Imaginez : vous venez de tout donner sur les skis et au tir, vous terminez à une frustrante quatrième place, à quelques secondes du podium. Normalement, on vous félicite pour la performance. Mais en 2025, certains préfèrent vous souhaiter la mort. C’est exactement ce qui est arrivé à Lou Jeanmonnot cette semaine à Ostersund. Et sa réponse ? Un modèle du genre.
Quand la quatrième place vaut des menaces de mort
La scène se passe mardi, lors de l’individuel 15 km, première grande épreuve féminine de la saison de Coupe du monde de biathlon. Lou Jeanmonnot, 27 ans, leader naturel des Bleues en l’absence de certaines coéquipières, réalise une course solide. Elle rate le podium pour très peu. La fameuse place de « bois » comme on dit parfois, celle qui fait mal au cœur.
Pendant que les supporters applaudissent sa régularité, un individu, manifestement parieur, explose. Il lui envoie un message privé d’une violence rare : des vœux de mort pour elle et sa famille. Le genre de texte qui vous glace le sang. On a tous déjà vu des commentaires désagréables sur les réseaux, mais là, on passe dans une autre dimension.
La réponse qui a fait le tour du web
Beaucoup d’athlètes choisiraient le silence ou le signalement pur et simple. Lou, elle, opte pour la classe absolue. Elle publie une story Instagram intitulée « Pour ta santé financière et ma santé mentale ». Le ton est donné.
« Friendly reminder : moins de 3 % des parieurs sont gagnants à long terme. Entre 78 et 85 % perdent de l’argent chaque année. Les seuls qui s’enrichissent vraiment, ce sont les sites de paris. »
Lou Jeanmonnot, en substance, avec captures d’études à l’appui
En une phrase et quelques statistiques sourcées, elle retourne complètement la situation. L’agresseur devient la victime de son propre vice. Et nous, on applaudit debout.
Les paris sportifs, ce fléau qui gangrène le sport
Ce n’est malheureusement pas un cas isolé. Le biathlon, sport pourtant réputé calme et respectueux, n’échappe plus à la vague. Footballeurs, tennismen, basketteurs, cyclistes… presque toutes les disciplines sont touchées. Mais quand ça atteint le sport d’hiver, on se dit que plus rien n’est épargné.
Le problème ? L’accessibilité folle des paris en ligne. Quelques clics, une carte bancaire, et vous pouvez miser sur le nombre de fautes au tir d’une athlète à 15 h un mardi après-midi en Suède. Résultat : des gens jouent de l’argent qu’ils n’ont pas sur des scénarios qu’ils ne maîtrisent pas.
- Ils misent sur une victoire alors qu’un vent à 2 km/h peut tout changer
- Ils s’en prennent à l’athlète quand leur pronostic foire
- Ils oublient que derrière le dossard, il y a un être humain
Lou Jeanmonnot n’en est pas à son coup d’essai. Déjà l’hiver dernier, après une autre quatrième place, elle avait reçu des messages similaires. À l’époque, elle avait simplement publié les captures sans commentaire. Cette fois, elle a décidé d’éduquer.
Pourquoi cette réponse est un modèle à suivre
Franchement, j’ai rarement vu une réplique aussi parfaite. Elle coche toutes les cases :
- Elle reste calme et factuelle – jamais d’insulte en retour
- Elle expose l’agresseur à sa propre bêtise
- Elle informe des milliers de followers sur les réalités des paris
- Elle protège sa santé mentale en posant une limite claire
C’est ce qu’on appelle transformer une agression en acte militant. Et ça marche : sa story a été repartagée des centaines de fois, les commentaires soutiennent massivement la biathlète. Même des parieurs ont reconnu s’être sentis visés… et peut-être ont réfléchi.
Le biathlon, sport de précision… y compris dans la communication
On connaissait Lou Jeanmonnot pour sa régularité au tir (elle fait partie des meilleures mondiales) et sa glisse élégante. On découvre maintenant une communicante hors pair. À 27 ans, elle assume pleinement son rôle de leader des Bleues et n’hésite pas à prendre la parole sur les sujets qui dérangent.
Et ça tombe bien : en cette saison olympique qui mène à Milan-Cortina 2026, les projecteurs sont braqués sur le biathlon français. Entre performances XXL et absences parfois commentées, l’équipe de France a besoin de voix fortes. Lou en fait clairement partie.
Que faire contre cette haine 2.0 ?
La question dépasse le seul cas de Lou Jeanmonnot. Comment protéger les athlètes de cette violence gratuite ? Quelques pistes sérieuses circulent déjà :
- Renforcer les signalements et les poursuites (oui, menace de mort = délit)
- Mieux réguler la publicité pour les paris sportifs
- Éduquer dès le plus jeune âge sur les risques d’addiction
- Encourager les athlètes à parler (et à répondre quand ils le souhaitent)
Certains pays commencent à bouger. On voit des campagnes de prévention, des restrictions publicitaires pendant les compétitions, des messages d’alerte plus visibles sur les sites de paris. Mais on est encore loin du compte.
Et nous, supporters, on fait quoi ?
On arrête de considérer les athlètes comme des machines à pronostics. On se souvient qu’une course, c’est 90 % de travail invisible et 10 % de résultat visible. On félicite les belles performances au lieu de lyncher les « presque ».
Et surtout, on partage des réactions comme celle de Lou. Parce que plus on met en lumière ces dérives, plus on pousse les plateformes et les autorités à agir.
Personnellement, je trouve que cette histoire résume assez bien l’époque : un sport magnifique, des athlètes inspirants, et une minorité toxique qui pourrit tout. Heureusement, des personnes comme Lou Jeanmonnot existent pour rappeler qu’on peut répondre à la haine par l’intelligence. Et ça, ça redonne foi en l’humanité – même à –15 °C sur un stade de biathlon suédois.
Bravo Lou. Et rendez-vous sur les prochaines courses : on parie (sans argent) que tu vas encore nous régaler.
