Vous souvenez-vous encore de cette sensation étrange quand on entendait parler d’un nouveau virus venu d’ailleurs ? Moi oui, très bien. Et pourtant, en ce début décembre 2025, l’histoire semble se répéter, mais avec un acteur qu’on avait presque oublié : le coronavirus MERS. Deux cas viennent d’être confirmés en France chez des personnes rentrées d’un voyage dans la péninsule Arabique. Rien de dramatique pour l’instant, mais assez pour remettre tout le monde sur le qui-vive.
Franchement, quand j’ai vu l’info passer, j’ai eu un petit frisson. Pas une panique à la 2020, non, mais ce rappel brutal que la planète reste un immense terrain de jeu pour les virus. Et celui-ci n’est pas n’importe lequel.
Le retour discret mais inquiétant du MERS-CoV sur le sol français
Ce n’est pas tous les jours qu’on parle du MERS. Le Covid a tellement monopolisé la scène ces dernières années qu’on en viendrait presque à oublier que d’autres coronavirus rôdent encore. Pourtant, deux patients viennent d’être pris en charge dans des hôpitaux français après un diagnostic positif au MERS-CoV. Ils revenaient du même voyage. Coïncidence ? Absolument pas.
Leur état est décrit comme stable, ce qui est déjà une bonne nouvelle. Mais par précaution – et on sait à quel point la prudence est devenue une seconde nature depuis quelques années – ils ont été isolés et toutes les mesures classiques ont été déployées : recherche des cas contacts, dépistage des autres voyageurs du groupe, rappel des gestes barrières, surveillance renforcée. Bref, le protocole complet.
Ce qui frappe, c’est la rareté de l’événement. En France, on n’avait recensé que deux cas… en 2013. Douze ans sans la moindre alerte locale, et voilà que deux apparaissent d’un coup. Hasard du calendrier ou signe que le virus circule plus qu’on ne le pense ?
D’où vient vraiment ce virus et pourquoi il fait peur
Le MERS-CoV, c’est un peu le cousin méconnu mais particulièrement dangereux du SRAS et du Covid-19. Apparu pour la première fois en 2012 en Arabie Saoudite, il a rapidement montré qu’il ne plaisantait pas. Son taux de létalité ? Autour de 35 %. Oui, vous avez bien lu. Trente-cinq pour cent. À côté, le Covid fait presque figure de grippe saisonnière.
Mais il y a une contrepartie, et elle est énorme : il se transmet très mal d’humain à humain. La plupart des contaminations se font via un contact avec des dromadaires infectés – oui, les chameaux, ces beaux animaux qu’on adore photographier dans le désert. Le virus est endémique chez eux dans toute la péninsule Arabique et dans certaines régions d’Afrique. Les chauves-souris jouent aussi le rôle de réservoir naturel.
Le MERS est l’exemple typique du virus qui pourrait devenir catastrophique s’il apprenait à mieux se transmettre entre nous. Pour l’instant, il reste surtout zoonotique.
– Un virologue spécialisé dans les coronavirus émergents
Entre 2012 et aujourd’hui, un peu plus de 2 600 cas ont été recensés dans le monde. La grande majorité en Arabie Saoudite. Des épidémies nosocomiales (dans les hôpitaux) ont parfois fait très mal, notamment en Corée du Sud en 2015 où un seul cas importé avait déclenché une vague de 186 contaminations et 38 morts. C’est là qu’on voit le potentiel explosif quand les conditions sont réunies.
Les symptômes : on dirait le Covid, en pire
Fièvre, toux, difficultés respiratoires, fatigue intense… Sur le papier, rien de très original. Le MERS-CoV provoque un tableau clinique qui ressemble beaucoup à une forme grave de Covid ou à une pneumonie sévère. Sauf que l’évolution peut être fulgurante, surtout chez les personnes fragiles – diabète, maladies cardiaques, insuffisance rénale, immunodépression.
- Incubation : entre 5 et 15 jours (parfois plus court, parfois plus long)
- Premiers signes : fièvre + toux sèche
- Aggravation rapide possible : détresse respiratoire aiguë
- Formes asymptomatiques ou légères : elles existent, mais restent rares
Le problème, c’est que quand les symptômes apparaissent, il est parfois déjà tard. Et il n’existe toujours pas de traitement spécifique ni de vaccin validé pour le grand public. On soigne les symptômes, on met sous oxygène, parfois sous ventilation mécanique. C’est du lourd.
