Imaginez arriver dans un pays étranger avec 39 de fièvre, les bronches en feu et un rhume carabiné. La plupart d’entre nous resterait au fond du lit avec une tisane et Netflix. Lui ? Il enfile son bonnet, saute dans le bassin et se tape seize courses en six jours comme si c’était une formalité. Maxime Grousset vient de nous rappeler pourquoi il fait partie des tous meilleurs sprinteurs de la planète.
Franchement, quand j’ai vu le programme qu’on lui avait réservé à Lublin, j’ai froncé les sourcils. C’est le genre de semaine qui fait peur même aux plus costauds. Et pourtant, le gars de New Caledonia est reparti avec six médailles dans la valise, dont deux titres majeurs. Pas mal pour un mec qui toussait encore en montant sur le plot du premier 50 pap.
Une semaine complètement dingue, mais maîtrisée de bout en bout
Petit bassin ou pas, les Championnats d’Europe restent un exercice particulier. Les virages, les coulées, la gestion de l’énergie sur des courses ultra-rapides… tout est différent. Et quand on te colle seize départs en six jours, c’est presque inhumain. Pourtant, Maxime a surfé sur cette fatigue comme un vieux briscard.
Il l’a dit lui-même à la sortie du bassin : « Je suis content de pouvoir répéter, ça me donne beaucoup d’espoir et de confiance. » Difficile de faire plus sobre et plus vrai. Parce que derrière cette phrase toute simple, il y a une performance qui parle d’elle-même.
Le tableau de chasse : six médailles et des perfs qui font mal
- Or sur 100 m papillon – titre conservé avec la manière
- Or sur 100 m 4 nages – parce que pourquoi pas après tout
- Argent sur 100 m nage libre
- Argent sur 50 m nage libre
- Bronze sur 50 m papillon
- Et une contribution décisive au relais 4×50 m 4 nages (record de France à la clé en 1’30’’99)
Cerise sur le gâteau : quatre records personnels dans une discipline où il n’a jamais été le plus à l’aise historiquement. Le petit bassin, c’était son point faible. Aujourd’hui, c’est en train de devenir une arme supplémentaire.
« Être à ce niveau de performance à la fin de la compétition, c’est vraiment très encourageant. »
Michel Chrétien, son entraîneur
Le 100 m papillon : là où tout a basculé
Si je devais garder une seule image de cette semaine polonaise, ce serait son 100 m papillon. Une course où il a tout simplement marché sur l’eau. Noé Ponti, le Suisse qui le talonne habituellement, a pris une leçon. Et pourtant, on sait que le bonhomme est capable de descendre sous les 49 secondes en grand bassin.
Ce qui frappe, c’est la sérénité. Plus de crispation, plus de doute dans les derniers mètres. Juste une puissance fluide, presque effrayante de facilité. On sent que le travail sur les coulées a porté ses fruits et que la mécanique est enfin huilée à la perfection.
Et puis il y a cette petite phrase lâchée après la course : « Je commence à me sentir vraiment bien dans cette distance. » Quand un athlète dit ça après avoir battu tout le monde, on a le droit d’être excité pour la suite.
Un leadership qui s’affirme doucement mais sûrement
À 26 ans, Maxime Grousset n’est plus seulement le mec qui ramène des médailles. Il devient le patron de l’équipe de France de sprint. Le genre de nageur sur qui on compte pour tirer tout le monde vers le haut.
« Max, c’est un taulier de l’équipe évidemment. Au-delà de ses résultats, il prend de l’épaisseur dans ce qu’il incarne. »
Denis Auguin, directeur technique national
Son relais en 19’’96 sur le 4×50 m 4 nages ? Une masterclass. Le genre de performance qui fait lever tout un bassin et qui donne des frissons aux copains derrière le plot. Quand tu lances le relais comme ça, tu n’es plus juste un nageur. Tu es un leader.
Et maintenant ? Cap sur Saint-Denis 2026
C’est ça le plus excitant. Tout ce qu’on a vu en Pologne n’était qu’une répétition générale. Michel Chrétien l’avait annoncé : cette compétition devait servir de grande mise en bouche avant les Championnats d’Europe grand bassin en août prochain à Saint-Denis.
Et là, on parle d’un tout autre niveau. Un bassin olympique, le public français, la pression maximale. Mais vu la forme actuelle, on a le droit de rêver très grand.
Parce que oui, Maxime Grousset est en train de passer un cap. Physique, technique, mental. Tout y est. On sent une maturité nouvelle, une confiance qui ne tremble plus à l’approche des gros rendez-vous.
Et si je devais parier une pièce (ou deux), je dirais qu’on n’a encore rien vu. Le meilleur est à venir. Saint-Denis pourrait bien être le théâtre de son explosion définitive sur la scène internationale.
En attendant, on savoure cette semaine polonaise complètement folle. Seize courses, six médailles, deux titres et une demonstration de force rarement vue à ce niveau. Maxime Grousset n’est plus une promesse. Il est une réalité. Et une sacrément belle.
La natation française a de quoi sourire. Entre un Léon Marchand qui pulvérise tout sur demi-fond et un Grousset qui monte en puissance sur sprint, l’été 2026 s’annonce brûlant. Très brûlant.
