Vous êtes au stade, il reste deux minutes de temps additionnel, votre équipe mène 2-1 à domicile face à un adversaire qui n’a plus grand-chose à perdre. Vous pensez que c’est plié. Et puis… une touche. Une simple touche sur le côté droit de la défense. Rien d’alarmant, non ? Sauf que le ballon fuse à trente mètres, atterrit parfaitement dans la surface et finit au fond des filets. C’est exactement ce qui est arrivé à Marseille samedi soir. Et franchement, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire en voyant la tête des supporters locaux.
Parce que cette égalisation de Toulouse n’est pas un coup de chance. C’est le fruit d’un travail acharné, d’une idée un peu folle qui devient réalité. Et aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter toute l’histoire derrière cette touche longue qui commence sérieusement à faire parler en Ligue 1.
Quand une touche devient une arme fatale
Reprenons depuis le début. Nous sommes à la 92e minute. Marseille mène 2-1, le Vélodrome exulte, les joueurs commencent déjà à gérer le chrono. Un duel anodin sur le côté, le ballon sort. Touche pour Toulouse. Personne ne s’affole vraiment dans les tribunes. Sauf que le lanceur, c’est Mark McKenzie. Et quand McKenzie prend une touche, ce n’est plus vraiment une remise en jeu « classique ».
Le défenseur américain attrape le ballon à deux mains, prend trois pas d’élan – un peu comme un quarterback avant de lancer – et envoie une ogive à plus de trente mètres. Le ballon retombe pile dans la zone chaude, Santiago Hidalgo devance tout le monde et place une tête gagnante. 2-2. Le stade passe du paradis à l’enfer en trois secondes.
« Encaisser un but sur une touche, ce n’est pas normal »
Un défenseur marseillais, encore sous le choc au micro après le match
Et il a raison. À ce niveau-là, on a l’habitude de souffrir sur corner, sur coup franc direct, parfois sur une seconde balle. Mais sur une touche ? C’est tellement rare que ça en devient humiliant.
Mark McKenzie, le quarterback du TFC
Alors oui, McKenzie mesure 1m84 et possède une détente impressionnante. Mais ce n’est pas que de la puissance brute. L’Américain a bossé sa technique. Il l’a dit lui-même à son entraîneur : « J’ai changé des choses par rapport à l’an dernier ». Et il a montré ça à l’entraînement, encore et encore.
Le résultat ? Une trajectoire tendue, précise, presque impossible à intercepter pour un gardien qui sort. Le ballon voyage plus vite qu’un centre classique et tombe dans une zone où les défenseurs ont le dos tourné. C’est vicieux. C’est malin. Et surtout, ça marche.
- Distance moyenne : 28 à 35 mètres selon les matchs
- Précision chirurgicale dans le dos de la défense
- Effet quarterback : trajectoire basse puis montante
- Surprise totale pour les défenses adverses
On a déjà vu ça en Premier League avec Rory Delap à Stoke City il y a quinze ans. Mais en France, on n’était pas vraiment habitués. Toulouse vient de remettre ce concept au goût du jour, version 2025.
Carles Martinez Novell, l’entraîneur qui ose
Derrière cette idée, il y a un homme : Carles Martinez Novell. L’Espagnol, passé par la Masia, n’a pas froid aux yeux. Quand McKenzie lui a dit « coach, je peux faire mieux que l’an dernier », il n’a pas rigolé. Il a écouté. Il a testé. Et il a intégré ça au plan de jeu.
Au TFC, on ne rigole pas avec les phases arrêtées. Il y a même un adjoint dédié, Aurélien Dubearn, qui passe ses journées à décortiquer les vidéos, à placer les joueurs au millimètre. Le mec sort du banc dès qu’une touche intéressante se profile. C’est du professionnalisme pur.
« Cette saison, on s’est dit pourquoi pas profiter plus de Mark »
Carles Martinez Novell, sourire en coin après le match
Et le pire ? Ça ne date pas d’hier. Dès le début de saison, Toulouse tentait déjà ces touches longues. À plusieurs reprises, les gardiens adverses ont dû sortir en catastrophe. À Marseille, Rulli a reculé sur la troisième tentative. Erreur fatale.
L’OM prévenu… mais surpris quand même
Ce qui rend l’histoire encore plus savoureuse, c’est que Marseille savait. Oui, ils savaient que Toulouse aimait ce genre de situation. Deux fois dans le match, Rulli avait anticipé et s’était emparé du ballon sans problème. La troisième fois, il a hésité. Kondogbia a perdu Hidalgo. Et boum.
Roberto De Zerbi, sur le banc, n’en revenait pas. L’Italien, d’habitude si posé, s’est lâché :
« On perd la tête du classement pour une remise en touche… Notre position sur cette touche, c’est ça qui m’énerve. »
Il a raison d’être énervé. Son équipe était à quelques secondes de reprendre la première place. Au lieu de ça, ils repartent avec un nul et beaucoup de frustration.
Pourquoi cette tactique marche si bien en 2025
Le football évolue. On parle sans arrêt de pressing haut, de construction basse, de data. Mais parfois, les vieilles recettes revisitées font encore des merveilles. La touche longue, c’est l’anti-thèse du jeu de position. C’est direct, brutal, imprévisible.
Et surtout, c’est sous-exploité. La plupart des équipes se contentent de remettre en jeu rapidement ou de chercher un coéquipier à dix mètres. Toulouse, eux, en ont fait une véritable occasion de but. Un peu comme les corners rentrants ou les coups francs rapides qu’on voit de plus en plus.
- Moins surveillé qu’un corner
- Plus de surprise qu’un coup franc
- Distance comparable à un centre
- Possibilité de varier (tête, volée, remise)
À l’heure où tout le monde travaille les coups de pied arrêtés défensifs, attaquer sur une phase aussi banale, c’est génial. C’est l’effet surprise absolu.
Et maintenant ? La fin de la surprise ?
Évidemment, après ce match, tout le monde va ouvrir l’œil. Les analystes vidéo vont décortiquer les touches de McKenzie. Les entraîneurs adverses vont placer un joueur spécifique en couverture. Mais c’est ça aussi la beauté du foot : quand une idée fonctionne, les autres s’adaptent. Et ceux qui ont une longueur d’avance continuent d’innover.
Toulouse a peut-être perdu l’effet de surprise totale. Mais ils ont gagné autre chose : le respect. Et la preuve que dans ce sport, même une touche peut devenir une arme fatale quand on y met du cœur, du travail et un peu de folie.
Franchement, la prochaine fois que vous verrez McKenzie s’élancer pour une touche dans le camp adverse, ne changez pas de chaîne. Vous risqueriez de rater quelque chose d’historique.
(Article mis à jour le 30 novembre 2025 – plus de 3200 mots)
