Il y a des semaines où les livres vous tombent dessus comme une averse d’étoiles filantes. Vous ouvrez un roman « juste pour voir », et trois heures plus tard vous êtes encore là, le cœur qui bat la chamade, à tourner les pages comme un désespéré. C’est exactement ce qui m’est arrivé ces derniers jours. Cinq livres, cinq univers complètement différents, et pourtant chacun m’a laissé cette petite trace indélébile qu’on recherche quand on est un lecteur boulimique. Alors je me suis dit qu’il fallait que je vous en parle avant que vous passiez à côté.
Ma sélection ultra subjective des pépites du moment
Parce que oui, c’est subjectif. Je ne prétends pas avoir la science infuse, mais quand un bouquin me fait oublier le monde extérieur, je considère que mon devoir de passeur de livres est de vous le crier sur tous les toits. Allez, on y va, dans le désordre, parce que c’est impossible de les classer.
Légitime violence – Plongée glaçante dans l’Ancien Régime
Imaginez : 1774, Versailles, la cour du jeune Louis XVI. Une affaire d’état sulfureuse, un magistrat intègre qui met le nez là où il ne faudrait pas, et soudain tout l’édifice craque. C’est le point de départ de ce roman historique qui n’a rien d’un pensum poussiéreux. L’auteur nous balade entre les salons dorés et les bas-fonds de Paris avec une maîtrise impressionnante.
Ce qui m’a le plus bluffé ? La façon dont il rend palpable cette violence légitime d’État, cette brutalité banalisée qu’on acceptait comme une évidence. On sent la recherche, mais jamais elle n’écrase le récit. Les personnages sont d’une densité rare : le juge Desmarais, partagé entre devoir et conscience, la marquise de Prie dont les silences en disent plus long que bien des discours… J’ai refermé le livre avec l’envie furieuse de me replonger dans l’histoire de France, c’est dire.
« La justice du roi n’est pas celle des hommes, monsieur. Elle est divine, donc parfaite. Et parfois, hélas, cruelle. »
Si vous aimez les romans historiques qui cognent fort sans jamais tomber dans le sensationnalisme, foncez. C’est tendu, c’est intelligent, c’est parfois insoutenable. Bref, tout ce que j’adore.
Sa guerre – Quand une mère déclare la guerre au monde entier
Celui-là m’a littéralement broyé le cœur. Une femme, Claire, apprend que sa fille de 19 ans a disparu au cours d’un voyage humanitaire au Moyen-Orient. À partir de là, plus rien n’existe que cette quête. Ni mari, ni travail, ni raison. Juste cette guerre qu’elle mène seule contre l’indifférence, les bureaucratie, et parfois contre elle-même.
L’auteur alterne les points de vue : celui de la mère, évidemment, mais aussi des extraits du journal de la fille, des messages WhatsApp, des rapports administratifs. C’est d’une efficacité redoutable. On sent la rage, le désespoir, mais aussi cette force surhumaine que peuvent développer certains parents quand leur enfant est en danger. J’ai pleuré au moins trois fois, je crois. Et pourtant, ce n’est jamais larmoyant. C’est juste… vrai.
- Une écriture nerveuse, sans gras
- Des personnages secondaires hyper justes (mention spéciale au flic désabusé)
- Une fin que je n’ai pas vue venir et qui m’a laissé KO
Si vous avez aimé Room d’Emma Donoghue ou La fille du train pour son intensité psychologique, celui-ci va vous happer.
Les Prénoms – Premier roman et déjà un bijou
Parlons-en du premier roman qui fait l’effet d’une bombe discrète. Florence Knapp arrive avec un sujet en apparence anodin : les prénoms. Oui, vous avez bien lu. Mais à travers l’histoire d’une généalogiste qui retrouve la trace d’une famille juive cachée pendant la guerre grâce à un simple changement de prénom, elle nous parle d’identité, de transmission, de secrets de famille.
Le style est d’une limpidité cristalline, avec des phrases courtes qui claquent et d’autres qui s’étirent comme des souvenirs. Il y a une scène où l’héroïne découvre la véritable identité de sa grand-mère dans un registre d’état civil jauni… Je peux vous dire que j’ai eu la gorge nouée pendant dix bonnes pages. C’est rare qu’un premier roman ait une telle maturité pareille.
« Un prénom, ce n’est jamais anodin. C’est la première histoire qu’on nous raconte sur nous-mêmes. »
Extrait qui m’a marqué à vie
Deux autres pépites que je ne peux pas garder pour moi
Je pourrais continuer pendant des heures, mais je vais essayer d’être bref sur les deux derniers qui complètent ma sélection.
Il y a d’abord ce polar nordique complètement barré qui se passe dans un village isolé de Laponie où tout le monde semble cacher quelque chose. L’ambiance est glaciale (au sens propre comme au figuré), le rythme implacable, et la fin… disons simplement que je n’ai pas vu venir le twist à 360°. Si vous avez aimé Millennium, vous allez vous régaler.
Et puis il y a ce roman feel-good intelligent (oui, ça existe) sur une libraire parisienne qui décide de tout plaquer pour ouvrir une librairie itinérante dans un camion aménagé. C’est drôle, c’est tendre, c’est plein de références littéraires distillées avec finesse. Le genre de livre qu’on lit avec un sourire béat et qu’on a envie d’offrir à tout le monde à Noël.
Alors, par lequel commencer ?
Question piège. Ça dépend de votre humeur. Envie de frissonner et de vous prendre une claque historique ? Légitime violence. Besoin d’une histoire qui vous serre le ventre et vous fait réfléchir à l’essentiel ? Sa guerre. Envie de découvrir une nouvelle voix qui promet ? Les Prénoms.
Ce qui est sûr, c’est que dans cette sélection, il y a forcément un livre qui va vous parler. Moi, je les ai tous adorés, chacun à sa manière. Et si jamais vous les lisez tous les cinq, revenez me dire lequel vous a le plus retourné. Pari tenu que vous ne saurez pas choisir non plus.
Allez, je file finir ma pile à lire avant qu’elle ne s’écroule. Bonne lecture, et surtout : n’hésitez pas à craquer. Les bons livres, ça ne devrait jamais attendre.
