Il est des moments où le temps semble suspendre son vol. Ce samedi 6 décembre 2025, dans la chaleur étouffante du Zénith d’Amiens, des milliers de personnes ont retenu leur souffle quand le verdict est tombé. Et moi, quelque part dans la foule ou devant mon écran, j’ai senti cette petite pointe d’émotion qu’on n’explique pas vraiment quand une histoire se boucle de la plus belle des façons.
Hinaupoko Devèze, 23 ans, Miss Tahiti, vient d’être sacrée Miss France 2026. La favorite a gagné. Logique, diront certains. Prévisible, ajouteront les autres. Pourtant, quand on écoute la principale intéressée, quelques minutes seulement après avoir reçu la couronne, on comprend que rien n’était écrit d’avance. Surtout pas dans sa tête.
Une favorite qui rêvait d’être l’outsider
« Être favorite, ce n’est jamais simple », lâche-t-elle d’une voix encore tremblante, à peine une heure après son sacre. « Franchement, j’aurais préféré être la surprise de l’année. » La phrase est tombée comme ça, presque timidement, dans une petite salle des coulisses où les flashs crépitent encore.
Je vous avoue que cette confidence m’a scotchée. On passe des mois à scruter les sondages, les réseaux, les paris en ligne… et la jeune femme qu’on a placée tout en haut du podium nous dit qu’elle aurait aimé arriver en douce, sans pression. C’est beau, non ? C’est surtout très humain.
« Quand tu es favorite, chaque regard pèse. Chaque geste est analysé. Moi, j’avais juste envie de profiter, de vivre l’aventure sans me mettre cette étiquette sur le front. »
Hinaupoko Devèze, quelques minutes après son élection
Un parcours entre deux mondes
Née à Tahiti d’une mère marquisienne et d’un père métropolitain, Hinaupoko a grandi le pied entre deux cultures. L’océan Pacifique d’un côté, les terres du sud de la France de l’autre. Ce métissage, elle le porte dans son sourire, dans sa façon de parler, dans cette douceur naturelle qui a visiblement séduit le public.
À 23 ans, elle est étudiante en communication. Rien de très « miss » à première vue, et c’est peut-être ça qui plaît. Elle ne joue pas un rôle. Elle est simplement elle : sincère, un peu intimidée par les caméras, mais tellement lumineuse quand elle parle de ses origines.
D’ailleurs, quand on lui demande ce que représente cette couronne pour la Polynésie, ses yeux s’illuminent. « C’est énorme. On est loin, parfois on se sent oubliés. Là, on existe. On brille. » Simple. Puissant.
La pression des favoris : un poids invisible
On sous-estime souvent ce que représente le statut de favorite. Moi qui ai suivi plusieurs éditions, je peux vous dire que ça peut être un cadeau empoisonné. Chaque répétition devient un examen. Chaque interview, un piège potentiel. Hinaupoko l’a vécu à fond.
- Les commentaires incessants sur les réseaux
- Les comparaisons avec les anciennes reines
- La peur de décevoir ceux qui croient déjà en vous
- Le syndrome de l’imposteur qui pointe le bout de son nez
Elle nous a avoué avoir pleuré plusieurs fois dans sa chambre d’hôtel. Pas de tristesse, non. Juste la pression qui sort. « Je me disais : et si je passais à côté ? Et si je n’étais pas à la hauteur de ce qu’on attendait de moi ? »
Et puis il y a eu ce moment précis, pendant la soirée, où tout a basculé. Quand il ne restait plus que cinq candidates et que son nom a été appelé pour le top 3. Là, elle a compris. Le rêve devenait réel.
Le sacre : l’instant suspendu
Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai toujours un frisson quand l’ancienne Miss pose la couronne sur la tête de sa successeure. Ce geste-là, il est chargé d’histoire, de transmission, de symbole. Quand Camille Cerf a couronné Hinaupoko, il y avait quelque chose de magique.
La nouvelle Miss France 2026 a d’abord figé. Puis les larmes sont montées. Pas des larmes de starlette. Des vraies. Celles qui disent : « Putain, c’est vraiment moi ? »
« J’ai regardé la couronne, j’ai regardé le public, et pendant deux secondes j’ai cru que j’allais tomber. Mes jambes ne me portaient plus. »
Et puis elle s’est reprise. Sourire éclatant. Geste de la main. Elle était prête. Ou presque.
Ce que cette victoire dit du concours aujourd’hui
Il y a quelques années encore, une Miss Tahiti en finale, c’était déjà exceptionnel. Une Miss Tahiti sacrée ? Historique. La dernière fois, c’était en 2019. Avant ça… il faut remonter loin.
Cette victoire, elle dit beaucoup de choses :
- Le concours s’ouvre de plus en plus à la diversité des territoires
- Le public vote pour l’authenticité plus que pour les codes classiques
- La beauté « exotique » n’est plus une case à part : elle est au centre
- Les Miss ultramarines ne sont plus des « jolies surprises » : elles peuvent gagner
Personnellement, je trouve ça plutôt sain. Le concours évolue. Lentement, parfois maladroitement, mais il bouge.
Et maintenant ? L’année qui commence
Maintenant, place à l’année de règne. Les voyages, les déplacements, les causes à défendre. Hinaupoko veut parler d’écologie (évidemment, quand on vient des îles), d’éducation, et surtout de mixité culturelle.
Elle sait que la tâche sera lourde. Être Miss France, ce n’est pas juste sourire sur des photos. C’est porter une voix. Parfois prendre des coups. Souvent surprendre.
Mais quand on voit sa détermination tranquille, on se dit qu’elle est taillée pour ça. Elle n’a pas cherché la lumière. La lumière est venue à elle. Et quelque part, c’est la plus belle des histoires.
Alors oui, elle était favorite. Oui, elle a gagné. Mais non, ça n’a rien d’une formalité. Parce qu’au fond, Hinaupoko Devèze reste cette jeune femme qui aurait préféré arriver en douce, sans tambour ni trompette, et repartir avec la plus belle des surprises.
Elle l’a eue, sa surprise. Et nous, on a une Miss France 2026 qui promet déjà d’être inoubliable.
