Imaginez-vous un instant, en plein cœur de Paris, sous les illuminations de Noël, un verre à la main. Pas n’importe quel verre. Un cocktail qui porte le nom de la plus belle avenue du monde et qui, après un siècle d’oubli relatif, revient enfin sur le devant de la scène. Franchement, quand on m’a parlé du retour du Champs-Élysées, j’ai d’abord souri. Un cocktail oublié qui ressuscite pile pour son centenaire ? Ça sentait le coup marketing. Et puis j’ai goûté. Et là… j’ai compris pourquoi on en parlait déjà dans les années folles.
Le cocktail qui porte le nom de la plus belle avenue du monde
Il y a des noms qui claquent. Des noms qui évoquent immédiatement des images de luxe, de lumières, de soirées interminables. Les Champs-Élysées, c’est tout ça à la fois. Et pourtant, pendant des décennies, personne ou presque ne commandait plus « un Champs-Élysées » au bar. Trop vieux jeu ? Trop compliqué à réaliser ? Trop confidentiel ? Un peu des trois, sans doute. Mais voilà, 2025 marque le grand retour de ce classique oublié, et pas n’importe comment.
1925 : la naissance d’un mythe discret
Remontons le temps. Nous sommes en 1925, les Années Folles battent leur plein, Paris est la capitale mondiale de la fête. Dans les bars américains et britanniques, on commence à coucher sur papier les recettes qui feront les grandes heures de la mixologie. C’est dans un petit livre anglais que le cocktail apparaît pour la première fois : cognac, chartreuse verte, jus de citron, un trait de bitter et du sucre. Simple, élégant, puissant.
Cinq ans plus tard, en 1930, le légendaire Harry Craddock l’inclut dans son Savoy Cocktail Book, la bible absolue des barmen de l’époque. À partir de là, le Champs-Élysées devient un classique… mais un classique de connaisseurs. Jamais il n’a atteint la notoriété planétaire d’un Martini ou d’un Old Fashioned. Trop français, peut-être. Trop herbacé. Trop… particulier.
« Un apéritif acidulé, très frais, avec un petit kick » – c’est ainsi qu’un mixologue d’aujourd’hui le décrit encore, et je trouve que c’est parfait.
Pourquoi il avait disparu des cartes
Plusieurs raisons, en réalité. D’abord, la chartreuse. Cette liqueur fabriquée par des moines depuis le XVIIIe siècle est un produit rare, souvent en rupture de stock – les Américains se l’arrachent depuis quelques années. Ensuite, le cognac a longtemps souffert d’une image un peu vieillotte, celle du digestif de grand-père. Enfin, les goûts ont évolué : on a voulu des cocktails plus sucrés, plus colorés, plus instagrammables.
Résultat ? Le Champs-Élysées a peu à peu disparu des radars. On le trouvait encore dans quelques bars pointus, mais il fallait le demander expressément. Et encore, pas sûr que le barman sache le faire correctement.
2025 : la renaissance en trois versions
Et puis arrive le centenaire. L’occasion rêvée de remettre les pendules à l’heure. Une grande maison de cognac française a pris les choses en main et a décidé non seulement de ressusciter la recette originale, mais de la décliner en deux versions modernes. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut plus se contenter d’une seule recette, aussi parfaite soit-elle.
Ainsi sont nés trois Champs-Élysées pour trois générations :
- Le Classique 1925 : fidèle à la recette originelle, avec cognac, chartreuse verte, citron et bitter. Pour les puristes et ceux qui aiment quand ça tape un peu.
- Le Champs-Élysées 2.0 : plus fruité, avec de l’abricot et du verjus (jus de raisin vert), chartreuse jaune à la place de la verte. Plus doux, plus accessible, étonnamment rafraîchissant.
- Le Mocktail : sans alcool, avec infusion de thym, miel et ginger beer. Parce que oui, en 2025, on a aussi le droit de trinquer sans alcool sur la plus belle avenue du monde.
J’ai goûté les trois. Le classique reste mon préféré – il a ce côté brut, presque medicinal, qui rappelle les grands apéritifs d’antan. Mais je dois avouer que la version 2.0 m’a scotché. L’abricot et le verjus apportent une rondeur inattendue, et la chartreuse jaune adoucit l’ensemble. Quant au mocktail… honnêtement, c’est l’un des meilleurs sans alcool que j’ai bus cette année. Le thym rappelle subtilement la chartreuse, le gingembre donne du peps. Bluffant.
Où le boire à Paris dès maintenant ?
La bonne nouvelle, c’est que vous n’aurez pas à courir partout. Dès les fêtes de fin d’année, les trois versions seront servies dans quatorze adresses prestigieuses du quartier Champs-Élysées et alentours. Hôtels de luxe, brasseries mythiques, restaurants étoilés… l’avenue se met au diapason.
On parle d’endroits où l’on vient autant pour l’ambiance que pour le verre. Des lieux où commander un Champs-Élysées va redevenir un geste chic, presque une déclaration d’amour à Paris.
Pourquoi ce retour tombe à pic
Il y a un côté symbolique évident. L’avenue des Champs-Élysées a connu des années compliquées : manifestations, travaux, concurrence des quartiers plus « cool ». Ce cocktail, c’est une manière de redire que oui, cette avenue reste la plus belle du monde. Qu’on peut encore y vivre des moments uniques.
Et puis il y a la tendance plus globale : le retour des classiques. Partout dans le monde, les barmen redécouvrent les recettes d’avant-guerre, les remettent au goût du jour. Le Champs-Élysées s’inscrit pile dans ce mouvement. Avec en plus cette touche bien française : on ne ressuscite pas seulement un cocktail, on célèbre une certaine idée du luxe à la française.
« Commander un Champs-Élysées pouvait redevenir à la mode à condition que l’expérience ne se retrouve nulle part ailleurs » – parole de ceux qui ont porté le projet.
Ils ont raison. Ce n’est pas juste un verre. C’est un morceau d’histoire qu’on se passe de main en main, sous les lumières de Noël, avec vue sur l’Arc de Triomphe. Difficile de faire plus parisien.
Et demain ?
Le cocktail va-t-il redevenir un incontournable ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : il a déjà gagné la bataille de l’élégance. Dans quelques semaines, quand vous marcherez sur l’avenue illuminée, vous pourrez entrer dans l’un de ces bars, commander « un Champs-Élysées » – classique, revisité ou sans alcool – et vous sentir, l’espace d’un instant, comme un héros des Années Folles version 2025.
Personnellement, j’ai déjà prévu d’en faire mon apéritif de Noël. Et quelque chose me dit que je ne serai pas le seul.
Alors, prêt à trinquer à la plus belle avenue du monde ? Le cocktail Champs-Élysées n’attend plus que vous.
