Vous savez ce qui est pire qu’une défaite ? C’est d’enchaîner les matches sans jamais gagner, de voir la zone rouge se rapprocher doucement mais sûrement, et de savoir que le prochain adversaire est exactement dans la même galère que vous. C’est précisément ce qui attend Le Havre et le Paris FC ce dimanche à 17h15 au Stade Océane. Un duel de mal-classés, un vrai match de la peur comme on les déteste mais qu’on ne peut pas louper.
Quand deux promus récents jouent leur survie dès décembre
Parce que oui, on n’est qu’à la 15e journée et pourtant tout sent déjà la poudre dans le bas du tableau. Le Havre, 14e avec 14 points, reste sur deux défaites consécutives. Le Paris FC, 13e avec 15 points, n’a pris qu’un seul petit point lors des cinq derniers matches. Autrement dit, les deux équipes flirtent dangereusement avec la ligne de flottaison et aucune ne peut se permettre de perdre aujourd’hui.
Ce qui rend ce match encore plus particulier, c’est qu’on parle de deux clubs qui ont goûté à la Ligue 1 très récemment. Le Havre est remonté en 2023 et lutte depuis pour s’y maintenir durablement. Le Paris FC, lui, découvre l’élite cette saison et découvre aussi à quel point le moindre faux pas se paye cash. Résultat : une pression énorme dès le mois de décembre, chose qu’on voyait rarement il y a encore quelques années.
Le Havre, l’expérience qui ne suffit plus
À domicile, les Ciel et Marine ont pourtant l’habitude de se transcender. Le Stade Océane, même quand il n’est pas plein à craquer, sait pousser. Mais là, franchement, ça sent le roussi. L’équipe de Didier Digard (ou de celui qui sera encore sur le banc dimanche, on ne sait jamais avec les clubs en crise) n’y arrive plus. Les dernières sorties font mal : défaite à Brest, défaite contre Lens à la maison… Le public commence à gronder et les joueurs à douter.
Ce qui frappe, c’est l’absence totale de réalisme. Le Havre crée des occasions, parfois beaucoup, mais ne marque presque jamais. On se souvient encore de ce match contre Strasbourg où ils avaient touché trois poteaux en première mi-temps avant de perdre 1-0. C’est cruel, presque comique si ça ne condamnait pas tout un club.
« On a tout sauf le résultat. On joue, on domine parfois, mais on ne gagne pas. C’est usant mentalement. »
Un joueur havrais, la semaine dernière dans le vestiaire
Et quand tu joues un concurrent direct, tu sais que chaque point perdu est un point qui peut te condamner en mai.
Paris FC : le promu qui apprend dans la douleur
De l’autre côté, le Paris FC vit sa première saison dans l’élite et, disons-le franchement, ça secoue. Le début de saison avait pourtant été plutôt encourageant : des nuls héroïques contre des victoires surprises. Mais depuis octobre, c’est la descente aux enfers. Un seul petit point pris contre Auxerre le week-end dernier à Charléty, et encore, c’était in extremis.
Stéphane Gilli, l’entraîneur, répète pourtant que son groupe progresse. Il a raison sur le plan du jeu : le PFC essaye de jouer, de poser le ballon, de construire. Mais en Ligue 1, si tu ne mets pas tes occasions, tu meurs. Point final.
Le onze annoncé fait rêver sur le papier : Trapp dans les buts (expérience internationale), une défense solide avec Mbow et Otavio, un milieu Lopez-Marchetti-Camara qui sait garder le ballon, et devant le trio Simon-Krasso-Kebbal capable de faire mal à n’importe qui. Sauf que depuis quelques semaines, ce trio ne marque plus. Kebbal reste le plus dangereux, mais il est souvent esseulé.
Les clés tactiques d’un match ultra fermé
Attendez-vous à un match haché, avec peu d’occasions franches. Les deux équipes vont d’abord penser à ne pas perdre. On risque de voir beaucoup de duels au milieu, beaucoup de ballons longs, et des gardiens qui vont passer une soirée tranquille… ou pas.
- Le milieu de terrain : la bataille Camara-Lopez contre le duo havrais (probablement Touré-Kechta) sera déterminante. Celui qui gagne cette zone gagne probablement le match.
- Les coups de pied arrêtés : avec si peu d’occasions créées dans le jeu, corners et coups francs seront cruciaux. Le Havre est plutôt fort là-dessus à domicile.
- La gestion des nerfs : première carton rouge ou penalty stupide peut tout faire basculer. On a vu trop de matches de bas de tableau se jouer là-dessus.
Personnellement, j’ai un faible pour les matches comme ça. Pas les plus beaux techniquement, mais les plus intenses émotionnellement. Celui qui marquera en premier aura probablement gagné. Parce que derrière, l’adversaire n’aura plus le choix et devra se découvrir.
Et si le match nul arrangeait tout le monde ?
C’est la grande question. Un point chacun, ça fait reculer personne et ça permet de respirer un peu avant les fêtes. Sauf que dans six mois, ce point perdu contre un concurrent direct peut coûter très cher. Je me souviens de saisons où des équipes se sont maintenues à la différence de buts grâce à une victoire arrachée contre un rival direct. Le nul de peur tuer à petit feu.
Mais humainement, on comprend les joueurs. Quand tu n’as plus gagné depuis deux mois, tu te dis qu’un point c’est déjà pas si mal. Le problème, c’est que l’adversaire pense exactement la même chose.
Mon prono (et je l’assume)
Allez, je me lance : 1-1. But de Krasso pour Paris sur une erreur défensive havraise, égalisation de Le Havre sur corner en fin de match. Tout le monde repart frustré mais avec un point. Le scénario le plus probable, même si j’espère secrètement une victoire havraise pour le spectacle.
Ou alors, surprise totale : Kebbal sort un coup de génie et le Paris FC gagne 1-0 à l’extérieur, premier succès depuis septembre. Ça ferait du bien à tout un club.
Quoi qu’il arrive, ce match sent la sueur, la tension et le football populaire comme on l’aime. Celui des tribunes à moitié vides, des supporters qui hurlent sur chaque ballon perdu, des joueurs qui laissent les tripes sur le terrain parce qu’ils savent que leur saison se joue peut-être là.
Alors oui, ce n’est pas PSG-Bayern en Ligue des champions. Mais c’est du foot vrai. Et parfois, c’est exactement ça qu’on a besoin de voir.
Rendez-vous à 17h15. Je serai devant mon écran, comme beaucoup d’entre vous. Et quelque chose me dit qu’on va vivre 90 minutes intenses.
