Qui n’a jamais rêvé de voir un match de tennis où l’on rit autant qu’on admire le jeu ? C’est exactement ce que Mansour Bahrami, cet artiste de la raquette, offre depuis des décennies. À 69 ans, ce maestro des exhibitions continue de captiver les foules avec son humour, ses coups improbables et une passion débordante pour le tennis spectacle. Dans cet article, je vous emmène dans l’univers unique de Bahrami, où les anecdotes croustillantes côtoient les légendes du sport, avec un rêve en tête : voir un jour Roger Federer rejoindre son « Bureau des Légendes ».
L’Homme Qui Transforme le Tennis en Spectacle
Si le tennis est souvent synonyme de sérieux et de compétition acharnée, Mansour Bahrami en a fait une fête. Créateur du Trophée des Légendes en 1997, il a redéfini ce que signifie divertir sur un court. À Roland-Garros, où ce tournoi parallèle met en lumière les anciennes gloires, Bahrami reste le chef d’orchestre incontesté. Mais comment fait-il, à près de 70 ans, pour garder cette énergie ?
La réponse est à la fois simple et touchante : il s’entraîne. Pas sur des courts flambant neufs, mais contre un mur, qu’il appelle affectueusement son « vieux pote ». Quatre à cinq fois par semaine, il répète ses gammes comme à ses débuts en Iran. Les jeunes joueurs du centre d’entraînement le taquinent, disant que ce mur, surnommé « Bahrami », finira par s’écrouler sous ses assauts. Mais pour lui, c’est une histoire d’amour : « J’ai appris en jouant au mur, et je finirai ma vie avec lui. »
J’ai appris en jouant au mur, et je finirai ma vie avec lui.
– Mansour Bahrami
Un « Bureau des Légendes » Pas Comme les Autres
Quand on demande à Bahrami de composer son panthéon des légendes, il hésite. Non pas par manque d’idées, mais parce que son cœur balance. John McEnroe, Björn Borg, Rod Laver, Rafael Nadal, Roger Federer… tous sont des monuments. Pourtant, il avoue une tendresse particulière pour Borg, dont le calme légendaire contraste avec son propre style flamboyant. « Choisir, c’est comme me demander quel est mon plat préféré dans un buffet à volonté ! », plaisante-t-il.
J’ai toujours trouvé fascinant ce mélange d’admiration et de complicité qu’il entretient avec ces géants. Lors d’une exhibition à Téhéran en 1976, il bat Rod Laver, alors qu’il n’a que 19 ans. Des années plus tard, à Hurlingham, il joue à nouveau avec lui, mais cette fois, il « sabote » le match avec ses facéties. Laver, loin de s’agacer, lui lance : « Mansour, c’était un régal. Ne change rien. » Une anecdote qui résume tout : pour Bahrami, le bonheur du public passe avant la victoire.
- Rod Laver : Une légende humble qui a inspiré Bahrami dès ses débuts.
- Björn Borg : Le calme suédois, une idole dans le cœur de Bahrami.
- John McEnroe : Le compétiteur ingérable, mais une aura unique.
Ilie Nastase, le Roi de l’Imprévisible
Parler de Bahrami sans évoquer Ilie Nastase, c’est comme imaginer un film sans bande-son. Ce duo est une machine à éclats de rire. Lors d’une exhibition à Reims dans les années 80, Nastase marque l’histoire. Après une série d’aces de Bahrami, il menace, hilare : « Encore un ace, et je baisse mon short ! » Évidemment, Bahrami envoie un nouvel ace, et Nastase… tient parole. Le lendemain, la presse locale titre avec une photo mémorable : « Balles neuves ».
Cette spontanéité, c’est l’essence même des exhibitions. Pas de préparation, pas de script, juste du pur instinct. Bahrami explique que tout repose sur l’improvisation : « Si ton adversaire ne joue pas le jeu, le public le siffle. » Avec Nastase, aucun risque : il est le complice parfait pour transformer un match en comédie.
Si tu me fais encore un ace, je baisse mon pantalon.
– Ilie Nastase, en pleine exhibition
John McEnroe : La Légende Incontrôlable
Si Nastase est le roi de l’humour, John McEnroe est celui des coups de sang. Bahrami le décrit comme « fabuleux, mais ingérable ». Même à l’âge où d’autres se contenteraient de taper la balle tranquillement, McEnroe déteste perdre. Une anecdote illustre ce caractère volcanique : il y a quelques années, il refuse catégoriquement de jouer un match en première rotation à cause d’un engagement télévisé. Bahrami, en bon diplomate, passe la nuit à réorganiser le programme, allant jusqu’à glisser un mot sous la porte d’un hôtel à 2h30 du matin pour prévenir un joueur. Mission accomplie, mais à quel prix !
