Vous est-il déjà arrivé de faire défiler votre feed Instagram et de vous arrêter net sur une photo, parce que, soudain, vous apprenez que la personne souriante dessus n’est plus de ce monde ? C’est ce qui m’a happé il y a quelques jours. Une jeune femme radieuse, 32 ans, des milliers d’abonnés, un univers tout en pastel et en conseils beauté… et puis plus rien. Juste une disparition brutale qui a tourné au cauchemar.
Ce genre d’histoire, on croit toujours que ça n’arrive qu’aux autres. Et pourtant.
Quand la jalousie devient un tueur
Dimanche 23 novembre dernier, en Autriche. Elle s’appelle Stefanie, même si je vais éviter de trop la nommer pour respecter ce qu’il reste d’intimité à sa mémoire. Influenceuse confirmée dans la mode et la beauté, elle vit à Graz, une ville plutôt tranquille. La veille, elle a fait la fête avec des amis. Elle rentre vers sept heures du matin – rien d’exceptionnel pour une trentenaire qui profite de la vie.
Mais ce matin-là, elle ne se présente pas à un shooting photo prévu de longue date. Son collègue s’inquiète, appelle, rien. Il alerte la police.
Les agents débarquent à son appartement. Le chien est là, seul, un peu perdu. Et lui aussi : son ex-petit ami, encore présent dans les lieux. Il dit calmement qu’il garde simplement l’animal. Les policiers notent, repartent. Quelque chose cloche, mais rien de tangible pour l’instant.
Les voisins ont tout entendu
Puis les témoignages tombent. Vers huit heures, une dispute violente. Des cris, des meubles qui claquent, une voix d’homme qui monte dans les aigus. Ensuite, plus rien. Un silence de mort.
Peu après, des voisins le voient sortir de l’immeuble avec un gros rouleau sur l’épaule. Une bâche ? Un tapis ? En tout cas, quelque chose de lourd et d’encombrant. Il charge sa voiture et disparaît.
Les caméras de vidéosurveillance font le reste : on le suit jusqu’à la frontière slovène, puis en pleine forêt, puis il revient… les mains vides.
La voiture qui brûle
Le lendemain, la police le retrouve sur le parking d’un supermarché, tout près de la frontière. Il est en train de mettre le feu à sa propre voiture. Paniqué ? En train d’effacer des preuves ? Les deux, sûrement.
Interpellé, il nie d’abord. Classique. Puis, au fil des heures, la machine se grippe. Il craque. Et là, tout sort.
« Je ne voulais pas le faire… Je ne voulais pas… »
C’est ce qu’il répète en boucle à son avocate. Il dit qu’il était en état de choc en la voyant inanimée devant lui. Qu’il n’arrive toujours pas à comprendre comment il a pu faire ça à la femme qu’il prétendait aimer plus que tout.
Le récit glaçant des faits
Selon ses aveux, tout aurait basculé lors d’une énième dispute sur fond de jalousie. Elle rentrait de soirée, il lui a reproché ses sorties, ses amis, ses photos un peu trop sexy peut-être. Les mots ont fusé. Puis les mains.
Il l’aurait étranglée. Pas un coup, pas une gifle. Une strangulation longue, déterminée. Quand il a réalisé qu’elle ne respirait plus, il a paniqué.
- Il a plié le corps dans une grande valise.
- Il l’a installé sur la banquette arrière.
- Il a roulé jusqu’en Slovénie, à une heure de route environ.
- Il a creusé un trou en pleine forêt.
- Et il a enterré celle qu’il disait aimer.
Ensuite, retour à Graz comme si de rien n’était. Jusqu’à ce que la voiture brûle et que tout s’effondre.
Un « crime passionnel » ? Vraiment ?
On entend souvent cette expression, « crime passionnel ». Elle a quelque chose de presque romantique dans l’imaginaire collectif. Comme si la passion pouvait excuser la barbarie. Moi, je trouve ça révoltant.
Parce qu’en réalité, il n’y a rien de passionnel là-dedans. Il y a de la possession. De la contrôle. De la violence ordinaire qui, un jour, bascule dans l’irréparable. Et une femme de plus qui paie de sa vie le fait de vouloir vivre librement.
Stefanie n’est pas la première influenceuse victime de ce genre de drame. On se souvient de certaines affaires aux États-Unis, au Brésil, ailleurs. Le cocktail est souvent le même : visibilité publique, jalousie maladive, sentiment de propriété sur le corps et la vie de l’autre.
Le rôle toxique des réseaux sociaux
Être influenceuse, c’est exposer sa vie. Ses looks, ses sorties, ses amis, parfois ses relations. Chaque photo peut devenir un prétexte à dispute quand on vit avec quelqu’un de possessif.
Je ne dis pas que les réseaux sociaux tuent. Mais ils amplifient parfois des dynamiques déjà malsaines. Un commentaire anodin sous une photo, un like de trop, une story où elle danse avec quelqu’un… Et chez certains, ça devient une obsession.
Stefanie postait des selfies, des tutoriels maquillage, des tenues élégantes. Rien de provocant. Juste une jeune femme qui construisait sa carrière. Et ça a suffi pour déclencher la rage.
Que dit la loi en Autriche ?
Le suspect, un Slovène de 31 ans, est actuellement incarcéré à la prison de Graz-Jakomini. Il risque entre 10 et 20 ans de prison, voire la perpétuité si les circonstances aggravantes sont retenues – ce qui semble probable vu la préméditation dans la dissimulation du corps.
L’Autriche a renforcé sa législation sur les féminicides ces dernières années, notamment après plusieurs affaires médiatisées. Mais comme partout, le chemin est encore long.
Et après ?
Ses abonnés, eux, découvrent la nouvelle au compte-gouttes. Certains pensaient qu’elle faisait juste une pause digitale. D’autres ont vu les articles de presse et ont compris.
Sur son compte Instagram, les derniers posts sont figés dans le temps. Un sourire éclatant, une robe d’automne, un café à la main. La vie d’avant.
On peut imaginer la douleur de sa famille, de ses amis, de ceux qui travaillaient avec elle. Un vide immense.
« Mon client est complètement anéanti. Il regrette profondément. »
Son avocate, quelques jours après les aveux
Des mots qui sonnent creux quand on sait qu’aucun regret ne ramènera Stefanie.
Un signal d’alarme pour nous toutes et tous
Ce drame me ramène à une question qu’on devrait se poser plus souvent : comment repère-t-on les signaux avant-coureurs ? La jalousie excessive, les remarques constantes sur les tenues, les amis, les sorties… Ce sont des drapeaux rouges qu’on minimise trop souvent.
- Contrôler le téléphone de l’autre
- Vouloir décider avec qui on sort
- Faire des scènes pour une photo sur les réseaux
- Isoler progressivement du cercle amical
Tout ça, ce n’est pas de l’amour. C’est le début d’un engrenage dangereux.
Stefanie avait 32 ans. Une carrière qui décollait. Des projets. Des rêves. Tout ça balayé en quelques minutes de violence.
Aujourd’hui, sa story Instagram est encore visible 24 heures avant de disparaître pour toujours. Comme un fantôme numérique qui nous rappelle que derrière chaque profil parfait, il y a une vraie vie. Et parfois, une fin tragique.
Repose en paix, Stefanie.
(Article mis à jour le 1er décembre 2025 – l’enquête se poursuit, le procès n’a pas encore eu lieu)
