Vous est-il déjà arrivé de voir un joueur aussi talentueux que Kylian Mbappé, habituellement si souriant et maître de lui, perdre complètement ses nerfs en plein match ? Ces dernières semaines, l’image du capitaine des Bleus a pris un sacré coup. Et franchement, ça interpelle.
On le connaissait rapide, décisif, presque toujours classe même dans la défaite. Mais là, depuis son arrivée au Real Madrid, on découvre une facette plus brute, plus humaine aussi. Deux sorties consécutives où il s’en prend ouvertement aux arbitres, ça commence à faire beaucoup. Alors, simple pétage de plombs ou symptôme d’un malaise plus profond ? Allons voir ça de plus près.
Quand la frustration déborde sur le terrain
Revenons d’abord sur les faits, parce qu’ils parlent d’eux-mêmes. Dimanche soir, au stade de Gérone. Le Real Madrid, leader qui patine, est tenu en échec pour la troisième fois d’affilée en Liga. Le score est bloqué, les minutes défilent, et les Catalans maîtrisent parfaitement l’art de faire tourner le chrono.
Kylian, déjà nerveux tout le match, conteste une décision. Rien de bien méchant au départ. Mais quand le quatrième arbitre tente de le calmer en détournant le regard, c’est l’étincelle. Mbappé s’approche, le fixe droit dans les yeux et balance, en espagnol : « Écoute-moi. Pourquoi tu regardes ailleurs ? Regarde-moi quand je te parle ! » Le ton est sec, le geste appuyé. Les caméras zooment, tout le monde voit la scène.
« Regarde-moi quand je te parle ! »
Kylian Mbappé au 4e arbitre – Gérone / Real Madrid
Une semaine plus tôt, à Elche, c’était déjà le même scénario. Carton jaune pour contestation, puis, à la fin du match, un « sale con va » lâché en français devant les micros. On passe d’un joueur discret à quelqu’un qui craque publiquement. Et ça, pour un garçon qui a toujours soigné son image, c’est énorme.
Les pertes de temps, la goutte d’eau qui fait déborder le vase
Ce qui met le feu aux poudres ? Les pertes de temps adverses. À Elche comme à Gérone, les équipes en face savent qu’elles n’ont rien à perdre et tout à gagner à casser le rythme. Gardien qui reste dix ans au sol, défenseur qui simule, ballon qui disparaît mystérieusement… Classique, diront certains. Insupportable quand tu es attaquant et que tu sens le match t’échapper.
Mbappé l’a dit lui-même à l’arbitre central : « Ça suffit, on a déjà perdu trop de temps. S’il ne peut pas continuer, qu’il sorte. Laissez-nous jouer, s’il vous plaît. » On sent presque la supplication dans la voix. Lui qui court, qui propose, qui se démène, voit le chrono fondre sans pouvoir exprimer son talent. Forcément, ça ronge.
Un Real Madrid qui ne tourne plus rond
Mais soyons honnêtes : ce n’est pas que l’arbitrage. Le Real version 2025-2026 traverse une zone de turbulences inhabituelle. Trois nuls de suite en championnat, zéro victoire lors des trois dernières journées de Liga. Même si l’équipe reste en tête (grâce à un matelas confortable pris plus tôt), le signal d’alarme est allumé.
- Attaque en panne sèche malgré les stars
- Vinicius et Bellingham moins tranchants
- Mbappé qui court beaucoup mais marque peu en Liga (seulement 6 buts en 14 journées selon les dernières stats)
- Défense qui prend l’eau sur les contres
- Adversaires qui ont compris comment neutraliser le trio d’attaque
Quand tu ajoutes à ça la pression médiatique madrilène – la plus lourde d’Europe, soyons clairs – tu obtiens une cocotte-minute prête à exploser. Et c’est Kylian, le nouveau venu, celui sur qui tous les regards sont braqués, qui prend la soupape en pleine figure.
La pression d’être « le remplaçant de Benzema »
Arrivé libre, avec l’auréole du meilleur joueur du monde, Mbappé porte un poids énorme. On l’attendait comme le messie capable de faire oublier Benzema et de ramener la Décima quinta en Ligue des Champions. Pour l’instant, en championnat, c’est plutôt compliqué.