Ce qui me frappe, c’est cette intensité que McEnroe apporte, même dans un cadre détendu. Pour lui, chaque point compte, chaque échange est une bataille. Et pourtant, lorsqu’il entre sur le court, sa simple présence électrise la foule. « Il n’a pas besoin de faire le show, il EST le show », note Bahrami avec un sourire.
| Légende | Caractéristique | Anecdote marquante |
| Ilie Nastase | Humour imprévisible | Le scandale des « Balles neuves » à Reims |
| John McEnroe | Compétiteur acharné | La nuit des changements de programme |
| Rod Laver | Humilité légendaire | Encourage Bahrami à rester lui-même |
Le Rêve de Federer et des Autres
Et puis, il y a le rêve ultime de Bahrami : voir Roger Federer fouler le court du Trophée des Légendes. Lors d’une récente rencontre, il n’a pas résisté à lui lancer, rieur : « Roger, une wild-card et un steak-frites, ça te tente ? » Federer, amusé, a poliment décliné… pour l’instant. Mais Bahrami ne perd pas espoir. Il imagine aussi Rafael Nadal ou Andre Agassi rejoindre la fête, bien que ce dernier limite ses apparitions à quelques matches caritatifs.
Un autre nom revient dans ses pensées : Gustavo Kuerten. L’ancien roi de Roland-Garros rêverait de participer, mais ses problèmes de hanche l’en empêchent. « Il m’a dit qu’après dix minutes à taper avec un gamin, il avait mal partout », raconte Bahrami, compatissant. Ce genre de détails, c’est ce qui rend ses récits si humains, si proches du public.
Qu’est-ce Qui Fait un Bon Joueur d’Exhibition ?
Pour Bahrami, tout est une question d’alchimie. Certains joueurs n’ont pas besoin de forcer : leur charisme suffit. « Quand McEnroe entre sur le court, c’est fini, le public est conquis. » D’autres, comme Yannick Noah, n’ont même pas besoin de jouer : une danse, un sourire, et la foule est en délire. Mais pour ceux qui veulent imiter le style Bahrami, il met en garde : « Il faut savoir le faire. » Un mauvais imitateur peut vite passer pour un clown maladroit.
Les meilleurs partenaires, selon lui, sont ceux qui comprennent l’art de l’improvisation. Il cite Peter McNamara, son ami disparu, comme le complice idéal. Avec des joueurs comme Mats Wilander ou Mikael Pernfors, les matches deviennent des spectacles inoubliables. Mais face à des adversaires trop sérieux, le public peut se retourner contre eux. « Je donne le ton, et ils suivent… ou pas ! », plaisante-t-il.
- Charisme naturel : Une présence qui capte l’attention sans effort.
- Improvisation : Savoir rebondir sur l’instant, sans préparation.
- Connexion avec le public : Faire rire, émouvoir, surprendre.
Un Corps de 69 Ans, un Esprit de 20 Ans
À 69 ans, Bahrami défie le temps. Il affronte des joueurs bien plus jeunes, comme David Ferrer ou Feliciano Lopez, sans se démonter. « Ils peuvent taper fort, essayer de me démolir, je suis intouchable ! », lance-t-il avec un clin d’œil. Ses réflexes, aiguisés par des années de pratique, compensent des jambes moins vives. Mais il l’admet : les allers-retours droite-gauche, c’est fini. Alors, il mise tout sur son sens du jeu et son humour.
Ce qui me touche, c’est cette passion intacte. Combien de joueurs de cet âge continueraient à s’entraîner contre un mur, à improviser des shows devant des milliers de spectateurs ? Bahrami n’est pas seulement un joueur, c’est un ambassadeur du tennis, un homme qui rappelle que le sport, c’est aussi du plaisir partagé.
Pourquoi le Trophée des Légendes Est Unique
Le Trophée des Légendes, c’est plus qu’un tournoi. C’est un voyage dans le temps, une célébration des gloires du passé qui continuent d’inspirer. Chaque année, à Roland-Garros, les spectateurs viennent autant pour les coups spectaculaires que pour les éclats de rire. Bahrami en est le cœur battant, orchestrant des matches où la compétition laisse place à la camaraderie.
Mais ce qui rend cet événement si spécial, c’est son universalité. Les fans de tennis, qu’ils soient nostalgiques des années 70 ou admirateurs des stars actuelles, y trouvent leur compte. Et si un jour Federer ou Nadal rejoignaient l’aventure, l’engouement serait à son comble. Ne serait-ce pas le rêve ultime de tout fan de tennis ?
L’Héritage de Bahrami
En repensant à l’histoire de Bahrami, je ne peux m’empêcher de sourire. Cet homme, parti d’un mur en Iran pour devenir une icône mondiale, incarne une certaine idée du tennis : libre, joyeuse, accessible. Il n’a jamais cherché la gloire, mais il l’a trouvée en faisant ce qu’il aime : divertir. Son « Bureau des Légendes » n’est pas seulement une liste de noms prestigieux, c’est un état d’esprit, une façon de voir le sport comme un spectacle vivant.
Son rêve de voir Federer rejoindre son tournoi, même s’il reste pour l’instant un vœu pieux, dit tout de son ambition : réunir le meilleur du tennis, passé et présent, pour le plaisir des fans. Alors, la prochaine fois que vous regarderez une exhibition, pensez à Bahrami. Ce n’est pas juste un match, c’est une fête. Et si vous croisez un mur d’entraînement, donnez-lui un petit coucou de sa part.
Ma priorité a toujours été que les gens soient heureux.
– Mansour Bahrami
