Imagine : tu sors tout juste de ta licence, tu as enfin ton parchemin en main, et là… c’est le choc. Des amis te parlent de Master of Science, d’autres de mastère spécialisé, certains jurent que seul le master université est valable et un cousin te vante son MBA à 50 000 €. Tu ouvres les sites d’orientation et c’est la panique : les noms se ressemblent, les prix varient du simple au décuple et personne ne te dit clairement ce qui est reconnu ou pas. Respire. On va démêler tout ça ensemble, sans bullshit et sans te prendre pour un touriste.
La grande famille des bac+5 : qui fait vraiment la différence sur un CV ?
Avant de plonger dans le détail, petite mise au point qui change tout : en France, il existe des diplômes nationaux (donc garantis par l’État) et tout le reste. Et devine quoi ? La plupart des recruteurs et des concours de la fonction publique ne regardent que la première catégorie. Le reste peut être génial… ou te faire passer pour quelqu’un qui a payé cher un beau papier.
Le Master « classique » : le diplôme national, point barre
Quand on dit « master » sans rien derrière, on parle du diplôme national, celui qui est délivré sous le sceau du ministère de l’Enseignement supérieur. Tu le trouves à l’université évidemment, mais aussi dans pas mal d’écoles de commerce et d’ingénieurs qui ont reçu l’autorisation (et le contrôle qualité qui va avec).
Le gros avantage ? Il est reconnu partout : Europe, concours administratifs, doctorat si tu continues, et même à l’international grâce au système LMD (Licence-Master-Doctorat). Et cerise sur le gâteau : à l’université publique, tu payes environ 250 € par an. Oui, tu as bien lu.
- Durée : 2 ans (M1 + M2)
- Admission : via la plateforme nationale Mon Master (attention, certaines écoles ont leur propre process)
- Prix public : ~254 €/an
- Prix en école privée habilitée : jusqu’à 15-18 000 €/an
- Reconnaissance : maximale, visa de l’État, grade de master
J’ai vu des étudiants refuser des M2 ultra sélectifs parce qu’ils pensaient que « grande école = automatiquement mieux ». Erreur. Un master d’une bonne université en droit des affaires ou en intelligence artificielle peut écraser un diplôme d’école moins bien classée. Tout est question de spécialité et de ranking de la formation.
Le MSc (Master of Science) : le diplôme « international » qui fait rêver… mais attention
Le MSc, c’est l’enfant chéri du marketing des écoles de commerce françaises depuis quinze ans. Cours 100 % en anglais, promo cosmopolite, stage à Londres ou Singapour… sur le papier c’est le feu. En vrai ? Il y a à boire et à manger.
Le top du top, ce sont les MSc labellisés par la Conférence des Grandes Écoles (CGE). Ces écoles (HEC, ESSEC, emlyon, EDHEC, etc.) proposent souvent en 5e année de leur Programme Grande École un double diplôme : le grade master français + un MSc accrédité CGE. Tu ressors avec deux diplômes en poche, et là c’est jackpot sur LinkedIn.
« Le MSc seul, sans le grade master derrière, c’est risqué pour les concours français ou la fonction publique. Mais à l’international, c’est souvent mieux perçu qu’un master universitaire classique. »
– Un recruteur chez L’Oréal que j’ai interrogé récemment
- Durée : 12 à 18 mois généralement
- Prix moyen : 12 000 à 25 000 € (oui, tu as bien lu)
- Langue : anglais obligatoire
- Label CGE ou pas ? C’est LA question à 20 000 €
Petit tuyau : si l’école met en avant son « MSc in Luxury Management » ou « MSc in Digital Marketing » mais n’a pas le grade master, fuis. Tu vas payer le prix d’une petite voiture pour un diplôme qui n’ouvre pas les concours de catégorie A.
Le « mastère » (avec un è) : le vilain petit canard qui peut parfois briller
Tu as vu l’accent grave ? C’est le signe distinctif des formations privées qui n’ont pas (ou plus) le droit de délivrer le grade master. On les trouve surtout dans les écoles de communication, de journalisme, de design, de jeux vidéo ou de mode.
