Vous est-il déjà arrivé de regarder votre sapin coupé en train de perdre ses aiguilles fin décembre et de vous dire que, quand même, c’était un peu triste ? Moi oui. Chaque année, la même rituelle culpabilité : on craque pour l’odeur, la tradition, la magie… et trois semaines plus tard, on traîne un cadavre végétal sur le trottoir.
Cette année, quelque chose a changé. J’ai découvert qu’on pouvait louer un sapin vivant, avec sa motte, ses racines intactes, et qu’après les fêtes il repartait tranquillement grandir dans un champ. Et là, je me suis dit : mais pourquoi on n’en parle pas plus ?
Le sapin de Noël version 2025 : il a un prénom et une deuxième vie
Imaginez la scène. Vous choisissez votre arbre sur place, dans une ancienne ferme reconvertie. Il fait entre 80 cm et 2 mètres, il sent la résine et la terre humide. Vous le ramenez chez vous, vous le décorez, les enfants lui trouvent un petit nom (une cliente l’a baptisé Bob, si, si). Et le 7 janvier, au lieu de le jeter, vous le rapportez. Il est replanté. L’année suivante, il a grandi de 30 à 50 cm et vous pouvez… le relouer si vous voulez.
Incroyable, non ? Pourtant, ça existe depuis quelques années et ça explose. On passe d’une logique de consommation à une logique de relation avec un arbre. C’est presque émouvant.
D’où vient cette idée (un peu folle) ?
À l’origine, il y a souvent des agriculteurs qui ne voulaient pas voir leurs terres familiales partir dans l’agriculture intensive. Plutôt que de vendre à un gros céréalier, ils ont décidé de planter des sapins. Mais pas n’importe quels sapins : des Nordmann, Epicéa ou Pungens bio, cultivés sans pesticides, avec des moutons qui tondent naturellement entre les rangs (oui, les moutons, c’est la star cachée de l’opération).
Puis un jour, quelqu’un a eu l’idée : et si on ne les coupait pas ? Si on les louait avec leur motte ? Le concept est né. Aujourd’hui, des fermes dans toute la France proposent ce service, de la Normandie à la Provence en passant par l’Alsace et les Pays de la Loire.
« Au début, les gens venaient surtout par curiosité. Maintenant, ils reviennent pour le même arbre. Certains pleurent quand on leur dit qu’il a été adopté définitivement par une autre famille. »
– Un producteur qui préfère rester discret
Concrètement, comment ça marche ?
C’est plus simple qu’on ne le pense. Voici le déroulé classique :
- Vous réservez en ligne ou vous passez directement à la ferme (souvent dès novembre).
- Vous choisissez votre sapin parmi des centaines (ou des milliers) d’arbres en motte.
- Vous payez la location : entre 35 € et 90 € selon la taille (parfois moins cher qu’un coupé de grande surface).
- Vous le ramenez chez vous (certaines fermes livrent dans un rayon de 50-100 km).
- Vous le gardez maximum 3 semaines (c’est la règle pour qu’il survive).
- Vous le rapportez (ou on vient le chercher).
- Il est replanté, soigné, et il repart pour un tour… ou pour la vie chez quelqu’un qui l’adopte définitivement.
Et oui, l’adoption existe. Quand un arbre devient trop grand pour être loué facilement (au-delà de 2,50 m environ), il est proposé à l’adoption. Pour quelques centaines d’euros, vous pouvez le faire planter dans votre jardin. Et là, c’est le happy end absolu.
Mais… est-ce vraiment plus écologique ?
On va être honnête : la question mérite d’être posée. Louer un sapin, c’est faire 200 km en voiture parfois, c’est de l’essence, c’est du transport… Alors, bilan carbone ?
Plusieurs études (et le bon sens) répondent oui, largement. Un sapin coupé met 8 à 12 ans à pousser. S’il est jeté ou broyé après un mois d’utilisation, son empreinte carbone est désastreuse. Un sapin en motte loué peut vivre 20, 30, parfois 50 ans. Il absorbe du CO2 chaque année. Et surtout, il ne finit jamais en déchet.
Petit calcul rapide qui fait mal :
- 6 millions de sapins vendus chaque année en France.
- La plupart finissent incinérés ou en décharge.
- Ça représente environ 60 000 tonnes de déchets végétaux… pour un mois d’utilisation.
À côté, un sapin loué 5 ou 6 fois avant d’être adopté a une empreinte ridicule. Et quand il est planté définitivement, il continue à séquestrer du carbone pendant des décennies.
Et les sapins artificiels dans tout ça ?
Ah, la grande question. Le sapin en plastique made in China, réutilisable 10 ans, c’est pas mieux ?
En réalité… non. Une étude de 2018 (confirmée depuis) montre qu’il faut utiliser un sapin artificiel au moins 20 ans pour qu’il devienne plus écologique qu’un sapin naturel coupé. Et encore, seulement si vous l’avez acheté localement (ce qui est rarissime). La plupart sont en PVC pétrochimique, fabriqués à l’autre bout du monde, et finissent en décharge non recyclable après 6-8 ans.
Le sapin vivant loué les bat à plates coutures dès la deuxième année.
Les vrais avantages (ceux qu’on ne vous dit pas toujours)
- Il sent DIVINEMENT bon (pas comme le artificiel qui sent le plastique chaud).
- Il perd très peu d’aiguilles si on le soigne bien (eau dans la motte tous les 2 jours).
- Les enfants adorent l’idée qu’il « retourne à la maison » après Noël.
- Vous soutenez des agriculteurs locaux, souvent en bio ou en conversion.
- Vous participez à reboiser la France (chaque arbre adopté = un terrain préservé).
Les (petits) inconvénients, soyons transparents
Tout n’est pas rose non plus :
- Il faut le réserver tôt (dès octobre pour les belles tailles).
- Il est plus cher à l’achat qu’un coupé de supermarché (mais souvent comparable à un beau coupé de pépinière).
- Il ne faut pas le mettre trop près d’un radiateur (sinon il souffre).
- Il est plus lourd (la motte, ça pèse).
- Disponibilité géographique limitée (mais de plus en plus de fermes se lancent).
Mais franchement ? Quand on voit le sourire des enfants en apprenant que « leur » sapin va continuer à vivre… ça vaut largement quelques efforts.
Et demain ?
La tendance est claire : la location de sapins vivants explose. Certaines fermes sont déjà complètes pour 2025 dès le mois de septembre. Des mairies commencent à louer des sapins géants pour leurs places (replantes ensuite dans des parcs). Des entreprises adoptent le concept pour leurs bureaux.
On va même plus loin : des formules d’abonnement sur plusieurs années voient le jour. Vous louez le même arbre pendant 5 ans, puis vous l’adoptez. C’est comme avoir un chat, mais en version résineux.
Personnellement, je trouve ça magnifique. On redonne du sens à une tradition qui en avait un peu perdu. On passe du « consommer » au « prendre soin ». Et quelque part, c’est ça l’esprit de Noël, non ?
Cette année, j’ai réservé le mien. Il s’appellera René (parce qu’il renaît chaque année, vous l’avez ?). Et vous, vous tentez l’aventure ?
Si l’idée vous séduit, cherchez « location sapin vivant » suivi de votre région. Vous allez voir : il y a probablement une ferme pas si loin qui n’attend que vous. Et qui sait… peut-être que Bob, René ou Josiane deviendra le nouveau membre de votre famille pour les Noëls à venir.
