Imaginez la scène : vous êtes l’homme le plus cher de l’histoire du football, vous venez de planter un quadruplé en Ligue des champions en milieu de semaine, et pourtant, quatre jours plus tard, vous terminez le match le visage caché dans votre maillot, dépité. C’est exactement ce qui est arrivé à Kylian Mbappé dimanche soir à Gérone. Un penalty transformé, des occasions créées pour les autres, une frappe qui frôle le poteau à la dernière seconde… et au final, seulement 1-1. Le Real Madrid est en train de craquer, et tout repose sur les épaules d’un seul homme.
Quand Mbappé porte le Real à bout de bras
On peut tourner ça dans tous les sens, le constat est brutal : sans Kylian Mbappé, le Real Madrid serait aujourd’hui dans une situation bien plus préoccupante. Le Français a déjà inscrit 14 buts en Liga et reste le meilleur buteur de la Ligue des champions avec 9 réalisations. Ajoutez à cela les penalties (7/8 cette saison toutes compétitions confondues, record en Europe) et vous obtenez un joueur qui compense, à lui seul, les carences collectives d’une équipe censée dominer le football mondial.
À Gérone, on l’a encore vu tout faire. Centres précis pour Arda Güler dès la 9e minute, tête décroisée pour Militao sauvée sur la ligne, but refusé pour une main (discutable mais logique), et enfin l’égalisation sur penalty après une faute obtenue par Vinicius. Presque chaque occasion madrilène est passée par ses pieds. C’est beau, c’est impressionnant, mais c’est aussi inquiétant.
« Nous aurions dû dominer davantage. Je n’ai pas de reproches à faire à mes joueurs, il faut préserver notre cohésion. »
Xabi Alonso, visiblement résigné après le match
Un collectif qui ne tourne plus rond
Le problème n’est pas nouveau, mais il devient criant. Depuis plusieurs semaines que le Real Madrid ne gagne plus avec la manière – et parfois ne gagne plus du tout. Trois matchs sans victoire toutes compétitions confondues, une élimination humiliante en Coupe, et maintenant ce nul contre le 18e de Liga. Gérone n’est pas une équipe flamboyante cette saison, pourtant elle a dominé de longues périodes grâce à un bloc compact et un but splendide d’Ounahi juste avant la pause.
Le milieu de terrain manque cruellement de créativité depuis la blessure de Bellingham. Rodrygo traverse une période de disette incroyable (un seul but cette saison en Liga). Vinicius, capable du meilleur comme du pire, alterne fulgurances et pertes de balle inutiles. Arda Güler montre des choses intéressantes mais reste trop tendre pour porter l’équipe. Résultat ? Tout le monde regarde vers Mbappé. Et quand le Français est un peu moins bien, comme lors de certaines séquences dimanche, l’équipe entière sombre.
- Absence de liant entre les lignes
- Manque flagrant de mouvement sans ballon
- Aucun plan B quand le jeu rapide ne fonctionne pas
- Défense qui prend l’eau sur les transitions
Ce n’est pas seulement une question de noms sur la feuille de match. C’est une question de projet. Xabi Alonso, arrivé avec l’étiquette du tacticien génial, semble perdu face à des blocs bas. Son 4-3-3 si séduisant l’an dernier ressemble aujourd’hui à un 4-2-Mbappé.
Le syndrome du sauveur solitaire
Je me souviens encore des débats l’été dernier : « Mbappé va-t-il s’intégrer ? Va-t-il accepter de jouer sans être le centre absolu ? » Aujourd’hui la question ne se pose même plus. Il est devenu le centre, le début et la fin de presque toutes les actions madrilènes. C’est flatteur pour lui, terrifiant pour l’équipe.
Regardez les chiffres : sur les 15 derniers buts du Real en Liga, Mbappé est impliqué directement (but ou passe décisive) dans 11 d’entre eux. C’est du jamais-vu depuis l’ère Cristiano Ronaldo. Mais là où CR7 avait un Benzema en relais, un Özil ou un Di Maria pour créer du déséquilibre, Mbappé se retrouve souvent esseulé face à des défenses qui ont compris l’équation : neutralisez le n°9, vous neutralisez Madrid.
Et le pire, c’est que ça commence à se voir dans son langage corporel. Ce geste de cacher son visage dans le maillot à la fin du match n’était pas du cinéma. C’était de la frustration pure. Celle d’un champion qui fait tout bien mais qui ne peut pas gagner seul.
Et maintenant ?
Le calendrier ne va pas arranger personne. Après la trêve internationale, le Real enchaîne avec le Barça au Bernabéu. Un Clasico où, sauf miracle, Bellingham sera encore absent et où le Barça arrivera avec une confiance au zénith. Si Mbappé ne plante pas un doublé ce soir-là, on est mal.
Il reste évidemment du temps pour redresser la barre. Le mercato d’hiver peut apporter un renfort au milieu ou sur un côté. Xabi Alonso peut retrouver ses automatismes qui avaient fait merveille l’an dernier. Mais pour l’instant, c’est la soupe à la grimace du côté de Valdebebas.
« Il ne pourra pas toujours être le héros. » Cette phrase, lue après le match, résume tout.
Parce qu’on a beau adorer les exploits individuels, le football reste un sport collectif. Et là, pour l’instant, il n’y a qu’un seul joueur qui joue vraiment au Real Madrid. Les autres regardent.
Alors oui, Mbappé continue de marquer. Oui, il reste probablement le meilleur joueur du monde sur sa forme actuelle. Mais voir un tel talent porter une équipe entière sur son dos, match après match, ça finit par devenir triste. Le Real Madrid version 2025-2026 ressemble de plus en plus à un géant aux pieds d’argile. Et le géant, pour l’instant, s’appelle Kylian.
Et vous, pensez-vous que le Real peut se relever avant le Clasico ? Ou cette dépendance à Mbappé va-t-elle finir par coûter cher en fin de saison ? Dites-le moi en commentaire, j’ai vraiment envie de connaître votre avis là-dessus.
