Vous est-il déjà arrivé d’arriver au stade et de sentir, dès l’entrée, que quelque chose cloche ? Ce silence pesant là où d’habitude ça hurle, ces tribunes qui semblent retenir leur souffle… C’est exactement ce qui risque de se passer ce mardi soir au Stade Louis-II. Monaco reçoit Galatasaray en Ligue des Champions et, pour une fois, le danger ne vient pas seulement du terrain.
Un match à ne surtout pas perdre
Six petits points après cinq journées. Deux déplacements terrifiants à venir contre le Real Madrid et la Juventus. Autant dire que, mathématiquement, Monaco joue déjà sa survie européenne ce soir. Un nul ou une défaite, et on pourra presque ranger les valises pour la phase de ligue. L’objectif annoncé en début de saison – faire mieux que l’an dernier, donc atteindre les 8es – deviendrait alors un doux souvenir.
Et pourtant, personne n’osait vraiment le dire à voix haute il y a encore quelques semaines. L’ASM restait sur une belle dynamique, une victoire de prestige contre Paris, des nuls encourageants face à Manchester City ou Tottenham. Mais depuis ? Une seule victoire en cinq matchs de C1 (contre Bodo/Glimt, et encore, au forceps), des points laissés en route en championnat, et cette impression diffuse que le projet patine.
Les ultras passent à l’action
Le geste est rare, presque historique. Les Ultras monégasques ont annoncé qu’ils observeraient une grève du soutien pendant le premier quart d’heure du match. Pas de chants, pas de tifos, pas de tambours. Juste le silence. Leur cible ? Le directeur général Thiago Scuro, qu’ils tiennent pour responsable de la politique sportive actuelle.
Est-ce que ça change quelque chose sur le terrain ? Probablement pas directement. Mais symboliquement, c’est énorme. Quand tes supporters les plus fervents décident de bouder l’ambiance pendant quinze minutes dans un stade aussi petit que Louis-II, le message passe. Et il passe même très fort.
Ils prolongeront le mouvement « jusqu’à satisfaction de leurs exigences ». Autant dire que ça peut durer longtemps.
On a connu des ambiances plus chaleureuses pour un match de Ligue des Champions.
Un effectif enfin au complet… ou presque
La bonne nouvelle, c’est que Sébastien Pocognoli va pouvoir aligner une équipe très proche de la meilleure possible. Denis Zakaria et Thilo Kehrer reviennent de suspension, Folarin Balogun sera titulaire pour faire souffler Mika Biereth qui donne l’impression de porter l’attaque à bout de bras depuis des semaines. Et puis il y a lui.
Paul Pogba. Oui, celui-là même qui n’avait plus joué la moindre minute de C1 depuis mars 2022. Il devrait enchaîner, continuer sa montée en puissance tranquille. On l’a vu contre Brest : il commence à retrouver du rythme, du volume. Face à une équipe turque qui aime presser haut, son expérience et sa vista peuvent faire très mal.
- Zakaria de retour au milieu → récupération et relance propre
- Kehrer en défense → solidité aérienne face aux attaquants physiques de Gala
- Balogun titulaire → vitesse et appels dans la profondeur
- Pogba en jambes → calme et vision dans les moments chauds
Sur le papier, c’est du lourd. Reste à le transformer sur le terrain.
Galatasaray, leader intouchable en Turquie… mais fragile ?
De l’autre côté, les Stambouliotes arrivent en confiance : onze victoires en quinze journées de championnat, une attaque qui tourne à plein régime. Mais ils traînent aussi leurs casseroles. L’affaire des paris truqués qui secoue le football turc ces dernières semaines n’aide pas à la sérénité. Plusieurs joueurs importants sont sous pression, certains même en détention provisoire (même si ça ne concerne pas directement l’effectif actuel).
Et puis il y a cette statistique qui donne de l’espoir : à l’extérieur en Ligue des Champions cette saison, Galatasaray reste sur deux défaites et un nul. Pas l’équipe la plus effrayante loin de ses bases. Surtout quand elle doit jouer dans un stade où, même en silence, la pression reste particulière.
Pocognoli, l’optimiste de service
L’entraîneur belge, lui, refuse de parler de match de la dernière chance. Il préfère voir le verre à moitié plein, comme toujours.
« Moi, je vois toujours le verre à moitié plein. Je ne me demande pas ce qui passerait en cas de défaite. »
Sébastien Pocognoli
C’est tout à son honneur. Mais dans les couloirs du club, on sent bien que la tension monte. Personne n’est dupe : une non-victoire ce soir, et la suite de la saison risque de devenir très compliquée. En Ligue 1 déjà, Monaco pointe à six points du top 4. Perdre la C1 en plus, ce serait offrir un boulevard à la crise.
Pourquoi ce match peut être un déclic (ou un désastre)
J’ai toujours pensé que les grands clubs se révèlent dans l’adversité. Monaco en a connu, des soirées où tout semblait perdu et où l’équipe sortait un match référence. Contre Paris il y a dix jours, on a vu de quoi elle était capable quand elle jouait libérée.
Ce soir, c’est un peu pareil, mais en pire. L’ambiance risque d’être pourrie en début de match, l’enjeu est énorme, l’adversaire costaud. Si l’ASM arrive à gagner dans ces conditions, ça peut souder le groupe pour de bon et relancer complètement la saison.
Mais l’inverse est tout aussi vrai. Une défaite ou même un nul insipide, et on parlera ouvertement de crise dès mercredi matin. Les ultras en rajouteront une couche, les réseaux sociaux s’enflammeront, et la pression deviendra étouffante.
Personnellement, j’ai un petit faible pour ces matchs comme ça. Ceux où tout peut basculer en 90 minutes. Où un silence assourdissant peut se transformer en explosion de joie. Monaco a les armes pour gagner. Reste à savoir si les joueurs auront les nerfs assez solides pour ignorer le contexte et faire le job.
Parce qu’au fond, c’est peut-être ça le plus dur ce soir : jouer pour soi, pour le maillot, et pas contre les ultras, contre la direction ou contre la malchance. Juste jouer. Et gagner.
21 heures. Coup d’envoi. On saura vite dans quel sens la saison monégasque va basculer. Perso, je crois encore au coup de reins. Et vous ?
