Vous souvenez-vous de cette soirée de décembre 2024 où une ancienne hôtesse de l’air a été sacrée plus belle femme de France ? Moi oui, très bien. Et pourtant, un an plus tard, on a presque l’impression que tout le monde préfère oublier Angélique Angarni-Filopon. Ce samedi, elle rendra sa couronne avec, semble-t-il, un immense soulagement. Entre nous, on peut le comprendre.
Parce que non, tout ne s’est pas passé comme dans les contes de fées version paillettes et sourires figés. Loin de là.
Un sacre qui laissait déjà perplexe
Dès le lendemain de son élection, les réseaux sociaux se sont enflammés. Pas dans le bon sens du terme. Les commentaires étaient rudes, parfois violents. On lui reprochait son physique, son élocution, son manque de charisme selon certains. Bref, tout y passait. À croire que la France entière avait oublié qu’on élisait une jeune femme de 24 ans, pas une candidate à la présidentielle.
Ce que beaucoup ignoraient, c’est qu’Angélique est une personne particulièrement sensible. Une « à fleur de peau » comme on dit parfois. Et quand vous recevez des milliers de messages vous disant que vous ne méritez pas votre place, ça laisse des traces.
« Elle manque cruellement de popularité auprès du grand public »
Un observateur régulier du concours
Le choix délibéré de la discrétion
Très vite, la nouvelle Miss France a pris une décision radicale : limiter au maximum ses apparitions médiatiques. Exit les plateaux télé à répétition, les interviews fleuve et les stories Instagram quotidiennes. Elle a préféré se concentrer sur les déplacements officiels, les élections régionales et les rencontres avec les fans dans les galeries commerciales.
Une stratégie qui a surpris. D’habitude, les Miss enchaînent les émissions. Là, silence radio. Certains y ont vu de la froideur, d’autres une forme de protection. Personnellement, je penche pour la deuxième option. Quand on sait le niveau de violence des attaques, on comprend qu’elle ait voulu se mettre en retrait.
- Peu d’interviews nationales
- Présence minimale sur les réseaux sociaux
- Refus de nombreuses invitations télé
- Participation limitée à Danse avec les stars comme rare grosse exposition
Le cyberharcèlement : une violence quotidienne
Parlons-en franchement. Ce qu’a vécu Angélique dépasse l’entendement. Des insultes sur son physique, bien sûr. Mais aussi sur son intelligence, son parcours, son accent, sa façon de marcher, de sourire, de respirer presque. Des montages photo humiliants, des comptes dédiés à sa haine, des pétitions pour qu’elle rende sa couronne. Rien ne lui a été épargné.
Et le pire ? Une partie de cette haine venait… d’anciens fans du concours. Ceux-là mêmes qui passent leurs soirées de décembre devant l’élection. Comme si une Miss ne correspondait pas à leurs critères personnels, elle n’avait plus le droit d’exister.
J’ai vu des captures d’écran qui m’ont retourné l’estomac. Des messages souhaitant le malheur, la maladie, parfois pire. Tout ça parce qu’une jeune femme a gagné un concours de beauté. Absurde et terrifiant à la fois.
Les rares moments de lumière
Parce qu’il y en a eu, heureusement. Les déplacements en régions, par exemple. Là, au contact direct des gens, Angélique retrouvait le sourire. Les élections des Miss régionales, les visites dans les hôpitaux, les rencontres avec les enfants. Ces moments où on lui disait merci, où on la prenait en photo avec émotion. Ça, c’était le vrai rôle de Miss France.
Son aventure dans Danse avec les stars a aussi été un bol d’air. Enfin une exposition positive, enfin des commentaires encourageants. Elle s’est révélée bonne danseuse, appliquée, touchante. Pour une fois, les réseaux parlaient de son talent plutôt que de son apparence.
Pourquoi une telle hostilité ?
C’est la question que tout le monde se pose. Plusieurs éléments se combinent :
- Un sacre perçu comme « surprise » (beaucoup misaient sur d’autres candidates)
- Un physique qui ne correspondait pas aux canons habituels selon certains
- Une personnalité discrète dans un monde qui exige l’extraversion permanente
- Les réseaux sociaux qui amplifient la haine de quelques-uns jusqu’à la faire paraître majoritaire
Et puis il y a cette terrible mécanique : plus on critique, plus on est visible. Les comptes haineux ont compris ça très vite. Taper sur la Miss du moment garantit les likes et les partages. Triste réalité.
Le comité Miss France dans tout ça
On ne peut pas dire qu’ils l’aient abandonnée. Mais on peut se demander s’ils l’ont assez protégée. Formation au médias ? Accompagnement psychologique renforcé ? Communication de crise ? On a parfois eu l’impression qu’elle était un peu seule face à la tempête.
Des voix s’élèvent d’ailleurs pour demander une évolution : mieux préparer les candidates à la violence en ligne, repenser la communication, peut-être même changer certaines règles du concours pour éviter ces polémiques récurrentes.
Et maintenant ?
Ce samedi soir au Zénith d’Amiens, Angélique passera la couronne. Probablement avec des larmes. Des larmes de soulagement, sans doute. Elle pourra enfin retrouver une vie normale, loin des projecteurs et des haters.
Quant à Miss France 2026, elle hérite d’un concours sous tension. Les attentes seront énormes. La pression encore plus forte. Espérons qu’elle sera mieux armée face à la jungle des réseaux sociaux.
Parce qu’au fond, c’est ça le vrai problème. Pas Angélique. Pas son physique ou sa personnalité. Mais nous. Notre rapport maladif à l’image, à la perfection, à la haine facile derrière un écran.
Angélique Angarni-Filopon n’aura peut-être pas été la Miss France la plus populaire. Mais elle aura été, à sa manière, celle qui nous aura forcés à regarder en face la violence de notre époque.
Et ça, paradoxalement, c’est une forme de courage.
PS : Ce soir-là, quand elle descendra de scène pour la dernière fois, j’espère qu’on pensera à lui dire merci. Merci d’avoir tenu bon. Merci d’avoir porté la couronne malgré tout. Merci d’avoir été humaine dans un monde qui ne le supporte plus.
