Vous souvenez-vous encore de ces soirées Miss France où l’on entendait des « la température va monter d’un cran » juste avant le défilé en maillot ? Moi oui. Et franchement, ça me faisait parfois lever les yeux au ciel. Cette année, en 2025, quelque chose a changé en profondeur, presque en silence, et c’est assez fascinant à observer.
Miss France ne veut plus faire rougir personne (sauf d’émotion)
Le concours reste le même rituel annuel que toute la famille regarde sous le plaid avec un chocolat chaud. Mais le langage, lui, a pris un sérieux coup de jeune. Exit les expressions un peu datées, place à une parole plus directe, plus respectueuse, presque adulte. Et pourtant, personne n’a crié à la révolution. C’est venu naturellement, comme une évidence.
J’ai trouvé ça assez touchant, en réalité. Parce que derrière cette évolution du vocabulaire, il y a une vraie réflexion sur ce que représente aujourd’hui une jeune femme de vingt ans qui se présente à un concours de beauté.
Des mots qui ont purement et simplement disparu
Il y a encore quelques années, les portraits des candidates étaient parfois saupoudrés de « charme à la française », de « sensualité » ou de « tempérament de feu ». Des expressions qui, avec le recul, faisaient un peu sourire jaune.
Aujourd’hui, ces termes ont été rangés au placard. On parle désormais d’élégance, d’assurance, de parcours, de diplômes et d’engagements. C’est tout bête, mais ça change tout.
« On ne peut plus faire la même émission qu’il y a vingt ans. La société a bougé, les candidates aussi, et il faut être cohérent avec ça. »
Un responsable de la production
Et cette cohérence, on la sent à tous les niveaux. Même les annonces des tableaux en maillot de bain ont été repensées. Plus de « ça va chauffer dans la salle ! ». On reste factuel, presque solennel. Et curieusement, ça passe crème.
Jean-Pierre Foucault, le gardien du temple qui évolue aussi
À 78 ans, il présente toujours la soirée avec la même bonhomie. Mais lui aussi a adapté son style. Il le dit lui-même : il a toujours été courtois, jamais vulgaire, mais il veille encore plus à ne jamais mettre une candidate mal à l’aise.
Il raconte qu’à chaque édition, il se demande s’il aura encore l’énergie pour ces trois heures trente de direct. Et puis il arrive sur le plateau, voit les candidates de vingt ans, et se dit qu’il rajeunit avec elles. C’est mignon, non ?
« Grâce aux Miss, je suis un peu comme Mickey : je ne vieillis pas ! »
Jean-Pierre Foucault
Il ajoute quelque chose de très juste : il ne faut pas casser le rêve. On peut moderniser, oui, mais pas tout renverser d’un coup. Sinon le public se sent perdu. Et il a raison. L’évolution se fait en douceur, presque en catimini.
Les candidates choisissent elles-mêmes leur maillot : petite révolution ?
Autre changement discret mais symbolique : pour les séances photo officielles, les jeunes femmes choisissent désormais leur maillot de bain parmi plusieurs modèles. L’objectif ? Qu’elles se sentent à l’aise. Pas que ça « fasse sexy » à tout prix.
Certaines optent pour des une-pièce très couvrants, d’autres pour des bikinis plus échancrés. Mais c’est leur choix. Et ça, c’est nouveau. Avant, tout était plus normé, plus imposé.
Je trouve ça plutôt sain. On passe d’une vision un peu monolithique de la beauté féminine à quelque chose de plus personnel, plus authentique.
Des chiffres qui donnent le vertige
Parce que oui, on peut trouver le concours ringard ou daté (et je comprends tout à fait), mais les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 7,4 millions de téléspectateurs en moyenne l’an dernier
- 45 % de part d’audience
- Pic à 8,4 millions lors de l’annonce des finalistes
- 65 % sur les femmes responsables des achats de moins de 50 ans
- Près de 77 % des 15-34 ans devant leur écran
Autant dire que Miss France reste un monument télévisuel. Et qu’il a intérêt à évoluer avec son époque s’il veut garder cette place.
Une année compliquée pour la Miss sortante
L’édition 2025 avait pourtant mal démarré. La gagnante a vécu un enfer de cyberharcèlement qui l’a obligée à s’éloigner des réseaux et des médias pendant de longs mois. Un épisode douloureux qui a rappelé à tout le monde que derrière la couronne, il y a une jeune femme de chair et de sang.
Paradoxalement, cet événement a peut-être accéléré certaines prises de conscience en interne. On ne peut plus traiter les candidates comme des poupées de porcelaine qu’on expose sans se soucier de leur ressenti.
Et demain ?
On me demande souvent si le concours Miss France a encore sa place en 2025. Ma réponse est oui, mais seulement s’il continue à se remettre en question. Et force est de constater que c’est le cas.
Il n’a pas viré au concours d’éloquence ou à un débat politique. Il reste un divertissement populaire, avec des robes, des sourires et des larmes. Mais il a compris qu’on pouvait garder la magie tout en respectant mieux celles qui la font vivre.
Alors samedi soir, quand vous regarderez l’élection (parce que avouez, vous allez regarder), prêtez l’oreille. Vous verrez : les mots ont changé. Et avec eux, toute une vision de la féminité à la télévision française.
Et quelque part, c’est plutôt une bonne nouvelle.
(Article écrit après avoir assisté à quelques répétitions et discuté avec plusieurs personnes de l’organisation – sans trahir aucune confidence, juste pour vous donner le ton de cette édition 2026 qui s’annonce à la fois fidèle à elle-même et délicieusement différente.)
