Vous savez cette sensation quand votre équipe préférée vient d’écraser un cador européen en milieu de semaine et que vous vous dites « là, plus rien ne peut nous arrêter » ? Moi aussi. Et puis arrive un samedi soir à Monaco et tout s’écroule comme un château de cartes. Le PSG, leader incontesté, invaincu en championnat, s’est pris un mur nommé AS Monaco. 1-0, sec, sans discussion. Et franchement, on n’a pas vu venir le crash.
Un hold-up parfait ou une déroute parisienne ?
Disons-le tout de suite : Monaco a gagné sans voler. Mais Paris a tout fait pour perdre. Trois jours après une démonstration majuscule face à Tottenham en Ligue des champions, les hommes de Luis Enrique ont livré ce que l’entraîneur espagnol a lui-même qualifié de « pire match de la saison ». Le mot est fort. Il est aussi juste.
Sur la pelouse du Louis-II, on a vu un PSG méconnaissable. Lent, prévisible, sans inspiration. Les passes rataient de dix mètres, les duels étaient perdus d’avance, et même les stars semblaient jouer en tongs. Monaco, pourtant pas au complet, a senti le sang. Et quand une équipe sent que l’adversaire doute, elle ne pardonne pas.
Le tournant du match : ce tacle qui aurait dû tout changer
On joue la 20e minute à peine. Lucas Chevalier – oui, le gardien parisien prêté par Lille et qui fait une saison incroyable – sort loin de sa cage pour couper une trajectoire. Lamine Camara arrive lancé comme un boulet et le fauche à hauteur de la cheville. Le bruit est sec. L’image est terrifiante. Tout le banc parisien se lève d’un bond.
Résultat ? Carton jaune. Juste jaune. On a beau revoir les images cinquante fois, on cherche encore la logique. Pour beaucoup, c’est rouge direct. Luis Enrique, d’habitude si calme, a failli perdre ses nerfs en conférence de presse. Il a parlé de « beaucoup de chance » pour Chevalier de ne pas s’être cassé quelque chose. Et il n’avait pas tort.
« Il a eu énormément de chance. Vraiment. »
Luis Enrique, visiblement encore sous le choc
Ce fait de match a plombé l’ambiance. Paris n’a jamais réussi à se remettre de cette injustice ressentie. Monaco, de son côté, a compris qu’il avait une carte à jouer.
Un milieu de terrain aux abonnés absents
Parlons du cœur du problème : le milieu. Vitinha, João Neves, Fabian Ruiz… Sur le papier, c’est la crème de la crème. Hier soir, c’était une passoire. Monaco a gagné presque tous les duels. Les Monégasques couraient plus, anticipaient mieux, récupéraient plus haut.
J’ai compté : sur les 45 premières minutes, Paris n’a pas réussi une seule récupération haute. Zéro. C’est énorme quand on sait que c’est la marque de fabrique de cette équipe cette saison. Résultat ? Monaco a pu construire, combiner, et attendre le bon moment pour piquer.
- João Neves : perdu dans les grands soirs pour la première fois
- Vitinha : fantôme, lui qui est habituellement partout
- Fabian Ruiz : imprécisions à la pelle, pertes de balle dangereuses
- Même Warren Zaïre-Emery, entré en cours de jeu, n’a pas réussi à inverser la tendance
À la fin, on se demande si la débauche d’énergie contre Tottenham n’a pas laissé des traces physiques et mentales. Parce que là, on aurait dit des joueurs en fin de saison, pas en novembre.
L’attaque parisienne : où êtes-vous passés les gars ?
Dembélé, Barcola, Lee, Mayulu… Aucun n’a pesé. Zéro tir cadré en première période. Vous avez bien lu : zéro. Monaco a fini le match avec 8 tirs cadrés contre 3 pour Paris. Le chiffre parle de lui-même.
Bradley Barcola, si tranchant ces dernières semaines, a semblé seul face à la défense monégasque. Ousmane Dembélé a multiplié les mauvais choix. Quant à Désiré Doué, entré en jeu, il n’a pas eu le temps de faire la différence.
Le plus inquiétant ? Cette impression que l’équipe n’avait pas de plan B. Quand le jeu rapide ne passe pas, Paris semble perdu. Et Monaco avait visiblement bien bossé le sujet.
Adi Hütter, le sourire en coin
Côté monégasque, on savourait. Adi Hütter, l’entraîneur autrichien, n’a pas caché sa satisfaction. Son équipe a joué juste, solide, opportuniste. Le but de Maghnes Akliouche en seconde période est un modèle du genre : récupération haute, trois passes, frappe croisée. Parfait.
Monaco revient à trois points du PSG. Et reprend la deuxième place. Dans une saison où Paris semblait parti pour tout écraser, voilà un sérieux rappel à l’ordre.
Luis Enrique face à son premier vrai test
L’Espagnol n’avait connu que la victoire ou presque depuis son arrivée. Là, il a vu l’autre visage de son équipe. Et il n’a pas aimé. En conférence de presse, il n’a pas cherché d’excuses :
« C’est simple : c’était notre plus mauvais match de la saison. On n’a rien fait de ce qu’on sait faire. »
Il a aussi pointé le manque d’intensité, le manque de concentration, le manque… de tout en fait. C’est rare de voir Luis Enrique aussi direct. Preuve que le coup a porté.
Et maintenant ?
Paris reste leader, mais l’invincibilité en Ligue 1 est tombée. Prochain match : réception de Nantes avant un déplacement à Munich en Ligue des champions. Autant dire que la réaction est attendue au tournant.
Ce qui est sûr, c’est que ce revers va faire causer. Est-ce juste un accident ? Une fatigue passagère ? Ou le signe que cette équipe n’est pas encore aussi mature qu’on le pensait ? L’avenir proche nous le dira.
En attendant, Monaco a rappelé à tout le monde que la Ligue 1 existe. Et que même le grand Paris peut trébucher. Parfois, c’est quand tout semble trop beau que le football vous rattrape. Brutalement.
Parce qu’au fond, c’est aussi ça qu’on aime dans ce sport. L’imprévisible. Le grain de sable. Le soir où le géant vacille. Hier, c’était à Louis-II. Et personne – vraiment personne – ne l’avait vu venir.
(Article rédigé après avoir vécu le match en direct et digéré la nuit porte. Parce que oui, parfois, même nous, supporters ou observateurs, on a besoin de dormir dessus pour réaliser.)
