Vous est-il déjà arrivé de lever les yeux vers le ciel de Marseille et de vous dire que quelque chose manquait ? Moi oui. Pendant dix longs mois, la silhouette dorée qui veille sur la ville depuis 150 ans avait disparu derrière des échafaudages. Et puis, un beau dimanche de décembre, elle est revenue. Plus belle que jamais. Et toute la ville s’est mise à pleurer de joie.
La Bonne Mère est de retour, et elle éblouit tout le monde
Imaginez : 11 mètres de haut, presque une tonne de bronze, et maintenant 30 000 feuilles d’or pur qui captent la lumière comme jamais. La statue de la Vierge à l’Enfant, perchée à 212 mètres au-dessus de la mer, n’avait pas connu une telle cure de jouvence depuis des décennies. Le résultat ? Une présence tellement éclatante qu’on la voit scintiller depuis le Vieux-Port, les terrasses des Catalans ou même les ferries qui quittent le port.
Franchement, quand on habite Marseille ou qu’on y passe souvent, on finit par ne plus vraiment la “voir”. Elle fait partie du décor, comme le mistral ou les sardines qui bouchent le port (selon la légende). Mais quand elle disparaît, puis qu’elle revient ainsi redorée… là, on mesure à quel point elle est essentielle.
Un chantier titanesque qui valait chaque centime
Les travaux ont démarré début février. Dix mois pendant lesquels les artisans ont tout passé au peigne fin : nettoyage en profondeur, consolidation de la structure, repose des feuilles d’or une à une. Coût total ? 2,8 millions d’euros. Une somme qui peut paraître énorme, mais quand on sait que 40 000 donateurs ont participé, on comprend que c’était l’affaire de tout un peuple.
Car oui, la Bonne Mère n’appartient pas qu’à l’Église. Elle est à tout le monde : aux croyants, aux athées, aux supporters de l’OM qui viennent y prier avant les gros matchs, aux touristes ébahis, aux vieux Marseillais qui racontent qu’elle les a protégés pendant la guerre… Elle transcende tout.
« La Bonne Mère, c’est Marseille. Point. Elle est dans notre ADN collectif depuis le XIIIe siècle.
Un historien local passionné
Le jour J : une ville entière en procession
Le programme du dimanche était digne d’une fête nationale. Messe solennelle à l’abbaye Saint-Victor dans l’après-midi, puis longue procession à pied jusqu’à la colline de la Garde. Des familles entières, des mamies avec leur canne, des jeunes en baskets, des touristes qui suivaient sans trop comprendre mais avec le sourire. Tout le monde voulait être là.
Une fois en haut, nouvelle bénédiction, puis… le clou du spectacle. Les lumières se sont éteintes. Et là, la basilique s’est embrasée sous des dizaines de projecteurs. Michael Canitrot, le DJ derrière le Monumental Tour (celui qui avait déjà fait vibrer la tour Eiffel ou le Mont-Saint-Michel), a pris les commandes.
Ce qu’il a proposé ? Une création originale mêlant beats électroniques et orchestre symphonique, avec une relecture moderne de l’Ave Maria chantée par une soprano marseillaise et une chorale d’enfants. Résultat : des frissons partout. Même les plus réfractaires à la musique électronique ont reconnu que c’était beau à pleurer.
J’ai vu des grands gaillards tatoués essuyer une larme. C’est ça, Marseille : on râle tout le temps, mais quand il s’agit de la Bonne Mère, on est tous unis.
Plus qu’une statue : un vrai symbole identitaire
On compare souvent la Bonne Mère à la tour Eiffel ou à la statue de la Liberté. Et c’est assez juste. Elle n’est pas seulement religieuse. Elle est devenue, au fil du temps, le repère visuel numéro 1 de la ville. Quand tu rentres en bateau ou en avion, c’est la première chose que tu cherches du regard. Quand tu es perdu dans Marseille, tu lèves la tête : si tu la vois, tu sais où est le nord.
Et puis il y a toutes ces petites histoires. Les ex-voto dans la basilique qui racontent des guérisons miraculeuses, des marins sauvés de la tempête, des joueurs de l’OM qui viennent y déposer un maillot après une victoire en coupe d’Europe… C’est un lieu où se mélangent foi, superstition, amour de la ville et fierté régionale.
- 2 millions de visiteurs par an (plus que n’importe quel autre monument à Marseille)
- Première chapelle construite au XIIIe siècle
- Statue installée en 1870, redorée plusieurs fois mais jamais aussi complètement
- Classement imminent aux Monuments historiques
Et maintenant ? Une Bonne Mère protégée pour les générations futures
Avec cette restauration terminée, la basilique va très vite être classée Monument historique. Ce qui veut dire une protection renforcée, des financements plus faciles pour l’entretien, et surtout la garantie qu’on ne touchera plus à l’âme du lieu.
Parce que oui, on peut moderniser le son et lumière, on peut organiser des événements grandioses, mais l’essentiel reste intact : cette statue qui veille sur la ville depuis 150 ans continuera de le faire pendant plusieurs siècles encore.
Personnellement, je trouve que cette rénovation arrive à un moment où Marseille en avait bien besoin. Entre les clichés négatifs qui collent encore à la ville et les défis du quotidien, revoir la Bonne Mère briller ainsi, c’est un rappel : oui, cette ville a une âme. Et elle est plus vivante que jamais.
Alors si vous passez par Marseille dans les prochaines semaines, montez-y. Même si vous n’êtes pas croyant. Montez-y le soir, quand la ville s’illumine en contrebas et que la statue semble flotter dans le ciel. Vous comprendrez pourquoi des milliers de personnes ont pleuré de joie ce dimanche-là.
Parce que parfois, une simple statue redorée suffit à rappeler qu’on appartient à quelque chose de plus grand que nous.
Et vous, avez-vous déjà vécu un moment où votre ville vous a donné des frissons d’émotion collective ? Racontez-moi en commentaire. Marseille nous a montré qu’on pouvait encore se rassembler autour de symboles simples et beaux. Et franchement… ça fait du bien.
