Vous vous souvenez de cet été 2024 où la France entière vibrait au rythme des longueurs de Léon Marchand ? Quatre médailles d’or à la maison, un record du monde pulvérisé, des larmes, des hurlements… Et puis, rideau. On s’est tous dit : « Bon, il va prendre six mois de vacances, non ? » Eh bien non. À peine le temps de souffler que le phénomène toulousain est déjà de retour dans le grand bain. Et pas pour faire trempette.
Cette semaine, pendant que la majorité de l’équipe de France dispute les Championnats d’Europe en petit bassin quelque part en Pologne, Léon, lui, a choisi de remettre directement les deux pieds – et les deux bras – dans le 50 mètres. Direction Austin, Texas, sa deuxième maison depuis un an et demi, pour l’US Open. Chez lui, dans sa piscine quotidienne, avec son coach légendaire Bob Bowman sur le bord du bassin. Franchement, ça sent la reprise sérieuse.
Un orteil – déjà – dans Los Angeles 2028
Oui, vous avez bien lu. Alors que beaucoup d’athlètes post-JO se contentent de lever le pied, Marchand et son entourage pensent déjà à 2028. Pas demain, pas après-demain, mais dès maintenant. Parce que les Jeux olympiques, ça ne se prépare pas la dernière année. Ça se construit brique par brique, longueur par longueur, dès la saison suivante.
Et cette saison 2025-2026 s’annonce comme un laboratoire grandeur nature. L’objectif ? Tester, explorer, empiler des courses, repousser les limites. En clair : voir jusqu’où le corps et la tête de Léon peuvent aller quand on leur demande plus que ce qu’on leur a déjà demandé.
Un programme qui donne le vertige
Pour sa rentrée, il ne fait pas dans la demi-mesure. Cinq courses en trois jours :
- 400 m nage libre (une grande première à haut niveau pour lui)
- 100 m brasse
- 100 m dos
- 100 m papillon
- 200 m papillon (sa spécialité royale)
Cinq épreuves, quatre nages différentes. Autant dire qu’on est loin du simple échauffement. C’est presque un mini-décathlon de la natation. Et pourtant, à écouter ceux qui le côtoient, ce n’est qu’un hors-d’œuvre.
« Cette année, on met un orteil dans Los Angeles 2028. »
Un proche de l’entourage toulousain du nageur
Cette phrase résume tout. On ne parle plus seulement de défendre les titres de Paris. On parle d’en ajouter. Peut-être beaucoup. Le 400 m nage libre ? Très sérieusement dans le viseur. Et pourquoi pas d’autres surprises d’ici là ?
Pourquoi 2026 est l’année parfaite pour tout casser
Regardez le calendrier. Les Championnats d’Europe 2026 auront lieu… à Paris. Oui, encore. Au Centre aquatique olympique de Saint-Denis, du 10 au 16 août. Autrement dit : à domicile, dans une piscine qu’il connaît par cœur, devant un public qui le porte déjà dans son cœur.
Et surtout, une compétition où la densité est – disons-le franchement – un cran en-dessous des Mondiaux ou des JO sur certaines épreuves. L’occasion rêvée d’expérimenter des programmes chargés, de tester des combinaisons de courses, de prendre des repères sans la pression maximale. Un peu comme un grand entraînement en conditions réelles, mais avec des médailles au bout.
Parce que oui, à Los Angeles, le programme natation a été dévoilé il y a peu. Et miracle : il laisse une fenêtre exceptionnelle. La natation se déroulera lors de la deuxième semaine des Jeux. Résultat ? Un athlète comme Marchand pourrait théoriquement remettre en jeu ses quatre titres (400 4N, 200 4N, 200 brasse, 200 papillon) et ajouter le 400 nage libre sans aucun doublon de finales le même jour.
Cinq finales olympiques. Cinq chances de médaille d’or. Ça commence à faire beaucoup, non ? Mais c’est précisément ce genre de scénario qui excite Bowman et toute l’équipe.
Bob Bowman, l’architecte du futur
On oublie parfois que derrière le phénomène Marchand, il y a un coach qui a déjà construit la légende Michael Phelps. Bob Bowman, ce n’est pas n’importe qui. Et lui, il voit loin. Très loin.
Le calendrier 2028 ? Il l’a déjà épluché dans les moindres détails. Les horaires des séries, des demies, des finales. Les temps de récupération. Les éventuels triplés dans la même session. Tout. Parce que quand on vise cinq finales olympiques, chaque minute compte.
« Si à un moment donné il faut tripler dans la même journée, la dose de travail ne sera pas la même. »
Traduction : on augmente le volume, on muscle le moteur, on habitue le corps à encaisser plus. Beaucoup plus.
Le corps parfait… et la tête qui suit
Ce qui impressionne peut-être le plus, c’est que Marchand semble fait pour ça. À 22 ans (bientôt 23), il a déjà un physique taillé pour exploser dans l’eau sur quasiment toutes les distances et toutes les nages. Des épaules larges, un dos puissant, des jambes fuselées, une amplitude hors norme. Mais surtout une capacité de récupération qui laisse les observateurs pantois.
Et puis il y a la tête. Cette capacité à rester concentré quand la fatigue monte, à sourire devant les caméras même après cinq courses en trois jours. À 22 ans, il a déjà la maturité d’un vieux briscard.
Les prochaines étapes avant l’été 2026
Janvier sera déjà chargé. Direction la Californie pour un stage avec toute l’équipe de France. Une semaine dans la banlieue de Los Angeles – ironique, non ? – pour travailler dans des conditions proches de ce qui les attendra en 2028.
Puis retour à Austin pour le Tyr Pro Swim Series mi-janvier. Encore du gros niveau, encore des courses, encore des données à analyser.
Et ainsi de suite jusqu’aux Europe à Paris à l’été 2026. Puis les Mondiaux 2027 à Budapest. Chaque compétition sera une pierre supplémentaire dans l’édifice Los Angeles.
Et nous, on regarde ça comment ?
Personnellement, j’ai du mal à réaliser. On a vécu quelque chose d’historique à Paris 2024. Quatre titres olympiques pour un Français en natation, personne ne l’avait fait avant. Et pourtant, j’ai la sensation qu’on n’a encore rien vu.
Parce que Marchand n’a pas l’air rassasié. Loin de là. Il a goûté à la gloire absolue et, plutôt que de se reposer dessus, il semble vouloir l’amplifier. C’est rare. Très rare.
Alors oui, on peut se dire qu’il risque le burn-out, que vouloir tout faire est dangereux, que cinq finales olympiques c’est peut-être trop. Mais franchement ? Quand on voit comment il gère tout ça à même pas 23 ans, on a plutôt envie de croire que c’est possible.
Los Angeles 2028, c’est dans trois ans et demi. Trois ans et demi, c’est à la fois une éternité et un claquement de doigts dans une carrière de nageur de haut niveau.
Mais une chose est sûre : Léon Marchand a déjà un orteil dans cette piscine californienne. Et quelque chose me dit qu’en 2028, il y sera bien plus que ça.
En attendant, rendez-vous cette semaine à Austin. La saison est lancée. Et elle promet d’être folle.
(Article mis à jour après les performances de l’US Open – à suivre…)
