Vous souvenez-vous où vous étiez quand vous avez appris la mort de Matthew Perry ? Moi, j’étais en train de revoir un épisode de Friends avec mes enfants. Le choc total. Celui qui incarnait Chandler, le roi du sarcasme gentil, retrouvé sans vie dans son jacuzzi à seulement 54 ans… On a d’abord parlé d’un accident, puis les mois ont passé et l’histoire a pris une tournure bien plus sombre.
Aujourd’hui, plus d’un an après, la justice américaine vient de frapper fort : un médecin a été condamné à trente mois de prison ferme pour avoir alimenté l’addiction mortelle de l’acteur à la kétamine. Trente mois, ça peut paraître peu face à une vie perdue, mais c’est surtout le signal que quelque chose de pourri gangrène certains cabinets médicaux de Los Angeles.
Une sentence qui clôt un chapitre douloureux
Le docteur en question a reconnu les faits : il a fourni une vingtaine de flacons de kétamine à Matthew Perry dans les semaines qui ont précédé son overdose, en octobre 2023. Pas pour quelques dizaines de dollars, non. Chaque flacon, acheté une douzaine de dollars, était revendu jusqu’à 2 000 dollars à l’acteur. Du business pur et simple sur le dos d’un homme en détresse.
Ce qui rend l’affaire encore plus glaçante, ce sont les messages retrouvés par les enquêteurs. L’un d’eux fait froid dans le dos :
« Je me demande combien ce crétin va payer »
Un SMS envoyé à un complice alors qu’ils organisaient la livraison. Le mot « crétin » désigne Matthew Perry. Difficile de trouver plus cynique.
Comment la kétamine est passée de traitement à poison
–>Il faut remettre les choses en contexte. La kétamine n’est pas une drogue de rue classique. C’est un anesthésiant puissant, utilisé en médecine humaine et vétérinaire depuis les années 70. Ces dernières années, elle a connu un incroyable regain d’intérêt pour traiter les dépressions résistantes. Des cliniques spécialisées proposent des perfusions sous contrôle médical, et les résultats peuvent être spectaculaires chez certains patients.
Matthew Perry en faisait partie. Il a lui-même raconté dans son autobiographie sortie en 2022 à quel point ces sessions l’avaient aidé à sortir la tête de l’eau. Problème : le traitement légal est cher, encadré, et les effets ne durent que quelques semaines. Très vite, certains patients veulent reproduire la sensation à la maison. Et là, tout dérape.
L’acteur a replongé à l’automne 2023. Selon les éléments du dossier, il consommait alors jusqu’à six à huit injections par jour. Une dose totalement hors de contrôle.
Cinq personnes dans le viseur de la justice
Le médecin condamné n’est pas seul. Au total, cinq individus sont poursuivis dans cette affaire :
- Un assistant personnel de l’acteur qui injectait la substance
- Une « amie » qui se procurait la drogue
- Deux médecins (dont celui condamné mercredi)
- Un intermédiaire connu dans le milieu de la nuit californienne
Certains ont déjà plaidé coupable, d’autres attendent leur procès. L’enquête a révélé un véritable petit réseau organisé autour de la dépendance d’une star.
Ce qui choque le plus, c’est la facilité avec laquelle on peut détourner un médicament légal. La kétamine est classée substance contrôlée, mais reste accessible aux professionnels de santé. Quelques clics sur des sites spécialisés, une signature, et le tour est joué.
L’addiction des stars, un mal bien plus profond
Derrière cette affaire, il y a une réalité qu’on préfère souvent ignorer : la solitude terrible de certaines célébrités. Matthew Perry n’a jamais caché ses démons. Alcool, opiacés, anxiolytiques… il avait tout essayé pour combler le vide. Dans ses mémoires, il écrivait : « J’ai dépensé plus de 9 millions de dollars pour rester sobre ». Ironie tragique.
Hollywood est un milieu impitoyable. La pression permanente, les rôles qui s’espacent avec l’âge, l’image à maintenir… Beaucoup craquent. Et quand on a de l’argent, il y a toujours quelqu’un prêt à monnayer le silence et le « service ».
J’ai croisé un jour un ancien manager de stars (il ne veut plus qu’on cite son nom) qui m’expliquait : « Quand tu gères une célébrité en crise, tu as deux options : l’envoyer en rehab sérieux (et risquer qu’elle te vire) ou trouver des solutions rapides. La plupart choisissent la seconde. »
La kétamine, nouveau fléau des soirées californiennes ?
Ce qui est inquiétant, c’est que l’affaire Perry n’est pas isolée. À Los Angeles, la kétamine circule de plus en plus dans les milieux aisés. On l’appelle le « K », le « Special K » ou même plus besoin de dealer de rue. Un coup de fil à certain médecin complaisant, et tu reçois ta livraison à domicile.
Les autorités commencent à s’en rendre compte. Depuis deux ans, les saisies ont explosé. Et les urgences rapportent une hausse des intoxications. Effets dissociatifs puissants, sensation de sortir de son corps… pour certains, c’est une expérience « spirituelle ». Pour d’autres, c’est la descente aux enfers.
Et maintenant ?
La condamnation de mercredi envoie un message clair : même à Hollywood, on ne touche plus impunément à la vie des stars. Mais est-ce suffisant ? Tant que la demande existera, l’offre suivra.
Ce qui reste, c’est une immense tristesse. Matthew Perry nous a fait rire pendant dix ans. Il nous a aussi montré, avec une honnêteté brutale, à quel point la gloire peut être un piège doré. Repose en paix, Chandler. Et merci d’avoir osé parler quand tant d’autres se taisent encore.
PS : Si vous ou quelqu’un que vous connaissez lutte contre une addiction, n’hésitez jamais à demander de l’aide. Il existe des structures sérieuses, anonymes et efficaces. La vie vaut bien plus que n’importe quel shoot.
