Vous vous êtes déjà demandé jusqu’où une famille pouvait être prête à aller pour protéger l’un des siens ? Moi oui, surtout quand j’ai découvert cette histoire qui sent à la fois le vieux parfum de cité et le soufre des gros trafics.
Imaginez : une mamie de 78 ans, jamais fichée, qui se retrouve menottée un lundi matin dans son appartement de La Courneuve. Avec elle, ses deux petits-fils. Motif ? Trafic de stupéfiants et recel. Et le fils de cette dame ? Un nom qui fait frissonner les stups depuis vingt ans, actuellement à l’isolement dans la prison la plus sécurisée de France. Coïncidence ? On nous dit que oui. Mais franchement… on y croit à moitié.
Une perquisition qui tombe au pire (ou au meilleur ?) moment
Lundi 24 novembre, tôt le matin. Les policiers de la PJ débarquent place Georges-Braque, à La Courneuve. Le chien renifle, marque l’arrêt net devant une porte. À l’intérieur : une septuagénaire, ses deux petits-enfants adultes, et ce que tout le monde redoutait de trouver.
Le bilan de la fouille est plutôt parlant :
- Plus de 8 000 euros en liquide, planqués un peu partout – même sur la grand-mère, paraît-il
- 400 grammes de cannabis, pas de quoi faire tomber un réseau, mais suffisant pour poser des questions
- Les clés d’une voiture signalée volée
Quarante-huit heures de garde à vue plus tard, jeudi soir, tout le monde ressort libre. Aucune charge retenue pour l’instant. L’enquête continue, nous dit-on. Mais dans les couloirs du tribunal de Bobigny, on hausse les épaules : « Pas assez pour inculper, trop pour faire comme si de rien n’était. »
Le fantôme de la permission de sortie
Ce qui rend l’affaire brûlante, c’est le timing. Absolument infernal.
Le même lundi, le fils de la mamie – appelons-le le « gros poisson » – obtenait une permission de sortie exceptionnelle. Objectif officiel : aller voir un futur employeur près de Lyon, dans le cadre de sa réinsertion. Il est libérable en 2029, il a « bon comportement », un juge a signé. Jusque-là, tout va bien.
Sauf que ce détenu-là n’est pas n’importe qui. En 2014, un commando armé avait attaqué son fourgon pénitentiaire à la kalachnikov pour le libérer. Deux semaines de cavale, puis recapture. Depuis, il est considéré comme l’un des dix narcotrafiquants les plus dangereux de France. Et on le laisse sortir… sans escorte. Juste avec sa femme.
« On marche sur la tête », lâchait un syndicaliste pénitentiaire à l’époque. Je crois qu’on est nombreux à penser pareil aujourd’hui.
Il est rentré sagement à 21 heures, le lundi soir. Quelques heures après l’interpellation de sa mère et de ses neveux. Les enquêteurs jurent la main sur le cœur qu’il n’y a aucun lien. Mouais.
Une famille pas si clean que ça
Officiellement, la grand-mère et ses petits-fils étaient inconnus des services de police. Blanc comme neige. Mais creusez un peu dans les archives et vous tombez sur le nom de famille : dans les années 2000-2010, les frères du narco incarcéré faisaient partie des poids lourds du trafic en Seine-Saint-Denis. Go-fast, tonnes de cannabis, règlements de comptes… l’époque où la cité tremblait.
Aujourd’hui, la nouvelle génération aurait pris le relais ? Ou simplement hébergé mamie qui, elle, toucherait peut-être quelques « aides familiales » un peu particulières ? Les 8 000 euros en liquide posent question. À 78 ans, on ne gagne plus vraiment ce genre de sommes au Loto.
Et puis il y a cette phrase qui revient dans les conversations de quartier : « Chez eux, même les vieux savent où est planqué l’argent. » Cru, mais révélateur.
Vendin-le-Vieil, l’enfer des narcos
Pour ceux qui ne connaissent pas, la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, c’est le QHS nouvelle génération. Conçue pour les détenus les plus dangereux : terroristes, grands bandits, narcotrafiquants de haut vol. Caméras partout, portiques, fouilles intégrales, isolement presque total.
Y être transféré, c’est la fin du game. Sauf que même là, certains arrivent à garder la main sur leurs affaires dehors. Téléphones introduits, ordres qui passent, argent qui circule. La permission de sortie récente a remis ce sujet sur la table : jusqu’où peut-on faire confiance à un détenu classé DPS (détenu particulièrement surveillé) ?
La polémique qui enfle
Dès que l’info est sortie, les réseaux se sont enflammés. Politiciens, syndicats de police, avocats, tout le monde y va de son commentaire. Gérald Darmanin a annoncé vouloir déposer un texte pour durcir les conditions de permission pour les détenus à haut risque. Trop tard ? Peut-être.
Ce qui choque le plus, c’est le contraste :
- D’un côté, une vieille dame qu’on imagine tricotant devant Plus belle la vie, interpellée comme une délinquante
- De l’autre, son fils, responsable de l’importation de centaines de kilos de drogue, qui se balade quelques heures en liberté
Entre les deux, une zone grise immense où se mêlent loyauté familiale, argent sale et impunité apparente.
Et maintenant ?
L’enquête de la police judiciaire continue. On parle de possibles écoutes, de surveillance renforcée. La mamie et ses petits-fils restent dans le viseur, même s’ils dorment chez eux ce soir.
Quant au fils, il est retourné dans sa cellule ultra-sécurisée. Mais pour combien de temps encore pourra-t-on le tenir à l’écart du monde qu’il a contribué à pourrir ?
Ce qui est sûr, c’est que cette affaire illustre parfaitement l’un des plus gros problèmes français : les réseaux de narcotrafic ne meurent jamais vraiment. Ils se transmettent, se cachent derrière des grands-mères, des cousins, des permissions de sortie. Et parfois, ils nous regardent droit dans les yeux en souriant.
Alors, simple coïncidence ? Ou preuve que certains sont toujours intouchables, même derrière les barreaux ?
Je vous laisse juges. Moi, j’ai mon idée.
(Article mis à jour le 29 novembre 2025 – l’enquête est toujours en cours)
