Imaginez-vous arriver chaque matin au boulot, motivé, prêt à donner le meilleur, et pourtant relégué dans un coin, à répéter des gestes sans vrai enjeu, pendant que vos collègues brillent sous les projecteurs. C’est un peu le quotidien de certains joueurs à l’Olympique de Marseille ces derniers mois. Ces gars qu’on appelle les « Lofteurs », ceux qu’on pousse doucement vers la sortie sans jamais vraiment fermer la porte derrière eux.
Je me souviens encore de l’été dernier, quand le club a bougé dans tous les sens sur le mercato. Arrivées en pagaille, nouveaux profils pour coller à la vision du coach. Et puis, inévitablement, certains ont été priés de faire leurs valises. Sauf que tout le monde n’a pas voulu partir. Contrats solides, attaches avec la ville, ou simplement l’envie de prouver qu’on mérite sa place : les raisons varient.
Les « Lofteurs » : une réalité persistante à Marseille
Ce terme de « Lofteurs » colle parfaitement à la situation. Comme dans une émission de télé-réalité, ils sont là, observés, mais sans vrai rôle dans l’histoire principale. Écartés de la liste européenne, souvent absents du groupe pour les matchs de championnat, ils oscillent entre espoir fugace et résignation.
Et pourtant, le football reste imprévisible. Une blessure par-ci, une compétition africaine par-là, et soudain, on a besoin de tout le monde. C’est exactement ce qui s’est passé récemment en Coupe de France.
Neal Maupay : le retour inattendu mais symbolique
Prenez Neal Maupay. L’attaquant anglais, arrivé avec pas mal d’attentes, s’est retrouvé quatrième choix dans la hiérarchie offensive. Des mois sans titularisation, quelques minutes par-ci par-là, et puis boom : face à une équipe de division inférieure, il démarre enfin.
Soixante-deux fois plus de minutes de jeu d’un coup, ça fait bizarre quand on calcule. Le coach a expliqué que les efforts à l’entraînement payaient. Mais soyons honnêtes, l’absence de cadres partis à la CAN ou en récupération a aussi joué. Maupay a montré de l’envie, pressé, couru, même s’il n’a pas marqué.
C’est déjà ça. Parce que l’an dernier, il était presque considéré comme un protégé. Cette saison, tout a basculé avec les renforts. Il a campé sur son contrat, refusé certaines pistes, et s’est retrouvé dans cette zone grise. Quatrième choix derrière des stars et même un jeune prometteur.
Parfois, dans le foot, la patience est la seule arme qui reste.
J’ai trouvé intéressant de voir comment il a saisi sa chance, même minime. Pas de bouderie visible, juste du professionnalisme. Mais pour combien de temps ? Le retour des absents va vite remettre les choses en place.
Ulisses Garcia et Pol Lirola : latéraux en standby permanent
Du côté des arrières latéraux, la situation n’est pas plus rose. Ulisses Garcia, l’international suisse, avait pourtant été réintégré dans la liste européenne après une grosse blessure dans le secteur. On pensait que ça allait changer quelque chose.
En réalité, pas vraiment. Il reste un joueur d’entraînement, appelé quand il faut boucher un trou. Son implication reste exemplaire, personne ne dit le contraire. Mais concrètement, il tourne en rond.
Pol Lirola vit à peu près la même chose. Quelques dépannages ici et là quand les titulaires manquent, mais globalement, c’est le vide. Récemment, les deux ont même été envoyés en urgence rejoindre l’équipe réserve pour un match amical à l’étranger.
Taxi payé par le club, voyage express, et puis jouer (ou pas) avec les jeunes. C’est symptomatique d’une gestion où on garde tout le monde sous le coude, mais sans leur offrir de vraie perspective.
- Échauffement avec les pros le matin
- Direction la réserve l’après-midi
- Rôle de dépannage occasionnel
- Aucune garantie pour l’avenir
On sent une forme d’humiliation contenue dans ces allers-retours. Pourtant, les deux restent pros. Mais jusqu’à quand ?
Ruben Blanco : l’isolement le plus marqué
Et puis il y a Ruben Blanco, le gardien espagnol. Sa situation frise parfois l’absurde. Longue blessure au pied, retour progressif, et dès qu’il retrouve la forme… on l’écarte complètement.
Entraînements à des horaires différents, presque jamais croisé avec le groupe principal. Même pour un match de réserve, on l’emmène… pour le laisser en tribune. Malgré des douleurs résiduelles, on lui aurait fortement conseillé de faire le déplacement.