Comment les deux patients français ont-ils été contaminés ?
Là, on entre dans le flou artistique – volontaire. Les autorités parlent d’un « voyage commun en péninsule Arabique » sans préciser le pays exact. Arabie Saoudite ? Émirats ? Oman ? Qatar ? On ne saura probablement jamais. Ce qui est sûr, c’est que les deux personnes ont probablement été en contact avec des dromadaires ou des produits dérivés (lait cru, viande mal cuite) ou qu’elles se trouvaient dans un lieu où le virus circulait discrètement.
J’ai une petite pensée pour tous ceux qui rêvent de balades à dos de chameau dans le désert. C’est magnifique, je l’ai fait, mais désormais je regarderais peut-être le dromadaire avec un peu plus de méfiance. Le lait de chamelle cru, très à la mode dans certains cercles bien-être, c’est niet aussi. Le virus résiste à la pasteurisation légère.
Les autorités ont-elles raison de minimiser tout en restant vigilantes ?
D’un côté, on nous dit : « pas de panique, aucun cas secondaire identifié à ce stade ». De l’autre, tout l’arsenal est déployé. Et franchement, je trouve ça plutôt rassurant. On a appris des erreurs du passé. Le souvenir du patient coréen qui avait contaminé des dizaines de personnes dans plusieurs hôpitaux hante encore les épidémiologistes.
Aujourd’hui, le suivi des contacts est ultra-rapide, les tests PCR spécifiques MERS existent, les hôpitaux savent isoler correctement. Bref, on n’est plus en 2015.
Toutes les mesures de gestion ont été mises en place afin de limiter le risque de transmission du virus à l’entourage et aux personnels soignants.
Traduction : on surveille tout le monde de très près. Les autres participants du voyage sont suivis, les cas contacts testés, les soignants protégés. C’est du sérieux sans être alarmiste.
Et nous, voyageurs, qu’est-ce qu’on doit retenir ?
Si vous prévoyez un séjour dans le Golfe ou en Arabie Saoudite, quelques réflexes simples peuvent tout changer :
- Éviter le contact direct avec les dromadaires (ça fait mal au cœur, mais bon)
- Ne pas consommer de lait de chamelle cru ni de viande insuffisamment cuite
- Se laver très régulièrement les mains (comme on a appris à le faire, finalement)
- Porter un masque dans les foules ou les lieux clos si vous êtes fragile
- Consulter rapidement en cas de fièvre + toux dans les 15 jours suivant le retour
Ce n’est pas la peine d’annuler son voyage pour autant. Le risque reste extrêmement faible pour le voyageur moyen. Mais un peu de vigilance n’a jamais tué personne – contrairement au virus, lui, si.
Pourquoi le MERS-CoV reste une menace qu’on ne peut pas ignorer
L’aspect le plus inquiétant, c’est le potentiel d’évolution du virus. Les coronavirus ont cette fâcheuse tendance à muter. Et si un jour une version du MERS apprenait à se transmettre facilement d’humain à humain tout en gardant sa létalité actuelle ? Ce scénario cauchemar, les scientifiques l’ont modélisé. Et il n’est pas beau à voir.
Pour l’instant, on est loin du compte. Mais chaque cas importé est une piqûre de rappel : la mondialisation, c’est aussi la mondialisation des virus. Un voyageur infecté peut ramener la menace en quelques heures n’importe où sur la planète.
Et puis il y a cette question qui me trotte dans la tête : combien de cas passent inaperçus dans les pays où la surveillance est moins performante ? Le chiffre officiel de 2 600 cas depuis 2012 est probablement très sous-estimé.
Un épilogue pour l’instant rassurant… mais à suivre
Aujourd’hui, les deux patients vont bien, aucun nouveau cas n’a été signalé parmi leurs contacts, et la situation semble sous contrôle. On respire. Un peu.
Mais cet épisode nous rappelle une chose essentielle : les virus ne prennent jamais de vacances. Ils attendent leur moment, tapis dans l’ombre d’un élevage de dromadaires ou dans les ailes d’une chauve-souris. Et quand on baisse la garde, ils savent nous le faire savoir.
Alors oui, pas de psychose. Mais restons attentifs. Parce que l’histoire nous l’a prouvé plusieurs fois : ce n’est jamais quand on s’y attend que ça arrive.
Prenez soin de vous. Et si vous rentrez du Moyen-Orient avec 39 de fièvre, appelez le 15 avant d’aller voir votre médecin de famille. On ne sait jamais.
