Imaginez la scène : trente jeunes femmes qui ont tout donné pendant un mois entier, un voyage exotique, des répétitions interminables, des nuits courtes… et puis, un seul après-midi, tout se joue. Pas devant des millions de téléspectateurs, non. Devant neuf personnes seulement, dans une pièce dont personne ne connaît l’adresse exacte. C’est ça, la réalité brutale et fascinante de la présélection Miss France.
Cette année, c’est à Amiens que le couperet est tombé, ce mercredi 3 décembre 2025. Et moi, je trouve ça toujours aussi dingue : on passe d’un casting régional à une élection nationale regardée par huit millions de personnes en quelques semaines à peine.
Le jour où tout bascule en secret
Il est 14 heures quelque part dans la ville. Une salle banalisée, rideaux tirés, téléphones confisqués. Neuf jurés entrent un à un. Parmi eux, deux anciennes Miss France qui connaissent le poids de l’écharpe sur les épaules, un metteur en scène qui dessine la soirée depuis quinze ans, un coiffeur star, des représentants de la chaîne et de la ville hôte. Et à leur tête, l’homme qui dirige le comité depuis toujours.
Ils ont quatre heures devant eux. Pas une de plus. Trente candidates à évaluer, trente destins à orienter. Quatorze noms seront retenus au final (douze officielles + deux remplaçantes au cas où). Mais seuls deux hommes sur Terre connaissent la liste ce soir : le président du comité et l’huissier qui veille sur l’enveloppe scellée. Même les candidates ignorent tout jusqu’à samedi 23 h 30.
Un jury qui mélange expérience et regard neuf
Ce qui change vraiment ces dernières années, c’est la composition du jury de présélection. On n’envoie plus seulement des « people » pour faire joli. On veut des gens qui ont vu les filles évoluer pendant tout le voyage préparatoire.
Ainsi, deux anciennes Miss France étaient présentes cette année : une lauréate des années 2010 et la tenante du titre 2024, connue pour sa personnalité cash et son style audacieux. Leur présence n’est pas décorative. Elles posent des questions précises, elles savent ce que c’est d’être jugée en permanence, de répondre à 200 interviews en un an, de sourire même quand on a envie de pleurer.
« On cherche celle qui tiendra toute l’année, pas seulement celle qui brille cinq minutes sur scène. »
Une ancienne Miss membre du jury
Cinq minutes pour convaincre (ou pas)
Chaque candidate passe environ cinq minutes devant le jury. C’est court. Très court. Mais c’est souvent suffisant.
Le rituel est rodé : diffusion d’un portrait vidéo de 45 secondes (celui qui sera montré au public samedi), puis défilé rapide, et enfin l’entretien. Pas de questions pièges style « Combien de capitales savez-vous ? ». Non, on veut voir la spontanéité, l’humour, la capacité à rebondir.
- Est-ce qu’elle sait parler d’elle sans réciter un texte appris par cœur ?
- Est-ce qu’elle rit franchement ou fait semblant ?
- Est-ce qu’elle assume ses choix, même s’ils sortent du cadre ?
- Et surtout : est-ce qu’on a envie de passer une année entière avec elle ?
Parce que oui, Miss France, c’est aussi un métier à plein temps. 350 jours par an sur la route, des levers à 5 h du matin, des sourires même quand il pleut des cordes en plein hiver dans le Nord.
L’exemple qui a marqué tout le monde
L’an dernier, une candidate s’était présentée en tailleur pantalon noir et chemise blanche, coupe ultra-courte, regard droit. Le jury lui demande : « Pourquoi ce look si différent ? » Elle répond du tac au tac : « Et pourquoi pas ? » Silence dans la salle, puis éclats de rire. Elle a gagné tout le monde en dix secondes. Quelques semaines plus tard, elle était couronnée.
Cette année, qui a créé le même effet « waouh » ? Impossible de le savoir pour l’instant. Mais une chose est sûre : le jury cherche avant tout la personnalité. La beauté, elles l’ont toutes. Ce qui fait la différence, c’est ce qu’il y a derrière les yeux.
Le vote : un mélange de subjectivité et de rigueur
Les jurés sont installés à bonne distance les uns des autres. On discute, on échange des impressions à voix basse, mais le vote reste secret. Bulletin plié, urne, dépouillement manuel. En cas d’égalité, on revote pour les candidates concernées.
Parfois, ça se joue à une voix. Une seule. J’imagine la tension quand on annonce le résultat à la candidate qui passe de justesse… ou qui manque le cut d’un cheveu.
Et puis il y a ces rares moments où une candidate choisit d’abandonner à ce stade. Après un mois intense, certaines réalisent que la vie de Miss France n’est pas faite pour elles. C’est courageux, en réalité. Mieux vaut arrêter là que craquer six mois plus tard devant les caméras.
Pourquoi tant de secret ?
Vous vous demandez peut-être pourquoi garder tout ça caché jusqu’au dernier moment. La réponse est simple : le suspense fait partie du spectacle.
L’annonce des douze demi-finalistes, vers 23 h 30 samedi soir, reste l’un des pics d’audience de l’année. Des millions de personnes retiennent leur souffle en même temps. Si la liste fuitait avant, l’effet serait gâché. Et puis, ça protège aussi les candidates éliminées : elles n’ont pas à subir la déception publique immédiate.
Ce qui change vraiment depuis quelques années
Je trouve qu’on sent une vraie évolution dans l’esprit de cette présélection. On ne cherche plus « la plus belle » au sens classique. On cherche une ambassadrice, une femme qui porte des messages, qui sait parler d’écologie, de santé mentale, d’éducation.
Les candidates le savent et préparent leur « projet d’année » avec soin. Certaines veulent créer une association, d’autres porter la voix des territoires ultramarins, d’autres encore parler du handicap ou de la confiance en soi. Le jury écoute ça attentivement. Parce que demain, c’est elle qui sera invitée sur tous les plateaux télé.
Et franchement, je trouve ça plutôt sain. Miss France n’est plus (seulement) un concours de beauté. C’est devenu une plateforme médiatique énorme. Autant qu’elle serve à quelque chose de positif.
Et maintenant ?
Les répétitions finales ont repris dès jeudi matin à Amiens. Les trente candidates continuent de travailler comme si de rien n’était. Aucune ne sait si elle fera partie du Top 12 ou si son aventure s’arrêtera samedi soir après le tableau d’ouverture.
Elles défilent, elles sourient, elles répètent leurs pas… et quelque part dans leur tête, elles se demandent : « Est-ce que j’ai dit la bonne chose mercredi ? Est-ce que mon rire a plu ? Est-ce que mon projet les a touchés ? »
Le plus beau dans tout ça ? C’est que, quelle que soit l’issue, chacune repartira changée. Elles auront vécu un mois hors du temps, rencontré des filles formidables, appris à parler en public, à gérer le stress, à se tenir droite même quand les talons font mal.
Et pour douze d’entre elles (bientôt connues), l’aventure ne fait que commencer.
Alors rendez-vous samedi soir. Je serai devant ma télé, comme des millions de Français, à attendre 23 h 30 avec une petite pointe d’excitation. Parce que oui, même quand on connaît un peu les coulisses, la magie opère encore.
Et vous, vous avez votre favorite parmi les trente ?
