Franchement, qui avait coché Lens en tête de la Ligue 1 le 1er décembre ? Moi le premier, je n’y aurais pas misé le moindre euro. L’été dernier, le club nordiste ressemblait à tout sauf à un prétendant au titre : changement de cap brutal, effectif bouleversé, supporters méfiants… Et pourtant, quatorze journées plus tard, les Sang et Or trônent là-haut. C’est le genre d’histoire qui fait aimer le foot.
Lens leader : quand le rêve devient réalité
Ce lundi matin, le classement fait un drôle d’effet. Lens devant tout le monde. Dix victoires en quatorze matchs, une solidité défensive impressionnante et une attaque qui sait être clinique quand il le faut. Le tout sous la direction d’un entraîneur, Pierre Sage, arrivé dans l’urgence et qui joue aujourd’hui les magiciens.
Je me souviens encore des réactions après le mercato. « Encore un été chaotique », disaient les commentateurs. Des départs importants, des recrues pas forcément clinquantes sur le papier, et un propriétaire qui, une fois de plus, avait tout remis en question. On parlait reconstruction, patience, objectifs modestes. Et là, bam. Les voilà premiers.
Pierre Sage, l’homme qui a tout changé
Parlons-en de Pierre Sage. L’ancien adjoint, propulsé numéro un dans l’urgence, a réussi là où beaucoup auraient coulé. Son mérite ? Avoir imposé une identité claire, du caractère, et surtout une gestion humaine qui transpire dans chaque interview des joueurs. On sent une équipe qui joue pour son coach, et ça, ça ne s’achète pas.
« En début de saison, on ne s’imaginait pas du tout dans cette position. Vraiment pas. »
Un joueur lensois, sincère, après la dernière victoire
Et il dit ça après avoir battu Angers grâce à un penalty annulé par le VAR et un arrêt décisif en toute fin de match. Le genre de scénario qui, d’habitude, fait basculer les points du mauvais côté pour les « petits ». Là, non. Lens arrache, Lens gagne, Lens avance.
Un recrutement malin qui paye cash
Beaucoup regardaient les arrivées avec scepticisme. Et puis il y a eu ce déclic : les joueurs recrutés collent parfaitement au projet. Des profils travailleurs, humbles, mais avec une vraie qualité technique. Ajoutez à ça des cadres qui ont élevé leur niveau – je pense notamment à un certain Florian Thauvin, complètement métamorphosé – et vous obtenez un collectif qui fait peur.
- Brice Samba, mur infranchissable
- Une défense qui prend très peu de buts
- Un milieu combatif et intelligent
- Des attaquants qui sentent le bon coup
Le résultat ? Lens est l’équipe qui court le plus, qui récupère le plus haut, qui presse avec une intensité rare en Ligue 1. Et quand tu ajoutes de la qualité technique à cette débauche d’énergie, tu deviens dangereux pour tout le monde.
Le PSG dans le rétroviseur… et ça tremble
À l’heure où Paris enchaîne les contre-performances en championnat – deux défaites déjà, du jamais-vu à ce stade ces dernières années –, la porte est grande ouverte. Les joueurs de Luis Enrique brillent en Ligue des Champions, c’est vrai, mais en Ligue 1, c’est une autre histoire. Blessures, préparation tronquée, concurrence moins écrasante qu’attendu… Tout joue en faveur des poursuivants.
Et parmi ces poursuivants, Lens fait figure d’épouvantail. Parce que contrairement à certains cadors qui se cherchent encore, les Nordistes, eux, ont trouvé leur rythme de croisière. Le calendrier qui arrive ? Nantes dehors, Nice à domicile. Deux matchs largement à leur portée. S’ils passent ce petit écueil, la trêve risque d’être très joyeuse à Bollaert.
Un air de 2004-2005… mais en mieux ?
Les plus anciens se souviennent : il y a vingt ans, Lens avait déjà été leader pendant… une petite semaine. Carrière, Diarra, Hilton, toute une génération dorée qui avait créé la surprise avant de rendre les armes. Aujourd’hui, l’équipe a l’air plus mature, plus solide. Et surtout, elle n’a pas l’air impressionnée par son nouveau statut.
J’ai l’impression qu’on assiste à quelque chose de rare : un club qui n’a rien à perdre, qui joue libéré, et qui en profite pour embêter tout le monde. Un peu comme Monaco il y a quelques années, ou Lille champion en 2021. Ces équipes qui sortent de nulle part et qui, pendant quelques mois, font vaciller l’ordre établi.
Pourquoi cette saison est différente
La Ligue 1 version 2025-2026 est bizarre. Tout le monde semble à sa place… sauf les deux qui occupent les extrémités du classement. Le PSG, habituel rouleau compresseur, patine. Lens, censé lutter pour le ventre mou, domine. Entre les deux, un trou, puis tout le reste du peloton qui se tient en quelques points.
C’est ça qui rend l’histoire passionnante. Parce que pour une fois, le suspense n’est pas seulement dans la lutte pour le titre (même si ça commence à sentir bon), mais aussi dans cette capacité d’un « petit » à tenir tête longtemps. Très longtemps ? C’est la question que tout le monde se pose.
Et maintenant, jusqu’où ?
Tenir jusqu’à la trêve serait déjà énorme. Tenir jusqu’en février-mars, historique. Remporter le titre ? Là, on entre dans la science-fiction… mais plus tellement. Car si Lens continue à gagner les matchs « à sa portée » et à grappiller des points contre les gros, tout devient possible.
Ce qui est sûr, c’est que le foot français a besoin de ça. Besoin d’une équipe qui vienne chatouiller les cadors, qui redonne du piment à un championnat souvent critiqué pour son manque de suspense. Lens, en ce moment, c’est le sel dont la Ligue 1 avait cruellement besoin.
Alors oui, on peut toujours dire que c’est tôt, que ça ne tiendra pas, que le PSG va se réveiller. Peut-être. Mais en attendant, les Sang et Or sont là. Leaders. Et ils comptent bien y rester le plus longtemps possible.
Et nous, on va suivre ça de très près. Parce que franchement, c’est trop beau pour ne pas en profiter.