C’est le plus isolé des quatre. Pas de perspective claire, pas d’intégration. Juste l’attente d’un hypothétique départ.
Le poste de gardien est particulier : il n’y a qu’une place, et la doublure joue rarement. Mais là, on dépasse le simple statut de remplaçant. C’est presque une mise à l’écart totale.
Pourquoi garder ces joueurs dans cette position ?
La question mérite d’être posée. Pourquoi ne pas les laisser partir l’été dernier s’ils ne rentraient plus dans les plans ? Contrats longs, salaires conséquents, valeur marchande encore correcte : tout semblait réunis pour des transferts.
Mais dans le foot moderne, les clubs préfèrent souvent garder une profondeur d’effectif, au cas où. Blessures en cascade, suspensions, fatigue : on a vu cette saison que ça arrive vite. Et puis, financièrement, vendre à perte ou résilier n’est pas toujours intéressant.
Résultat : des joueurs bloqués, des tensions internes, et une ambiance qui peut vite devenir pesante. D’un côté, le club assure une certaine sécurité, de l’autre, les joueurs perdent du temps précieux dans leur carrière.
L’aspect humain n’est pas négligeable. À 28, 29 ou 30 ans, ce sont des joueurs dans la force de l’âge. Rester sur le banc ou pire, s’entraîner à part, ça use moralement.
Le mercato hivernal : vrai tournant ou simple espoir ?
Maintenant, tout le monde regarde vers janvier. Le mercato d’hiver ouvre bientôt ses portes. Traditionnellement, c’est une période plus calme, mais parfois propice aux ajustements.
Pour ces « Lofteurs », c’est peut-être la dernière chance de trouver un point de chute avant l’été. Des clubs en manque de profondeur, des championnats moins exposés, ou même des retours dans leurs pays d’origine.
Mais rien n’est garanti. Les clubs acheteurs savent que Marseille veut s’en séparer, donc les négociations peuvent traîner. Et du côté des joueurs, certains préféreront peut-être attendre juin pour avoir plus de choix.
- Ouverture officielle du mercato le 1er janvier
- Recherche active de solutions pour les indésirables
- Pression sur les salaires et les indemnités
- Risque de rester jusqu’à la fin de saison
D’après ce qu’on entend dans les couloirs, l’objectif reste de trouver des portes de sortie. Mais sans folie dépensière, le club priorise d’autres secteurs.
Ce que ça dit de la gestion sportive actuelle
Plus largement, cette situation interroge sur la gestion d’effectif dans les gros clubs. Entre ambition européenne et contraintes financières, trouver le bon équilibre n’est pas simple.
L’OM version actuelle veut jouer sur tous les tableaux : Ligue 1, coupes nationales, Europe. Ça demande de la profondeur. Mais quand cette profondeur devient un poids mort, ça pose problème.
J’ai l’impression qu’on assiste à une forme de transition. Le coach impose sa patte, les dirigeants ajustent le recrutement. Les joueurs qui ne collent plus au projet trinquent.
C’est le lot de beaucoup de clubs ambitieux. Mais à Marseille, avec la passion du public et la pression constante, ça prend une dimension particulière.
Et les jeunes dans tout ça ?
Un point intéressant : même pour des matchs à sens unique, on a préféré un « Lofteur » expérimenté à un jeune du centre. Ça montre la méfiance envers les minots dans certains contextes.
Pourtant, l’académie marseillaise regorge de talents. Faire monter les jeunes pourrait libérer des places, motiver tout le monde. Mais le très haut niveau demande aussi de l’expérience.
C’est tout le dilemme. Entre formation et résultats immédiats, le choix n’est jamais facile.
Conclusion : une situation qui peut encore évoluer
Six mois après l’été mouvementé, les « Lofteurs » sont toujours là. Quelques rayons de soleil, beaucoup de grisaille. Le football réserve parfois des surprises : une blessure longue, un carton rouge stupide, et soudain on redevient indispensable.
Mais globalement, l’horizon reste bouché. Janvier sera décisif. Soit des départs qui arrangent tout le monde, soit six mois supplémentaires dans cette drôle de bulle.
En attendant, ces joueurs continuent de s’entraîner, de garder la forme, de croire que leur tour viendra. C’est peut-être ça, le plus dur dans le foot pro : rester prêt quand personne ne compte vraiment sur vous.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Ces situations sont-elles inévitables dans les gros clubs, ou signe d’une mauvaise gestion ? Le débat reste ouvert.