Je me souviens encore des titres l’été dernier : « Mbappé va tout casser », « Le Real enfin complet ». Six mois plus tard, la réalité est plus nuancée. Il brille en C1 (quadruplé historique contre l’Olympiakos, triplé en sept minutes, des chiffres fous), mais en Liga, c’est laborieux. Et quand tu es Français, que tu joues au Real, chaque match raté devient une affaire nationale.
Du coup, chaque décision arbitrale défavorable devient un prétexte. Pas forcément conscient, hein. Mais quand tu sens que tout le monde t’attend au tournant, tu deviens plus susceptible. C’est humain.
Un caractère plus sanguin qu’on ne le croit
Ceux qui suivent Mbappé depuis ses débuts à Monaco le savent : sous la carrosserie lisse, il y a un compétiteur ultra-sensible. Rappelez-vous la finale de la Coupe du Monde 2018, déjà, quand il chambrtait les Argentins ou ses larmes après l’élimination en Euro 2021.
Au PSG aussi, il y avait eu des moments. Moins médiatisés, certes, parce que Paris protège plus ses stars. Mais des coéquipiers racontaient qu’en interne, Kylian pouvait monter vite dans les tours quand il sentait l’injustice. Là, au Real, tout est sous les projecteurs. Impossible de cacher quoi que ce soit.
Que risque-t-il vraiment ?
Concrètement, pas grand-chose pour l’instant. Le comité de discipline espagnol est plutôt clément avec les stars (regardez Vinicius et ses multiples cartons pour contestation). Mais si ça continue, attention :
- Un match de suspension pour accumulation de cartons jaunes
- Une image écornée auprès des arbitres (et ils ont la mémoire longue)
- Une pression supplémentaire de la presse espagnole qui adore ce genre d’histoires
Et puis il y a l’aspect psychologique. Quand tu commences à te battre contre tout le monde – les adversaires, les arbitres, parfois tes propres coéquipiers – tu perds de l’énergie. Or, Mbappé a besoin de toute sa fraîcheur mentale pour performer.
Et si c’était un mal pour un bien ?
Paradoxal, je sais. Mais parfois, une bonne sortie de route permet de remettre les pendules à l’heure. Peut-être que ces coups de sang vont réveiller tout le monde au Real : joueurs, staff, direction. Peut-être que Carlo Ancelotti va enfin trouver la formule pour faire cohabiter ses trois monstres offensifs.
Et puis, voir Mbappé humain, énervé, passionné, ça le rend presque plus attachant. On préfère un champion qui craque de temps en temps à un robot froid. Non ? Personnellement, ça me rappelle le jeune Cristiano Ronaldo, qui pestait aussi contre les arbitres en 2009-2010 avant de devenir le monstre qu’on connaît.
Ce qu’il faudrait maintenant
Du calme, déjà. De la part de Kylian, bien sûr, mais aussi des médias. Arrêtons de le transformer en drama queen à la moindre mimique. Il a 26 ans, il découvre le vestiaire le plus exigeant du monde, dans un pays où chaque mot est décortiqué.
Ensuite, du soutien. Ancelotti doit le prendre à part, comme il l’a fait avec Vinicius il y a deux ans. Le staff psychologique du Real (oui, ça existe) pourrait aussi entrer en jeu. Et surtout, des victoires. Rien ne soigne mieux les nerfs qu’une série de bons résultats.
Le prochain match contre un gros (le derby contre l’Atlético arrive vite) sera révélateur. Si Mbappé marque, sourit et reste zen, tout ceci ne sera qu’une anecdote. S’il replonge… là, on pourra vraiment parler de crise.
En attendant, une chose est sûre : Kylian Mbappé n’est plus seulement le prodige souriant de Bondy. C’est un homme, avec ses forces et ses failles, qui vit sous une pression démentielle. Et parfois, même les plus grands craquent. C’est ce qui les rend humains. Et finalement, c’est peut-être ce qu’on aime le plus chez eux.
