Imaginez-vous vous réveiller un matin et devoir baisser la tête pour ne pas vous cogner au plafond de votre chambre. Pas à 30 ans, pas à 20 ans… à 15 ans. C’est le quotidien de Jérémy Gohier, ce gamin de Laval qui, du haut de ses 2,29 mètres, regarde le monde comme depuis le dernier étage d’un immeuble.
Franchement, quand j’ai découvert son histoire, j’ai d’abord cru à une blague. 2,29 m à 15 ans ? C’est presque trente centimètres de plus que Victor Wembanyama au même âge. Et pourtant, c’est bien réel. Le jeune Québécois est officiellement l’adolescent le plus grand du monde encore en vie. Et il ne fait pas que être grand : il joue.
Un phénomène qui ne passe pas inaperçu
Quand tu mesures plus de deux mètres vingt à l’adolescence, impossible de faire profil bas. À l’école, dans le bus, au centre commercial, tout le monde se retourne. Jérémy raconte avec le sourire qu’on lui demande plusieurs fois par jour s’il joue au basket. Sa réponse ? « Oui… et plutôt pas mal. »
Ce qui frappe d’abord, c’est qu’il n’a rien d’un grand dadais maladroit. Là où certains géants traînent leurs longues jambes comme des poids morts, lui flotte sur le parquet. Dribble bas, changement de direction, tir extérieur soyeux : il a la coordination d’un meneur dans le corps d’un pivot des années 50. C’est cette combinaison qui rend les recruteurs NBA complètement fous.
« Dans mon corps, vous auriez le vertige. Tout est loin, tout est haut. Mais sur un terrain, je me sens… normal. »
Jérémy Gohier
Un quotidien complètement décalé
Le réveil sonne à 6 heures. Déjà, pour sortir du lit, c’est une expédition. Son matelas fait 2,20 m de long sur commande spéciale. Sa mère a dû faire fabriquer un cadre sur mesure par un menuisier du coin. Et encore, ses pieds dépassent.
Dans la salle de bain, le miroir est trop bas. Il doit s’accroupir pour se voir la figure. La douche ? Une pommeau rallongé par son père avec un tuyau de chantier. Et les vêtements… disons que les boutiques classiques, c’est même pas la peine. Tout vient de marques spécialisées aux États-Unis ou d’Europe, taille 7XL pour les t-shirts, pointure 54 pour les baskets.
À table, il mange pour quatre. Sept à huit mille calories par jour, parfois plus. Son petit-déjeuner type ? Six œufs, un litre de lait, des flocons d’avoine, des fruits, du pain complet… et un shake protéiné. Sa mère passe son temps à faire les courses. « On a abandonné les Caddies normaux, on prend directement les palettes au Costco », plaisante-t-elle.
- Portes de voiture trop basses → il voyage toujours à l’arrière, jambes en diagonale
- Avion ? Place couloir côté issue de secours, et encore il plie les genoux
- Cinéma ? Dernier rang ou rien, sinon il cache l’écran aux dix personnes derrière
- Photos de classe ? Toujours tout derrière, et même là, il dépasse le prof d’une tête
Un talent brut déjà surclassé
Sur le terrain, Jérémy évolue avec les moins de 19 ans du Canada alors qu’il n’a que 15 ans. L’été prochain, il devrait participer à la Coupe du monde U17 en Turquie. Autant dire que les projecteurs sont braqués sur lui depuis longtemps.
Ce qui impressionne les coachs, c’est sa mobilité. À cette taille, la plupart des joueurs ont des problèmes d’équilibre, de coordination. Lui non. Il court le parquet d’un bout à l’autre, défend sur les extérieurs, monte la balle après un rebond. On parle d’un gamin capable de planter un step-back à trois points après avoir croisé un adversaire.
Les comparaisons avec Wembanyama fusent, mais Jérémy a son propre style. Plus massif (135 kg environ), il domine dans la raquette tout en gardant cette fluidité effrayante. Certains scouts le voient déjà comme un futur top 5 de draft dans quatre ou cinq ans.
Les défis d’une croissance hors norme
Être un géant à l’adolescence, ce n’est pas que des avantages. Les médecins suivent Jérémy de très près. Sa croissance fulgurante a nécessité plusieurs examens pour écarter tout problème hormonal ou osseux. Pour l’instant, tout va bien, mais la vigilance reste totale.
Les douleurs de croissance ? Il connaît par cœur. Les genoux, le dos, les chevilles… tout travaille en permanence. Il passe des heures en récupération : cryothérapie, massages, ostéopathie plusieurs fois par semaine. Le sommeil est sacré, minimum dix heures par nuit.
Et psychologiquement ? Il avoue qu’il a parfois du mal avec le regard des autres. « Des fois, j’aimerais juste pouvoir marcher dans la rue sans que les gens me montrent du doigt. Mais bon… je sais que c’est le prix à payer. »
La NBA déjà à l’affût
Les franchises américaines suivent son évolution depuis deux ans. Des général managers ont fait le déplacement jusqu’à Laval pour le voir jouer en tournoi scolaire. On parle déjà de lui comme d’un potentiel franchise player.
Mais Jérémy reste concentré sur son développement. Il s’entraîne six jours sur sept, travaille son tir, sa défense, sa lecture du jeu. Son rêve ? « Jouer en NBA, bien sûr. Mais surtout durer. Je veux être le genre de joueur qu’on respecte vingt ans après sa retraite. »
En attendant, il continue sa vie d’ado. Il joue à NBA 2K jusqu’à pas d’heure (et choisit toujours les Spurs pour embêter ses potes), sort avec ses amis, révise ses examens de français et de maths où il cartonne, d’ailleurs. Parce que oui, derrière le géant, il y a un gamin brillant qui vise aussi l’université.
Et demain ?
Est-ce qu’il va encore grandir ? Les spécialistes pensent qu’il pourrait atteindre les 2,35 m, peut-être plus. Ce qui poserait de nouveaux défis logistiques… et sportifs. Car au-delà d’une certaine taille, le corps humain devient fragile.
Mais pour l’instant, Jérémy profite. Il sait qu’il vit quelque chose d’unique. « J’ai conscience que je ne serai jamais un gars normal. Mais franchement ? Je ne voudrais pas l’être. »
Alors la prochaine fois que vous croiserez un gamin qui touche le plafond du gymnase sans sauter, souriez-lui. Peut-être que vous venez de croiser la prochaine légende du basket mondial. Et il a à peine 15 ans.
Personnellement, ce qui me fascine le plus dans l’histoire de Jérémy, c’est cette capacité à rester simple et souriant malgré tout. Dans un monde où les jeunes talents se brûlent souvent les ailes trop vite, lui garde la tête froide. Et ça, plus que sa taille, c’est peut-être ça qui le mènera au sommet.
