Vous avez sûrement eu la gorge serrée devant votre télé ces derniers jours. Ce loup immense, craint de tous, qui baisse peu à peu les yeux, comprend qu’on le fuit, et décide, presque en silence, de changer complètement son alimentation… Et puis cette scène finale où il arrive timidement au repas de Noël, une carotte à la main, accueilli par des applaudissements. Franchement, qui n’a pas versé une petite larme ? Moi la première.
Depuis sa diffusion début décembre, cette publicité fait un carton planétaire. Des dizaines de millions de vues, des partages en masse, des commentaires bouleversés dans toutes les langues. On dirait presque un court-métrage Pixar tombé dans la case pub de 20 heures. Et pourtant, c’est bien une grande surface française qui se cache derrière ce petit bijou.
Quand une pub devient un phénomène de société
Il y a les pubs qu’on zappe et celles qu’on attend avec impatience chaque année. Clairement, on vient d’entrer dans la seconde catégorie. Le message est simple mais diablement efficace : nous avons tous une raison de mieux manger. Et pour le faire passer, quoi de mieux qu’un grand méchant loup qui choisit les champignons plutôt que le petit lapin du coin ?
Ce qui frappe d’abord, c’est le style. Oubliez les rendus 3D lisses et froids. Ici, tout est peint, texturé, comme si on feuilletait un livre d’images ancien. Les poils du loup bougent avec une douceur presque palpable, la neige tombe en touches délicates, la lumière des guirlandes réchauffe les visages. On sent la patte humaine à chaque frame.
Six mois de travail et une équipe XXL
Derrière ce petit miracle, il y a un studio montpelliérain qui a mis le paquet. Habituellement, ils tournent avec une quinzaine de personnes. Pour ce projet ? Jusqu’à 70 artistes mobilisés pendant six mois. Storyboard, création des personnages, décors peints à la main, animation image par image, lumière, texture… Tout est fait artisanalement.
« On voulait retrouver l’émotion brute d’un conte pour enfants, celui qu’on lisait étant petits sous la couette avec une lampe torche. »
Un des coréalisateurs du film
Et ça marche. Parce que derrière le loup, on voit évidemment autre chose. La solitude, le rejet, le désir d’être accepté tel qu’on est – ou tel qu’on choisit de devenir. C’est universel. Un enfant de 5 ans comme un adulte de 50 ans peut se projeter.
Pourquoi cette pub touche autant
Soyons honnêtes : on a tous déjà pleuré devant une pub de Noël. Mais là, c’est différent. Le loup ne change pas pour plaire. Il change parce qu’il souffre d’être seul. C’est un choix intérieur, pas une injonction morale. Et quand les autres animaux finissent par l’accueillir, ce n’est pas parce qu’il est devenu « gentil » au sens naïf du terme. C’est parce qu’il a fait l’effort. Il a cueilli des légumes pendant des mois, seul dans son coin, avant même de savoir s’il serait accepté.
- La solitude palpable du personnage principal
- Une chanson culte en fond qui serre le cœur
- Des images magnifiques qui rappellent l’enfance
- Un message positif sans jamais être moralisateur
- Une fin joyeuse qui donne envie d’y croire
Résultat ? On ressort de ces 2 min 30 avec l’envie de faire mieux. Pas forcément de devenir végétarien demain matin, mais au moins de se poser la question. Et ça, c’est fort.
L’intelligence artificielle tenue à l’écart… et c’est tant mieux
Dans un monde où tout le monde parle d’IA générative pour créer des images en deux clics, le studio a fait un choix radical : zéro intelligence artificielle dans le processus créatif. Pas pour faire les hipsters anti-tech, mais parce qu’ils sont convaincus que l’émotion ne passe pas par une machine.
Et quand on voit le résultat, on ne peut que leur donner raison. Une IA aurait peut-être pondu un loup parfait techniquement… mais sans cette petite imperfection qui fait qu’on y croit. Cette légère maladresse dans le mouvement de la patte quand il pose sa carotte sur la table, ce regard un peu trop longtemps baissé… C’est ça, l’humain.
« Les machines ne remplaceront jamais la sensibilité d’un vrai artiste. On le croit dur comme fer. »
Et le public semble d’accord : les commentaires sous la vidéo sont remplis de « merci de ne pas avoir utilisé l’IA », « on sent l’âme », « enfin du vrai travail d’artiste ».
Un succès qui dépasse toutes les attentes
Le studio ne s’attendait pas à un tel raz-de-marée. Bien sûr, ils savaient que les campagnes de fin d’année pour cette enseigne faisaient toujours parler. Mais là ? C’est du jamais vu. Des articles dans la presse internationale, des réactions de stars, des mèmes, des parodies… Le loup est partout.
Preuve que quand on touche à l’universel, les frontières n’existent plus. Un Espagnol, un Brésilien, un Japonais peuvent être émus de la même façon sans comprendre un traître mot de français. L’animation a ce pouvoir magique.
Et après ?
Pour le studio, c’est Noël avant l’heure – c’est le cas de le dire. Les projets pleuvent, les demandes affluent. Ils travaillent déjà sur des courts-métrages plus personnels et rêvent même de long-métrage. Cette pub aura été leur plus belle carte de visite.
Quant à nous, simples spectateurs, on retiendra surtout une chose : oui, une publicité peut encore nous faire pleurer de bonheur en 2025. Et tant qu’il y aura des artistes pour refuser de déléguer leur âme à des algorithmes, on pourra continuer à y croire.
Alors la prochaine fois que vous croiserez un paquet de carottes au rayon légumes, pensez au loup. Et souriez. Il a réussi, lui. Peut-être qu’on peut tous essayer, à notre échelle.
Voilà. J’ai encore les yeux humides rien qu’en écrivant ces lignes. Si une pub de supermarché arrive à faire ça… imaginez ce qu’on pourrait faire si on mettait tous un peu plus de cœur dans ce qu’on crée.
