Je me souviens encore du choc, il y a deux ans, quand la nouvelle est tombée : Matthew Perry, ce Chandler qu’on a tous aimé pendant dix saisons, retrouvé sans vie dans son jacuzzi. À 54 ans seulement. On pensait naïvement à un accident, une fin triste mais presque « normale » pour quelqu’un qui avait lutté toute sa vie contre des démons. Et puis l’enquête a tout révélé. Ce n’était pas qu’une rechute. C’était un système. Un réseau. Des gens qui ont profité de sa faiblesse jusqu’au bout.
Aujourd’hui, on y est. Un médecin comparaît pour savoir combien d’années il va payer. Et franchement, ça fait froid dans le dos.
Un SMS qui en dit long sur la cupidité
« Je me demande combien ce crétin va payer. »
Ce message, envoyé à un autre praticien, résume tout. Le docteur Salvador Plasencia ne voyait pas un patient en détresse. Il voyait un portefeuille sur pattes. Un célèbre, riche, désespéré, prêt à tout pour soulager sa douleur intérieure. Et ça, certains n’ont pas hésité à en profiter.
Des flacons achetés 12 dollars pièce, revendus jusqu’à 2 000 dollars à la star. Vous avez bien lu. Pas 200. Deux mille. Pour vingt flacons dans les semaines précédant sa mort, faites le calcul. C’est indécent.
« Sans but médical légitime » – c’est ainsi que l’accusation qualifie les agissements du médecin.
Comment on en est arrivé là
Tout avait pourtant commencé de façon presque « propre ». Matthew Perry suivait des infusions de kétamine encadrées, sous supervision médicale, pour traiter une dépression sévère. Cette molécule, utilisée en anesthésie depuis des décennies, connaît depuis quelques années un engouement thérapeutique, notamment aux États-Unis. En doses contrôlées, elle peut effectivement soulager certains troubles résistants.
Mais quand on sort du cadre médical strict, c’est une autre histoire. La kétamine devient un psychédélique puissant, prisé dans certaines soirées pour ses effets dissociatifs. Et pour quelqu’un qui a déjà lutté contre l’alcool et les opiacés pendant trente ans, c’est une porte ouverte vers l’enfer.
À l’automne 2023, la star replonge. Et là, plus de garde-fous. Son assistant personnel, des intermédiaires, deux médecins, une dealeuse… Tout un petit business se met en place autour de sa détresse.
Le jour où tout a basculé
Un épisode raconté dans le dossier est particulièrement glaçant. Lors d’une injection à domicile, la tension de Matthew Perry monte en flèche. Il fait une crise. Paralysie temporaire. N’importe quel médecin responsable arrêterait tout immédiatement.
Pas lui. Il laisse quand même plusieurs flacons supplémentaires à l’assistant. Comme si de rien n’était. Quelques semaines plus tard, l’acteur est mort.
- Overdose massive de kétamine
- Effets combinés avec d’autres substances
- Noyade dans le jacuzzi sous l’effet de la dissociation
Le flacon fatal ne venait pas directement du docteur Plasencia, mais d’une femme surnommée la « Ketamine Queen » de Hollywood. Elle sera jugée la semaine prochaine. On parle déjà d’une peine très lourde.
Jusqu’à 40 ans de prison possibles
Le médecin, lui, a déjà plaidé coupable. Il a accepté de ne plus jamais exercer. Il dit être « profondément repentant ». Sa défense espère que son cas servira d’exemple pour encadrer enfin la « kétamine à domicile », cette pratique qui explose aux États-Unis, souvent dans un flou juridique total.
Mais soyons honnêtes : dire qu’on est désolé quand on a gagné des dizaines de milliers de dollars sur le dos d’un homme en train de couler, ça sonne un peu creux.
Cinq personnes dans le viseur de la justice
Pour bien comprendre l’ampleur du réseau :
- Deux médecins (dont Plasencia)
- L’assistant personnel de la star
- Un intermédiaire
- La fameuse dealeuse « Ketamine Queen »
Tous ont plaidé coupable ou vont le faire. Les peines tomberont dans les prochains mois. On parle de décennies de prison cumulées.
La face cachée de la célébrité
Ce qui frappe dans cette affaire, c’est à quel point l’argent et la notoriété peuvent isoler. Matthew Perry gagnait des millions, vivait dans une villa sublime à Los Angeles, mais il était seul. Terriblement seul avec sa douleur. Et autour de lui, au lieu de vrais amis ou de professionnels intègres, il y avait des vautours.
Je ne jette la pierre à personne facilement, mais quand on voit des médecins – censés être les garants de la santé – transformer un patient vulnérable en vache à lait, ça dépasse l’entendement.
Et maintenant ?
Cette affaire va-t-elle enfin pousser les autorités à mieux encadrer la prescription de kétamine hors hôpital ? C’est ce qu’espère la défense du médecin, paradoxalement. Peut-être que du malheur de Matthew Perry sortira quelque chose de positif.
En attendant, cinq personnes vont payer très cher. Et nous, on gardera en mémoire ce garçon drôle, touchant, qui incarnait Chandler comme personne. Celui qui nous faisait rire le jeudi soir devant la télé.
Il méritait mieux qu’une fin pareille.
Et quelque part, cette histoire nous concerne tous. Parce qu’elle parle d’addiction, de solitude, de l’argent qui corrompt, et de ces zones grises où la médecine dérape quand personne ne regarde.
Alors oui, un médecin va être condamné aujourd’hui. Mais derrière les années de prison, il y a une question qui reste : combien de Matthew Perry silencieux continuent de frapper à la mauvaise porte ?
C’est peut-être ça, le vrai scandale.
