Vous vous souvenez de cette sensation ? Cette boule au ventre quand le buzzer final a retenti à Abu Dhabi et que Fenerbahçe soulevait le trophée sous vos yeux. Moi oui. Et je crois que les joueurs de Monaco s’en souviennent encore mieux. Six mois plus tard, le champion en titre débarque sur le Rocher. Ce n’est pas un match comme les autres. C’est une revanche déguisée en soirée de saison régulière.
Ce vendredi soir, la salle Gaston-Médecin va trembler. Et franchement, j’ai rarement senti une telle attente autour d’un match de phase régulière. Parce que cette fois, Monaco n’arrive pas en victime. Loin de là.
Une finale qui a changé le logiciel monégasque
Perdre une finale, ça fait mal. Perdre une finale quand tu touches le trophée du bout des doigts, ça te hante. Alpha Diallo l’a dit sans filtre : « On utilise ce match comme motivation, pas seulement pour ce soir, mais pour toute la saison. » Et vous savez quoi ? Ils le font vraiment.
Regardez le classement après quatorze journées : Monaco est calée dans le top 4, parfois même 2e. Avec un effectif qui, sur le papier, paraissait moins effrayant que l’an dernier. Huit joueurs conservés, quelques ajustements, et pourtant cette équipe-là joue plus juste, plus dur, plus ensemble.
« Je trouvais cette équipe moins forte que l’an dernier, mais ils sont deuxièmes. On pouvait penser qu’ils souffriraient à l’intérieur, mais ils font le dos rond et ils ont été épargnés par les blessures. »
Laurent Sciarra, consultant basket
Sciarra a raison sur un point : on attendait Monaco en difficulté dans la raquette. Et pourtant, ils tiennent. Parce qu’ils défendent comme des morts de faim et qu’ils courent comme jamais.
Mike James, le patron qui a changé de costume
On va être honnête : Mike James reste Mike James. Le mec capable de mettre 30 points un soir où ça ne tourne pas. Mais cette saison, il a ajouté une corde à son arc. Il passe. Beaucoup. 6,6 passes décisives de moyenne, son record en carrière européenne. Il vient même de voler le record historique de passes en Euroligue à son propre coach, Vassilis Spanoulis.
À 35 ans, l’Américain a compris un truc tout simple : pour gagner l’Euroligue, il faut tout le monde. Alors il distribue, il fait jouer, il rend ses coéquipiers meilleurs. Et quand il faut conclure, il conclut. 83,8 % aux lancers francs cette saison, du jamais-vu pour lui. Le tueur est devenu un leader complet.
Petite anecdote qui en dit long : après le massacre infligé à Paris (125-104), James a posté une story Instagram avec juste un emoji feu et la mention « We share the ball ». Message reçu.
Spanoulis, le coach qui appuie là où ça fait mal
L’arrivée de Vassilis Spanoulis l’été dernier faisait débat. Un légende comme joueur, ok. Mais comme coach ? Beaucoup doutaient. Aujourd’hui, plus personne. L’ancien meneur du Pirée a apporté une culture de la gagne immédiate. Il hurle, il challenge, il n’hésite pas à sortir Nikola Mirotic du cinq pour remettre Jaron Blossomgame.
Et ça marche. Blossomgame, ce pitbull sous-coté, apporte une énergie défensive folle. Mirotic ? Il accepte le rôle de sixième homme de luxe sans broncher. En Euroligue, ça n’arrive jamais avec une star de ce calibre. Sauf quand le coach s’appelle Spanoulis et que tout le monde tire dans le même sens.
« Quand on joue comme ça, on devient une équipe très dangereuse. »
Vassilis Spanoulis, après la victoire contre Paris
Les armes secrètes qui font la différence
Parlons un peu des autres. Parce que oui, Monaco n’est plus seulement « l’équipe de Mike James ».
- Alpha Diallo : l’ailier franco-guinéen est partout. Défense, rebonds, intensité. Le genre de joueur que tu adores avoir dans ton équipe et que tu détestent jouer contre.
- Jaron Blossomgame : revenu dans le cinq, il apporte équilibre et hargne. Son duel avec les intérieurs turcs ce soir va être passionnant.
- Donatas Motiejunas (quand il est là) et Mam Jaiteh : ils font le sale boulot sous le cercle et permettent à l’équipe de tenir physiquement.
- Jordan Loyd et Matthew Strazel : la ligne arrière est profonde et peut créer à tout moment.
Et n’oublions pas Cory Joseph, qui attend sagement en tribunes que l’interdiction de recrutement soit levée. Quand le champion NBA 2019 arrivera, ce sera du bonus luxe.
Fenerbahçe, l’ogre qui ne fait plus aussi peur
Côté turc, on retrouve Sarunas Jasikevicius sur le banc. Le coach lituanien connaît la maison monégasque pour y avoir joué. Il connaît aussi très bien Nikola Mirotic, qu’il a coaché trois ans à Barcelone. Trois Final Four, zéro titre. Le genre de statistique que Mirotic aimerait bien effacer ce soir.
Fenerbahçe reste une machine : effectif XXL, budget colossal, expérience à revendre. Mais cette saison, ils ne marchent pas sur l’eau non plus. Quelques défaites surprenantes, une rotation parfois hésitante. Monaco a une vraie carte à jouer.
Pourquoi ce match peut être un tournant
Parce qu’une victoire ce soir enverrait un message fort à toute l’Euroligue : Monaco est revenu pour finir le boulot. L’an dernier, la finale perdue a laissé des traces. Cette année, elle laisse de l’essence dans le moteur.
Je ne dis pas que Monaco va gagner l’Euroligue en décembre. Mais je dis qu’une démonstration contre le champion en titre, à domicile, devant un public en fusion, peut créer une dynamique folle. On l’a vu avec le Real l’an dernier après leur remontada contre le Partizan : parfois, un match allume la mèche.
Et puis il y a cette stat qui donne le sourire : depuis le début de saison, Monaco est invaincu à Gaston-Médecin en Euroligue. 7 victoires en 7 matchs. Fenerbahçe veut briser la série ? Il va falloir se lever tôt.
Mon prono (et mon cœur qui bat déjà)
Je vais être clair : je vois Monaco l’emporter. Pas facilement, jamais facilement contre cette équipe turque. Mais je sens une Roca Team libérée, portée par son public et par cette envie de prouver que la finale perdue n’était qu’une étape.
Quelque chose comme 88-82 après un money-time de folie. Mike James qui plante un tir clutch, la salle qui explose, et Spanoulis qui lève le poing comme à l’époque où il jouait.
Ce soir, ce n’est pas juste un match. C’est le début de quelque chose. Peut-être.
Allez Monaco. On y croit.
