Vous souvenez-vous de ce frisson collectif en 2015 quand la frégate L’Hermione a traversé l’Atlantique pour la première fois depuis sa reconstruction ? Des centaines de milliers de personnes sur les quais, des millions devant leurs écrans… On croyait le rêve éternel. Et pourtant, dix ans après, ce même bateau, ce symbole vivant de l’amitié franco-américaine, risque de ne plus jamais revoir la mer. Franchement, ça fait mal au cœur.
Un appel au secours qui ne passe pas inaperçu
Cette semaine, l’association qui porte le projet depuis les années 90 a franchi un cap qu’elle n’aurait jamais imaginé : publier une annonce officielle pour « recherche de repreneurs ou d’investisseurs ». Le mot est lâché. On ne parle plus seulement de mécénat ou de subventions, on parle de survie pure et dure.
Le chiffre donne le vertige : il manque 5 millions d’euros pour terminer la grande restauration entamée il y a plusieurs années. Et parmi ces cinq millions, 1,5 million doivent arriver quasiment demain matin pour que les chantiers ne s’arrêtent pas net. Parce que oui, la coque est à moitié refaite, 50 % des travaux sont déjà payés… mais sans cash frais, tout s’arrête.
« Après 5 millions d’euros investis et la moitié de la coque restaurée, L’Hermione espère aujourd’hui revoir la mer. »
Communiqué officiel de l’association
Un redressement judiciaire qui change tout
Revenons un instant en arrière. Septembre dernier, le tribunal de commerce a placé l’association en redressement judiciaire. Ce n’est pas une liquidation, c’est une période d’observation, mais le message est clair : trouvez de l’argent ou on ferme boutique. La date butoir pour déposer des offres de reprise ? Le 5 janvier prochain. Après, il sera trop tard.
J’ai relu plusieurs fois l’annonce des administrateurs judiciaires. Le ton est glacial, presque administratif, et pourtant on sent la panique derrière chaque ligne. C’est un bateau qui a coûté des dizaines de millions publics et privés depuis trente ans, qui a fait rêver des générations entières, et qui se retrouve à chercher un sauveur comme une start-up en difficulté. C’est violent.
Pourquoi en est-on arrivé là ?
La question brûle les lèvres. Comment un projet aussi fédérateur, aussi « bankable » sur le papier, peut-il se retrouver au bord du gouffre ?
D’abord, il y a la crise sanitaire qui a annulé des années de navigation et donc de recettes (billetterie, événements, partenariats). Ensuite, l’inflation galopante sur les matériaux – le bois, les cordages, les métaux – a fait exploser les devis. Et enfin, soyons honnêtes, une gestion qui, avec le recul, manquait peut-être de prudence financière sur le long terme.
Mais accuser ne sert à rien aujourd’hui. Ce qui compte, c’est que la frégate est là, à quai, magnifique même dans son état de chantier, et qu’elle attend qu’on lui donne une seconde vie.
Un rêve toujours vivant : les JO 2028 à Los Angeles
Parmi les arguments massue brandis par l’association, il y en a un qui fait tilt : imaginez L’Hermione qui refait la traversée en 2028, à l’occasion des Jeux olympiques de Los Angeles, pile 250 ans après le vrai voyage de La Fayette. Un symbole fort, une opération médiatique mondiale, un retour sur investissement potentiel énorme.
La directrice générale l’a dit elle-même récemment : « Même si l’avenir est sombre aujourd’hui, on se projette tous sur une navigation. » On sent la détermination, mais aussi la fatigue. Ils y croient encore. Et franchement, comment leur en vouloir ?
- Une nouvelle transatlantique en 2028
- Un événement lié aux JO de Los Angeles
- Un symbole vivant 250 ans après La Fayette
- Des retombées touristiques et médiatiques colossales
Que peut-on faire, nous, simples citoyens ?
Beaucoup se disent : « C’est un projet d’État, les collectivités vont bien finir par payer. » Sauf que les caisses publiques sont vides, ou du moins prioritaires ailleurs. Le modèle historique – subventions + dons du public – montre ses limites.
Du coup, plusieurs pistes émergent :
- Un grand mécène privé ou un pool d’entreprises (le naming du bateau ? pourquoi pas…)
- Une fondation internationale franco-américaine dédiée
- Une reprise par une collectivité ou un groupement de collectivités
- Un modèle plus touristique à l’année (musée flottant + sorties courtes)
- Une campagne de crowdfunding géant (même si 5 millions, c’est ambitieux)
Personnellement, l’idée d’un mécène ou d’un consortium d’entreprises me semble la plus réaliste. Il y a des fortunes en France et aux États-Unis qui adorent ce genre de projets prestigieux. Resterait à les convaincre que ce n’est pas un puits sans fond.
Et si on la perdait ?
Je pose la question brutalement : que se passerait-il si personne ne se manifestait d’ici mars 2026 ?
Le scénario noir, ce serait la liquidation. Le bateau vendu à la découpe ou, pire, laissé à l’abandon jusqu’à ce qu’il devienne irrécupérable. On a vu des navires historiques finir comme ça en Europe. L’idée même me donne des frissons.
Parce que L’Hermione, ce n’est pas qu’un bateau. C’est :
- Un morceau d’histoire vivante
- Un exploit technique (reconstruit à l’identique !)
- Un outil pédagogique incroyable pour les jeunes
- Un ambassadeur de la France à l’international
- Un moteur touristique pour toute une région
La perdre serait une faute collective.
L’espoir est permis… mais mince
Pourtant, je reste persuadé qu’on peut s’en sortir. Déjà, l’annonce a fait le tour des réseaux et des médias. Les Américains, très attachés à La Fayette, commencent à en parler. Des élus locaux se mobilisent. Des entreprises regardent le dossier.
Il reste moins d’un mois pour déposer une offre sérieuse. Un mois, c’est court. Très court. Mais dans l’histoire maritime, on a vu des miracles se produire à la dernière minute.
Alors oui, l’avenir est sombre. Mais tant que le bateau flotte, tant que des femmes et des hommes y croient dur comme fer, il reste de l’espoir. Et personnellement, je refuse d’imaginer un monde où L’Hermione ne navigue plus.
Si vous avez un carnet d’adresses, un peu d’influence ou simplement l’envie de partager cette histoire, faites-le. Parce que parfois, un bateau peut tenir grâce à une simple vague… d’émotion collective.
Et vous, pensez-vous que L’Hermione refera un jour l’Atlantique ? Ou sommes-nous en train de vivre les derniers chapitres d’une formidable aventure commencée il y a trente ans ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment envie de savoir ce que vous en pensez.