Mais attention, tout n’est pas à jeter. Beaucoup de ces mastères sont inscrits au RNCP niveau 7 (équivalent bac+5). Ça veut dire qu’ils sont reconnus par l’État… mais pas au même niveau qu’un grade master. En clair : valable pour le privé, souvent refusé pour les concours publics.
Exemple concret : le mastère « Direction Artistique » de l’école Penninghen ou le « Manager de la Communication » de l’EFAP sont ultra-reconnus dans leur milieu pro. Les recruteurs s’en fichent du grade master.
Le Mastère Spécialisé (MS) : le ovni génial pour les profils atypiques
Créé par la CGE, le MS est un label à part. C’est un bac+6 accessible après un bac+5 ou un bac+4 + 3 ans d’expérience. Et là, c’est la magie : tu te retrouves en cours avec des ingénieurs de 35 ans qui veulent se reconvertir dans le big data ou des médecins qui montent une start-up santé.
Les meilleurs ? Ceux d’HEC, ESSEC, ESCP, CentraleSupélec… Le MS « Entrepreneurs » ou « Intelligence Artificielle » sont des machines à créer des carrières fulgurantes.
| Type | Niveau | Grade master | RNCP | Prix moyen | Public cible |
| Master national | Bac+5 | Oui | Oui (niveau 7) | 250 € à 18 000 € | Étudiants post-licence |
| MSc (labellisé CGE) | Bac+5 | Souvent oui (double diplôme) | Oui | 15-25 000 € | Profil international |
| Mastère privé | Bac+5 | Non | Souvent niveau 7 | 8-15 000 €/an | Secteurs créatifs/com |
| Mastère Spécialisé | Bac+6 | Non (label CGE) | Oui | 15-30 000 € | Jeunes diplômés + pros |
| MBA | Bac+5/6 | Rarement | Variable | 20-200 000 € | Cadres expérimentés |
Et le MBA dans tout ça ?
Le MBA (Master of Business Administration) n’est pas fait pour toi si tu as 22 ans et zéro expérience. Historiquement, c’est une formation pour cadres confirmés (8-10 ans d’expérience minimum pour les meilleurs). Les Executive MBA d’INSEAD ou d’HEC coûtent 100 à 200 k€… mais te propulsent au comité de direction.
Attention aux faux MBA vendus à des jeunes diplômés. Si tu vois « Global MBA » à 25 000 € avec des étudiants de 24 ans, c’est du marketing, pas un vrai MBA.
Le verdict : comment choisir sans se ruiner ni se planter
Voici ma règle d’or personnelle, après avoir accompagné des dizaines d’étudiants :
- Tu veux les concours publics, le doctorat ou rester en France longtemps → master national obligatoire
- Tu vises une carrière internationale dans la finance, le luxe ou la tech → MSc d’une école du top 15
- Tu es dans un secteur créatif (mode, design, jeu vidéo) → mastère RNCP niveau 7 reconnu par les pros
- Tu as déjà 3-5 ans d’expérience et tu veux changer de voie → Mastère Spécialisé ou Executive MBA
Et surtout : vérifie toujours trois choses avant de signer :
- Le diplôme donne-t-il le grade de master ? (regarde sur le site de l’école, rubrique « visa et grade »)
- Est-il inscrit au RNCP niveau 7 ? (site France Compétences)
- Quels sont les débouchés réels ? (regarde les enquêtes d’insertion et LinkedIn des anciens)
Parce que payer 40 000 € pour un diplôme que les recruteurs appellent « diplôme d’école » alors que tu rêvais de la fonction publique… c’est le genre de regret qui reste dix ans.
Tu as maintenant toutes les cartes en main. Le choix t’appartient, mais au moins, tu ne le feras plus les yeux fermés. Bonne chance pour ta candidature, et surtout : choisis avec la tête… et un peu avec le cœur quand même.
