Vous souvenez-vous du samedi matin, blotti sous la couette, quand on tombait par hasard sur ces émissions où l’on vous promettait la casserole révolutionnaire ou le coussin qui change la vie ? Moi oui. Et pendant près de vingt ans, une voix chaleureuse nous accompagnait dans ces moments un peu coupables : celle de Marie-Ange Nardi. Alors quand j’ai appris que Téléshopping, ce monument de la télé française, allait s’éteindre fin décembre, j’avoue avoir eu un pincement au cœur. Mais l’histoire n’est pas finie. Loin de là.
Une page se tourne, une autre s’ouvre en grand
À partir du 2 janvier 2026, Marie-Ange Nardi ne dira plus « bonjour les amis » sur la une, mais sur M6. Et pas n’importe comment : elle coprésentera tous les matins à 8 heures une émission complètement repensée, My Boutique Téléshop’, aux côtés de Charlotte Rosier. Le week-end, le programme sera également diffusé sur W9 et 6ter. En clair ? Le téléachat ne meurt pas. Il change simplement de chaîne… et de visage.
Franchement, l’idée est plutôt maligne. Plutôt que de laisser deux émissions concurrentes se battre pour des miettes d’audience, on rassemble les forces. Un peu comme quand deux boutiques de quartier décident de fusionner pour tenir tête aux géants du net. Et croyez-moi, face à la déferlante des applications chinoises ultra-agressives en prix, le téléachat français avait besoin d’un sérieux coup de jeune.
Pourquoi maintenant ? Le contexte derrière ce transfert
Commençons par le commencement. Fin 2025, la première chaîne a pris une décision radicale : prolonger sa matinale jusqu’à 11 heures. Exit donc la tranche historique du téléachat. Une décision froide, purement économique. Les audiences, soyons honnêtes, n’étaient plus celles des grandes années. On parle de 4 % de part d’audience en moyenne ces derniers temps. Autant dire que ça ne pèse plus lourd face aux grandes messes d’information ou aux séries du soir.
Mais attention : ce n’est pas parce que moins de monde regardait que l’émission n’avait plus de public fidèle. Au contraire. Les habitués du téléachat forment une communauté extrêmement loyale. Et surtout, ils achètent. La moyenne d’âge ? 53 ans. 70 % de femmes. Un cœur de cible précis, solvable, et qui apprécie le côté rassurant de la démonstration en direct, les garanties, le paiement en plusieurs fois et le fameux « satisfait ou remboursé ».
« On unit les forces des deux marques pour écrire une nouvelle page »
– Le directeur général de la société de production
My Boutique Téléshop’ : qu’est-ce qui change vraiment ?
On nous promet une émission plus moderne, plus proche des téléspectateurs et plus vivante. Concrètement ? Exit le plateau un peu figé d’autrefois. Place à une ambiance « discussion entre copines dans un salon ». Les deux animatrices seront entourées d’inventeurs, d’experts, de testeurs. L’idée : créer une proximité, presque une intimité avec le téléspectateur.
- Produits toujours astucieux, mais davantage tournés vers le pratique quotidien
- Plus de fabrication française mise en avant (un vrai argument en ce moment)
- Une sélection plus resserrée, mais plus qualitative
- Des démonstrations plus dynamiques, presque théâtrales
- Et surtout : une vraie complicité entre les deux présentatrices
Parce que c’est là le vrai pari : faire cohabiter deux styles. D’un côté Marie-Ange Nardi, l’expérience, la voix rassurante, celle qui a vendu des millions de gadgets avec le sourire et une pointe d’humour. De l’autre Charlotte Rosier, plus jeune, plus punchy, qui incarne déjà l’émission concurrente depuis trois ans. Sur le papier, ça peut donner une alchimie intéressante. Un duo mère-fille ? Grande sœur-petite sœur ? En tout cas, quelque chose de chaleureux.
Le téléachat a-t-il encore sa place en 2026 ?
C’est la grande question. Quand on voit les géants du e-commerce casser les prix toutes les cinq minutes, à quoi bon attendre le samedi matin pour commander un robot ménager ? Et pourtant… il y a quelque chose que les plateformes en ligne n’arriveront jamais à reproduire : l’émotion.
