Il y a des mois où Paris semble se replier sur elle-même, où la grisaille pousse à chercher du réconfort dans les assiettes. Novembre 2025 est exactement ça : un ciel bas, des feuilles mortes qui collent aux trottoirs, et cette envie furieuse de chaleur humaine et de bonne bouffe. Alors j’ai sillonné la capitale, bloc-notes en main et appétit en bandoulière, pour dénicher les bistrots qui, en ce moment précis, font battre mon cœur un peu plus fort. Trois adresses, trois univers, mais une constante : on en ressort le ventre heureux et l’envie d’y retourner dès le lendemain.
Les trois tables qui illuminent mon novembre
Avant de plonger dans le vif du sujet, petite confidence : je ne suis pas du genre à courir après chaque ouverture. Trop de bruit, trop de stories Instagram, pas assez de vraie émotion. Mais là, ces trois-là m’ont vraiment cueilli. Allez, on y va.
Le ramen qui réchauffe jusqu’à l’âme : Ukiyo Ramen
Le IXe, quartier Pigalle-soho comme on l’appelle désormais, cache une petite perle japonaise qui mérite qu’on brave le froid. Ukiyo, c’est d’abord une façade discrète, presque timide. On pousse la porte et bam : odeur de bouillon qui vous prend à la gorge (dans le bon sens du terme).
Le tonkotsu est profond, laiteux, exactement comme je l’aime après 48 heures de cuisson. Mais le vrai choc, c’est quand on découvre que le lieu ne se contente pas de ramens. Les tapas valent le détour : gyozas dorés à la poêle, takoyakis fondants, et surtout – attention, moment de grâce – leur katsu sando. Imaginez une tranche de porc panée ultra-croustillante, juste rosée à cœur, coincée entre deux tranches de pain de mie moelleux, avec une sauce légèrement sucrée-piquante qui explose en bouche. J’en salive encore.
« On voulait un endroit où on puisse boire un saké en grignotant avant de se taper un gros bol réconfortant » m’a glissé le patron, un Japonais discret qui a passé dix ans à Tokyo avant de poser ses valises ici.
Résultat ? Une salle toujours pleine, une ambiance jeune et décontractée, et des prix qui ne font pas pleurer. Comptez 14-18 € le ramen, 8 € le katsu sando. Et si vous venez en solo, le comptoir face aux cuistots est une expérience à lui tout seul.
- Bol tonkotsu signature – 16 €
- Katsu sando (à partager ou pas, moi jamais) – 8 €
- Gyozas poulet-citronnelle – 7 € les 5
- Saké chaud en hiver – priceless
Franchement ? C’est le genre d’adresse qu’on garde jalousement pour soi… mais bon, je partage.
Rosario : l’Espagne qui déménage dans l’assiette
Passons à quelque chose de complètement différent. Direction le quartier Odéon où un bout de péninsule ibérique a élu domicile. Rosario, c’est d’abord un nom qui claque, ensuite une salle tout en bois et carrelage andalou, et enfin une carte qui donne envie de commander la totalité des plats.
Ici, on ne fait pas dans la demi-mesure. Le jamon ibérico de bellota est découpé minute, fondant, presque criminellement bon. Les pimientos de padrón jouent à la roulette russe (un sur dix qui arrache, tradition respectée). Mais le moment où j’ai failli pleurer de bonheur, c’est l’arrivée de la tortilla de patatas « al momento » : crémeuse au centre, dorée dehors, servie dans une mini-poêle en fonte encore brûlante.
Et puis il y a les vins. Une carte exclusivement espagnole, avec des références qu’on ne trouve presque jamais à Paris. J’ai craqué pour un ribeiro bien frais qui s’entendait parfaitement avec les croquetas au jambon (soyeuses, coulantes, addictives).
Ce qui m’a marqué aussi, c’est l’énergie du lieu. Le service est chaleureux sans être envahissant, on sent que l’équipe kiffe ce qu’elle fait. À tel point que j’y suis retourné trois jours après ma première visite… et que j’ai réservé pour Noël (oui, déjà).
Minet Galant : le néo-bistrot qui réinvente la tradition
Et si on revenait à nos classiques français, mais revisités avec une bonne dose d’audace ? Minet Galant, c’est exactement ça. Un nom qui fait sourire, une déco mi-rétro mi-contemporaine, et surtout une cuisine qui joue entre héritage et modernité avec une maîtrise impressionnante.
Le chef a bossé chez les plus grands avant de se lancer, et ça se sent. Prenez le œuf mayo : chez lui, c’est un œuf mollet pané, posé sur une mayonnaise légère au citron vert et yuzu, avec un trait de poutargue râpée. Simple en apparence, diabolique en bouche. Le genre de plat qui fait dire « ah oui, quand même ».
En plat, le pigeon laqué au miel et épices m’a scotché : cuisson parfaite, peau croustillante, jus réduit juste comme il faut. Accompagné d’une polenta crémeuse aux cèpes, c’était le plat réconfort par excellence pour un soir de novembre.
« On veut que les gens se sentent comme à la maison, mais avec des assiettes qu’ils n’auraient jamais osé faire eux-mêmes » explique le jeune chef, à peine 32 ans et déjà une sacrée patte.
La carte des vins est courte mais maligne, avec beaucoup de jolis flacons en bio ou nature. Et les prix restent honnêtes pour le niveau : menu déjeuner à 29 €, dîner autour de 55 €. Réservation quasi obligatoire le soir.
Alors, lequel choisir selon votre mood ?
Pour résumer (même si c’est dur de choisir) :
- Vous sortez du bureau, il pleut, vous avez besoin d’un câlin culinaire → Ukiyo Ramen direct
- Vous avez envie de soleil dans l’assiette et d’une soirée qui s’éternise → Rosario sans hésiter
- Vous voulez impressionner quelqu’un ou simplement vous faire plaisir avec de la grande cuisine française → Minet Galant
Moi ? Je les fais tous les trois, en alternance. Parce que novembre est long, et que Paris, quand on sait où regarder, reste la plus belle ville du monde pour manger.
Et vous, vous avez déjà votre cantine de l’hiver ? Dites-moi en commentaire laquelle de ces adresses vous tente le plus… ou si j’en ai raté une qui mérite le détour. On partage les bons plans, c’est fait pour ça.
