Imaginez-vous rentrer chez vous un soir d’avril, dans ce coin tranquille du Périgord où le temps semble s’être arrêté depuis des décennies. Vous poussez la porte et là, l’impensable. C’est exactement ce qui est arrivé à une femme de 65 ans, une figure appréciée dans son village. Presque neuf mois plus tard, personne ne sait encore qui a bien pu commettre un acte d’une telle brutalité. Et pourtant, l’enquête continue, plus déterminée que jamais.
Franchement, quand on suit les affaires criminelles depuis un moment, on finit par se demander si certaines ne resteront pas à jamais dans les limbes. Celle-ci, pourtant, a tout pour marquer les esprits : une violence rare, un cadre presque idyllique, et une victime qui semblait n’avoir que des amis. Alors pourquoi ce silence ?
Un crime qui glace encore le Périgord
Le 29 avril dernier, en fin de soirée, le corps de Karen Carter est découvert à son domicile de Trémolat, petit village de Dordogne posé entre les méandres de la rivière et les forêts de châtaigniers. Les blessures sont effroyables. On parle d’une violence particulière, d’un objet tranchant utilisé avec une rage difficile à imaginer. Le genre de scène qui marque même les gendarmes les plus aguerris.
Ce qui rend l’histoire encore plus troublante, c’est que la victime n’avait a priori aucun ennemi. Installée depuis plusieurs années dans la région, elle menait une vie paisible, entre jardinage, sorties entre amis et même un peu de sport – elle jouait dans une équipe de foot féminine pour les plus de 50 ans, les fameuses « Reines du foot ». Quelques semaines avant sa mort, elle revenait même d’un tournoi international en Afrique du Sud. Une femme active, souriante, intégrée. Le profil parfait pour un crime qui n’aurait jamais dû arriver.
L’appel à témoins : le signe d’une enquête en difficulté
Ce mercredi, la gendarmerie a franchi un cap que l’on redoutait : elle lance un appel à témoins public. En clair, après des centaines d’auditions, des analyses poussées et des pistes explorées jusqu’au bout, on a besoin de vous, de moi, de n’importe qui pourrait détenir la plus petite information.
« Vos témoignages peuvent s’avérer cruciaux pour l’avancée des investigations »
Message officiel de la gendarmerie de Dordogne
Un numéro dédié a été mis en place, ainsi qu’une adresse mail. Rien de plus simple pour transmettre un détail qui vous semblerait anodin : une voiture inconnue vue ce soir-là, une silhouette, un bruit suspect. Parfois, c’est exactement ce genre de rien qui fait basculer une enquête.
Un compagnon brièvement suspecté, puis blanchi
Comme souvent dans ce type d’affaires, le regard se tourne d’abord vers l’entourage proche. C’est le nouveau compagnon de Karen Carter qui découvre le corps en rentrant, vers 22 heures. Logiquement, il est placé en garde à vue. Mais très vite – en quelques heures à peine – les enquêteurs comprennent qu’il n’y est pour rien. Aucune trace, aucun mobile crédible, aucun mensonge dans son récit. Il est relâché et n’est plus inquiété depuis.
Cette étape, aussi brutale soit-elle pour la personne concernée, est presque un classique. Elle permet d’écarter rapidement une piste et de se concentrer sur l’extérieur. Et là, c’est le vide… ou presque.
Des pistes multiples, aucune ne tient vraiment
L’aspect le plus déroutant, c’est la multitude de scénarios envisagés – et tous écartés les uns après les autres.
- Le cambriolage qui tourne mal ? Rapidement abandonné. Rien ne manque dans la maison, aucun signe d’effraction.
- Un crime passionnel ? Aucune trace de jalousie explosive, aucune lettre, aucun message menaçant.
- Un rôdeur opportuniste ? Possible, mais dans un village aussi calme, ça paraît étrange.
- Une commande venue de l’étranger ? L’idée a été sérieusement étudiée – on parle même de tueur à gages. Pourquoi ? Parce que Karen Carter avait la double nationalité britannique et sud-africaine, et donc une partie de sa vie loin de la France.
Cette dernière hypothèse a donné à l’affaire une dimension internationale inattendue. Des auditions ont eu lieu en Angleterre, d’autres en Afrique du Sud. Des dizaines et des dizaines de personnes entendues. Des voyages, des commissions rogatoires. Tout ça pour, à ce jour, revenir bredouille.
Je ne vais pas vous mentir : quand une enquête criminelle en arrive à explorer la piste d’un contrat passé à l’autre bout du monde, c’est soit qu’on a des éléments concrets très solides… soit qu’on cherche absolument n’importe quoi pour faire avancer le dossier. Dans ce cas précis, on penche plutôt pour la deuxième option.
Pourquoi cette affaire nous touche autant
Il y a des crimes qui passent presque inaperçus, noyés dans l’actualité. Et puis il y a ceux-là. Ceux qui restent en tête.
Karen Carter, ce n’était pas une personnalité publique. Juste une femme de 65 ans qui avait choisi la douceur du Périgord pour sa retraite. Une étrangère bien intégrée, qui parlait français avec l’accent, qui participait à la vie locale. Le genre de personne que l’on croise au marché et à qui on dit bonjour avec le sourire.
Et c’est peut-être ça qui rend l’histoire si dérangeante. Si ça peut arriver à elle, dans son petit coin de campagne, alors personne n’est vraiment à l’abri. L’idée qu’un tueur puisse frapper avec une telle violence, puis disparaître sans laisser de trace, ça fait froid dans le dos.
Et maintenant ?
L’appel à témoins lancé cette semaine n’est pas anodin. C’est un message clair : on a tout essayé, ou presque. Reste l’espoir qu’une mémoire se réveille, qu’un détail refasse surface, qu’une conscience parle enfin.
Dans les affaires non élucidées, on sait que le temps joue contre les enquêteurs. Les souvenirs s’estompent, les témoins déménagent, parfois disparaissent. Chaque jour qui passe rend la résolution plus difficile. Mais parfois, un simple coup de fil change tout. Souvenez-vous de l’affaire Grégory, des décennies plus tard, ou plus récemment de certains cold cases résolus grâce à une lettre anonyme.
Alors si vous habitez la Dordogne, si vous étiez dans le secteur de Trémolat au printemps dernier, si quelque chose vous a paru bizarre ce soir-là… n’attendez pas. Un appel, un mail, et peut-être que cette histoire trouvera enfin sa conclusion.
Parce qu’au-delà des statistiques et des procédures, il y a une famille qui attend des réponses. Des amis qui n’arrivent pas à faire leur deuil. Et un village qui, neuf mois après, vit encore avec cette ombre au-dessus de la tête.
On ne sait pas si la vérité finira par éclater. Mais une chose est sûre : tant que l’enquête reste ouverte, il reste de l’espoir. Et parfois, c’est déjà beaucoup.
(Article mis à jour le 29 novembre 2025 – L’enquête est toujours en cours)