Quand Marie-Ange Nardi vous regarde dans les yeux (enfin, dans la caméra) et vous dit « croyez-moi, j’ai testé, c’est génial », il se passe un truc. On se sent compris. Recommandé. Presque conseillé par une amie. Et ça, aucun algorithme ne sait le faire.
Ensuite, il y a tout l’aspect service. Le téléphone gratuit, le paiement en 4 fois sans frais, la livraison rapide, le retour facile. Pour une partie de la population – notamment les seniors – c’est un confort irremplaçable. Et puis soyons honnêtes : commander à 8 h 30 un dimanche matin, en pyjama, avec son café, ça a un petit côté régressif délicieux.
Un peu d’histoire : 38 ans de téléachat à la française
Remettons les choses en perspective. Le concept arrive en France en 1987. À l’époque, c’est révolutionnaire. Un pionnier charismatique lance l’aventure et, très vite, les Français se prennent au jeu. On passe du « Magazine de l’objet » à une véritable institution. Il y aura même des chaînes dédiées, des magasins physiques, des catalogues épais comme des annuaires.
Pendant longtemps, c’était LE rendez-vous du matin. Avant les réseaux sociaux, avant les influenceurs, il y avait ces animateurs qui entraient dans les foyers comme des membres de la famille. Et puis le temps a fait son œuvre. Internet est arrivé. Les habitudes ont changé. Mais le téléachat a su se réinventer plusieurs fois.
| Année | Événement marquant |
| 1987 | Lancement du premier téléachat français |
| 1994 | Apparition de chaînes 100 % téléachat |
| Années 2000 | Apogée avec plusieurs heures par jour |
| 2019 | Rachat par un nouvel acteur |
| 2023 | Fusion des productions sous un même groupe |
| 2026 | Naissance de My Boutique Téléshop’ |
Et les audiences dans tout ça ?
Oui, elles ont baissé. Drastiquement même sur certaines chaînes. Moins de 1 % de part d’audience en moyenne pour le programme concurrent ces derniers mois. Mais attention : ce n’est pas parce que moins de gens regardent que l’émission ne gagne plus d’argent. Le modèle économique du téléachat ne repose pas sur la publicité classique, mais sur les ventes directes. Et là, les marges restent confortables.
La société de production emploie une cinquantaine de personnes, travaille avec des dizaines de fournisseurs français, des transporteurs, des centres d’appels. En 2024, elle affichait 43 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce n’est pas rien. Et avec cette nouvelle émission unifiée sur plusieurs chaînes du même groupe, les volumes pourraient bien grimper à nouveau.
Ce que j’attends personnellement de cette nouvelle version
Je vais être honnête : j’ai hâte. J’ai grandi avec ces émissions. Elles font partie de mon patrimoine télévisuel personnel, au même titre que les Guignols ou le Club Dorothée. Alors voir Marie-Ange Nardi revenir avec une formule modernisée, ça me fait plaisir.
J’espère surtout qu’on gardera cette pointe d’autodérision qui faisait le charme des anciennes versions. Ces moments où l’animateur testait un peu trop enthousiaste un produit et que ça tournait à la catastrophe hilarante. Ou ces objets complètement improbables qu’on se demandait qui pouvait bien acheter (et pourtant, quelqu’un l’achetait toujours).
Si les équipes arrivent à garder cet esprit tout en rajeunissant la forme, alors oui, le téléachat a encore de beaux jours devant lui. Et qui sait ? Peut-être que dans dix ans, on regardera My Boutique Téléshop’ avec la même nostalgie que Téléshopping aujourd’hui.
En attendant, une chose est sûre : janvier 2026 risque d’être joyeux sur M6 à 8 heures. Et quelque part, ça fait du bien de savoir que certaines madeleines de Proust télévisuelles ne disparaissent pas complètement. Elles se transforment, évoluent, s’adaptent. Comme nous tous, finalement.
Et vous, regarderez-vous la nouvelle émission ? Dites-le-moi en commentaire, je suis curieux de savoir si je suis le seul à avoir ce petit faible pour le téléachat version française…
