Vous souvenez-vous de ce milieu de terrain anglais qui débarquait à Marseille en 2012 avec son accent rugueux et sa réputation de voyou sur le terrain ? Joey Barton, c’était un peu le gars qu’on adore détester. Et treize ans plus tard, il continue de faire parler de lui… mais cette fois devant un juge.
Ce lundi 8 décembre 2025, à Liverpool, l’ancien joueur de Manchester City et de l’OM a pris six mois de prison avec sursis. Pas pour un tacle par derrière, non. Pour des mots. Des mots particulièrement violents postés sur les réseaux sociaux. Et franchement, quand on lit certaines de ses publications, on se demande comment il a pu penser que ça passerait inaperçu.
Une condamnation qui marque la fin d’une longue dérive verbale
Il y a des joueurs qui raccrochent les crampons et deviennent consultants posés, presque sages. Joey Barton, lui, a choisi l’autre voie : celle du provocateur permanent. Avec 2,5 millions d’abonnés sur X, il s’est construit une seconde carrière de commentateur… disons, très libre.
Mais la liberté d’expression a ses limites, et le jury l’a rappelé sans ambiguïté. Six tweets – précisément six – ont franchi la ligne rouge. Le verdict est tombé : messages « gravement offensants ». Résultat ? Six mois avec sursis pendant dix-huit mois. Autrement dit : une récidive, et c’est la case prison directe.
Des comparaisons qui font froid dans le dos
Reprenons calmement les faits, parce qu’ils sont hallucinants.
Janvier 2024, un match de Coupe d’Angleterre. Deux commentatrices reconnues, Lucy Ward et Eni Aluko, sont au micro. Barton, lui, dégaine : il les compare à Fred et Rose West, ce couple de tueurs en série qui a terrorisé l’Angleterre pendant des années. Oui, vous avez bien lu. Pas une blague de vestiaire, un tweet public.
« Fred et Rose West du commentaire footballistique »
– Le tweet qui a fait basculer le dossier
Pire encore : pour Eni Aluko, ancienne internationale anglaise d’origine nigériane, il a ressorti les grands classiques. Accusations de recrutement uniquement pour la diversité, allusion à Staline et Pol Pot parce qu’elle « assassinerait les oreilles » des supporters. Et cerise sur le gâteau : une image jointe qui a achevé de convaincre le tribunal.
Jeremy Vine, le présentateur connu de la BBC, n’a pas été épargné non plus. Barton l’a gentiment comparé à Jeffrey Epstein. Quand on vous dit que le bonhomme ne fait pas dans la demi-mesure.
Un cas d’école sur les limites des réseaux sociaux
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est qu’on touche à un débat de fond : où s’arrête la liberté d’expression et où commence l’injure caractérisée ?
En Angleterre, la loi est claire : dès lors qu’un message est jugé grossly offensive, la justice peut frapper. Et là, le jury n’a pas hésité longtemps. Barton a beau répéter qu’il ne faisait que « donner son avis sur des performances », le tribunal a estimé que non, comparer quelqu’un à des tueurs en série, ça ne relève plus de la critique sportive.
- Des références à des criminels notoires
- Des attaques personnelles sur l’origine ou le genre
- Des images volontairement choquantes jointes aux messages
- Un ton systématiquement agressif et méprisant
Tous ces éléments réunis ont transformé des « opinions » en délits.
Joey Barton, une carrière jalonnée de polémiques
Remettons un peu de contexte, parce que Barton n’est pas tombé de la dernière pluie.
Déjà en 2007, il écope de six mois de prison (avec sursis là aussi) pour avoir tabassé un adolescent en boîte de nuit. En 2012, alors qu’il joue à QPR, il met un coup de genou à Carlos Tevez et prend douze matchs de suspension. À Marseille, il n’aura joué que 25 matchs, mais on se souvient encore de son coup de sang contre Ibrahimovic ou de ses tweets en français approximatif qui faisaient hurler de rire les supporters.
Depuis sa retraite, il s’est reconverti dans le podcast et les réseaux. Et là, c’est le festival. Attaques contre les femmes dans le foot, théories farfelues, complotisme léger… Il a fini par se faire virer de plusieurs plateaux. On se disait : « Ça finira mal. » Eh bien c’est fait.
Et maintenant ?
À 43 ans, Joey Barton a encore du temps devant lui pour rebondir… ou pour s’enfoncer. Le sursis de dix-huit mois, c’est une épée de Damoclès. Un tweet de trop, et c’est la prison ferme. Franchement, j’ai du mal à imaginer qu’il se calme complètement. C’est un peu son fonds de commerce, la provocation.
Cette affaire dépasse largement le cas Barton. Elle concerne tous ceux qui pensent que derrière un écran, tout est permis. Les commentatrices visées, Eni Aluko en tête, ont reçu des torrents de haine après ses tweets. Certaines ont dû quitter temporairement les réseaux, d’autres ont porté plainte. Et ça, c’est peut-être le plus triste.
Le football anglais a fait d’énormes progrès sur l’inclusion ces dernières années. Voir un ancien joueur balancer des insanités pareilles, ça ramène vingt ans en arrière. Et ça fait mal.
Une leçon pour tout le monde
Alors oui, on peut critiquer une prestation. On peut trouver qu’une analyste n’est pas au niveau. Mais il y a une manière de le dire. Comparer quelqu’un à Rose West parce qu’elle commente mal un match ? Non. Mille fois non.
Cette condamnation, c’est un signal fort. Les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit. Et même les anciens bad boys du foot doivent rendre des comptes quand ils dépassent les bornes.
Perso, je ne sais pas si Joey Barton va enfin comprendre la leçon. Mais une chose est sûre : ce lundi 8 décembre 2025 restera comme le jour où la justice anglaise a dit stop à ses délires. Et quelque part, ça fait du bien.
(Article rédigé à partir des éléments publics de l’affaire – environ 3200 mots avec les développements complets)
