Vous est-il déjà arrivé de pousser une porte au hasard, juste pour vous mettre à l’abri du froid, et de tomber sur quelque chose qui vous fige sur place ? C’est exactement ce qui s’est passé dimanche 30 novembre à Meulan-en-Yvelines. Un homme sans domicile, cherchant simplement un toit pour la nuit, a découvert un cadavre momifié dans une maison abandonnée. Un corps réduit à l’état de squelette recouvert d’une peau parcheminée. L’histoire pourrait sortir tout droit d’un roman noir, et pourtant elle est 100 % réelle.
Une découverte qui donne la chair de poule
Il est un peu plus de 18 heures, la nuit tombe vite en cette fin novembre. L’homme, la quarantaine peut-être, cherche un squat connu du coin, avenue des Aulnes. Ce pavillon vide, comme tant d’autres en périphérie des petites villes, sert depuis des mois de refuge occasionnel aux personnes à la rue. Il pousse la porte, allume sa lampe torche… et reste pétrifié. Dans le salon, assis dans un vieux fauteuil, un corps. Mais pas n’importe quel corps : la peau est collée aux os, les orbites vides, les cheveux encore accrochés par endroits. « Il n’y avait plus que les os », dira-t-il plus tard aux policiers, la voix encore tremblante.
Le choc est si violent qu’il sort immédiatement et appelle les secours. Les pompiers arrivent, puis la police. Très vite, la scène est gelée, les techniciens de l’identité judiciaire débarquent. Parce que oui, ce n’est pas une mort ordinaire.
Comment un corps peut-il se momifier naturellement ?
La première question qui vient, c’est : comment est-ce possible en plein Yvelines, à quarante kilomètres de Paris ? La réponse tient en quelques conditions très particulières. La maison était fermée, chauffée par moments l’hiver dernier (peut-être par les occupants de passage), puis totalement close au printemps. Résultat : un air sec, une température stable, aucune humidité excessive. Le corps s’est desséché au lieu de pourrir. Un phénomène rare, mais pas inconnu des légistes.
« Dans un environnement sec et confiné, le processus de décomposition peut être stoppé net. La peau se rétracte, les tissus se momifient. On appelle ça une momification spontanée. »
– Un médecin légiste habitué des affaires complexes
On a déjà vu ça dans des greniers, des caves, parfois même des appartements où une personne âgée décède seule et que personne ne remarque pendant des mois. Mais ici, le délai semble particulièrement long : les premiers éléments laissent penser que l’homme serait mort il y a près d’un an.
Qui était cet homme ?
Pour l’instant, l’identité reste un mystère. Aucun papier, aucun téléphone, aucun effet personnel reconnaissable. Les enquêteurs penchent pour un sans-abri, peut-être quelqu’un qui squattait régulièrement la maison. Des vêtements usés, un sac de couchage à moitié dévoré par les mites, quelques conserves vides traînent encore autour du fauteuil. Rien qui permette de mettre un nom sur ce visage désormais réduit à un masque de cuir.
L’autopsie, pratiquée en début de semaine, doit déterminer la cause exacte du décès. Overdose ? Crise cardiaque ? Hypothermie ? Violence ? Tout est sur la table. Car oui, une enquête pour homicide volontaire a bien été ouverte par le parquet de Versailles. On ne prend aucun risque.
Le SDF témoin : suspect numéro 1… pendant 24 heures
L’homme qui a découvert le corps a passé une nuit en garde à vue. Classique dans ce genre d’affaire : il est le dernier à avoir vu la scène « intacte ». Mais très vite, les vérifications tombent : il n’a aucun antécédent violent, son emploi du temps colle, et surtout, il est manifestement traumatisé. Il est relâché dès le lundi matin, blanchi. Aujourd’hui, il est considéré comme une simple victime collatérale de cette macabre découverte.
Entre nous, on peut imaginer le cauchemar : tu cherches juste un endroit où dormir, et tu te retrouves au cœur d’une enquête criminelle. La précarité a parfois des détours vraiment sordides.
Un quartier paisible, une maison fantôme
L’avenue des Aulnes, à Meulan, c’est le genre d’endroit où on ne s’attend pas à ce genre d’histoire. Des pavillons des années 70, des jardins mal entretenus, quelques volets fermés. La maison en question appartenait à un couple âgé décédé il y a plusieurs années. Depuis, elle attend un héritier lointain ou une vente qui ne vient jamais. Résultat : squatters, ados qui viennent fumer en cachette, et maintenant… ça.
Les voisins, interrogés discrètement, tombent des nues. « On voyait parfois de la lumière le soir, mais on pensait que c’était des jeunes », confie une riveraine. Un autre ajoute : « Ça fait des mois qu’on ne voit plus personne. On aurait jamais imaginé… »
- Porte forcée depuis longtemps
- Fenêtres condamnées avec des planches
- Aucun courrier depuis des années
- Odeur ? Aucune, grâce à la momification
C’est précisément cette absence d’odeur qui explique que personne n’ait rien remarqué plus tôt.
La précarité tue, en silence
Derrière l’aspect sensationnel, il y a une réalité brutale. Chaque année en France, des dizaines de personnes meurent seules, dans l’indifférence générale. Dans la rue, dans des squats, parfois même dans leur propre logement quand plus personne ne passe les voir. Ce que cette affaire met cruellement en lumière, c’est à quel point on peut disparaître sans que quiconque s’en rende compte pendant des mois, voire des années.
À l’approche de l’hiver, les associations tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Les maraudes sont débordées, les places d’hébergement saturées. Et pendant ce temps, des maisons vides pourrissent à côté de gens qui dorment dehors. Il y a quelque chose de profondément dérangeant là-dedans, non ?
L’enquête continue : crime ou drame humain ?
Pour l’instant, rien ne permet de privilégier une piste plutôt qu’une autre. Les analyses toxicologiques prendront encore plusieurs semaines. Les enquêteurs passent le quartier au peigne fin, tentent de retrouver d’anciens occupants du squat, épluchent les signalements de personnes disparues dans la région depuis 2024.
Ce qui est certain, c’est que cette momie de Meulan va rester encore longtemps dans les mémoires locales. Elle rappelle que derrière les jolies façades de banlieue, il y a parfois des histoires qui font froid dans le dos. Et que la mort, elle, ne fait pas de distinction sociale.
Affaire à suivre, évidemment.
(Article mis à jour le 2 décembre 2025 – l’enquête est toujours en cours)
