heures. Celui des hommes simples qui faisaient grandir les géants.
Repose en paix, Jean-Louis. Tu as marqué plus de cœurs que bien des entraîneurs en première ligne. Et dans le vestiaire là-haut, on t’attend sûrement avec le même sourire que tu offrais ici-bas.
Le football continue, bien sûr. Mais il continuera un peu moins chaleureux sans toi. Merci pour tout ce que tu as apporté, discrètement, mais si profondément.
