Franchement, quand on suit le handball féminin français depuis quelques années, on finit presque par s’habituer à voir les Bleues tout écraser sur leur passage. Et pourtant, chaque fois, ça reste impressionnant. Mardi soir, face à une Pologne qui jouait vraiment bien pendant quarante minutes, l’équipe de France a encore montré pourquoi elle reste la référence mondiale. 42-28, score presque insolent, et surtout la première place de poule assurée. Mais le plus intéressant, c’est ce qui arrive maintenant.
Le tour principal : le vrai début du Mondial
On le dit souvent, mais la phase de groupes, dans un Mondial, c’est un peu l’apéritif. Ça permet de se mettre en jambes, de roder les automatismes, parfois de faire tourner l’effectif. Les Bleues, elles, ont fait mieux que ça : elles ont tout simplement tout gagné, avec la manière et des écarts qui font peur à la concurrence. Résultat ? Elles attaquent le tour principal avec le maximum de points possibles, soit quatre, grâce aux victoires conservées contre les équipes qualifiées du groupe. Autrement dit, elles ont déjà un pied et demi en quarts de finale.
Mais attention, rien n’est jamais acquis. Le format de ces Championnats du monde est impitoyable : seules les deux premières équipes de chaque groupe du tour principal décrocheront leur billet pour les quarts. Et cette fois, les adversaires montent clairement d’un cran.
Premier rendez-vous : l’Autriche, le 4 décembre
On commence doucement… ou presque. L’Autriche n’est pas une nation historique du handball féminin, mais elle progresse à vitesse grand V depuis quelques années. Elles ont terminé deuxièmes de leur groupe derrière la Norvège, et ça, ça veut dire quelque chose. Leur gardienne, Petra Blazek, peut sortir des matchs complètement fous, et leur pivot, Stefanie Kaiser, fait mal dans les duels.
Sur le papier, les Bleues restent largement favorites. Mais je me méfie toujours de ces équipes autrichiennes : elles jouent sans pression, avec beaucoup d’envie, et parfois ça suffit à créer la surprise. Rappelez-vous le Championnat d’Europe 2018 où elles avaient accroché la France pendant une mi-temps. Il faudra être sérieuses dès le coup d’envoi.
« L’Autriche, on les connaît bien, on les a jouées plusieurs fois en préparation. Elles ont une très bonne défense 6-0 et une gardienne qui peut nous poser problème si on n’est pas lucides. »
Une joueuse cadre de l’équipe de France (propos recueillis en zone mixte)
Deuxième match : l’Argentine, le 6 décembre
Là, on entre dans la catégorie des matchs où on sait qu’on va gagner… mais où il ne faut surtout pas se louper. L’Argentine est une équipe sud-américaine typique : beaucoup de cœur, de la vitesse sur les ailes, mais souvent un manque de rigueur défensive et d’expérience à ce niveau.
Les Argentines ont arraché leur qualification grâce à une victoire surprise contre la Corée du Sud, mais elles restent largement à la portée des Bleues. L’objectif ? Gérer le rythme, faire tourner l’effectif et préserver les organismes avant le gros choc qui arrive deux jours plus tard. Parce que oui, ce sera déjà le moment de penser aux Pays-Bas.
- Points forts de l’Argentine : vitesse sur les ailes, envie énorme
- Points faibles : manque de profondeur de banc, défense parfois trop permissive
- Clé du match pour la France : imposer un rythme élevé dès le début pour tuer le suspense rapidement
Le choc : les Pays-Bas, le 8 décembre
Et voilà, le plat de résistance. Les Pays-Bas, co-organisateurs du tournoi avec l’Allemagne, jouent pratiquement à domicile. L’ambiance dans la salle risque d’être orange fluo, avec des supporters qui vont pousser pendant 60 minutes. Et sur le terrain, ça va piquer.
Les Néerlandaises, c’est du très lourd. Lois Abbingh à l’arrière gauche, c’est une mitraillette. Tess Wester dans les cages peut sortir un 50 % un soir de grâce. Et puis il y a cette génération dorée qui a été championne du monde en 2019 et qui a encore faim. Elles ont terminé premières de leur groupe devant la Hongrie et la République tchèque, sans trembler.
Ce match du 8 décembre, c’est clairement celui qui peut décider de la première place du groupe. Et psychologiquement, arriver en quarts avec une victoire contre le pays hôte, ce serait un message fort envoyé à toute la concurrence.
« On sait que ça va être un gros combat physique. Les Néerlandaises, chez elles, elles sont capables de tout. Mais nous, on est tenantes du titre, on a l’expérience des grands rendez-vous. On va y aller pour gagner, comme toujours. »
Léna Grandveau, demi-centre des Bleues
Ce qui est intéressant, c’est que ce match aura lieu seulement deux jours après l’Argentine. La gestion de la récupération va être cruciale. Olivier Krumbholz et son staff vont devoir doser parfaitement l’effort contre les Sud-Américaines pour avoir tout le monde frais face aux Oranje.
Pourquoi les Bleues partent quand même favorites
Parce qu’elles ont tout simplement l’équipe la plus complète du tournoi. Une gardienne comme Cléopâtre Darleux qui peut voler un match à elle toute seule. Une défense de fer avec Pauletta Foppa et Oriane Ondono. Des arrières qui tirent de loin comme jamais : Tamara Horacek, Orlane Kanor, Estelle Nze Minko… Et puis cette capacité à accélérer quand ça compte vraiment.
Et surtout, il y a cette culture de la gagne. Depuis 2017, les Bleues ne font plus que gagner des titres ou des médailles. Championnes olympiques, championnes du monde, championnes d’Europe… Elles savent ce que c’est de jouer sous pression. L’expérience, dans ces compétitions, ça ne s’achète pas.
Le scénario idéal (et le moins idéal)
| Scénario | Résultat probable | Conséquence |
| Victoires contre Autriche et Argentine + victoire contre Pays-Bas | 6 points (voire 8 si bonus) | 1re place quasi assurée, quart contre adversaire abordable |
| 2 victoires + défaite contre Pays-Bas | 4 points | Probablement qualifiées mais 2e, quart plus compliqué |
| Une surprise contre Autriche ou Argentine | Moins de 4 points | Il faudra aller chercher la qualification dans la douleur |
Franchement, le troisième scénario me semble très peu probable. Les Bleues sont dans une dynamique incroyable et elles savent qu’un titre mondial à défendre, ça ne se fait pas en se relâchant.
Le vrai enjeu, c’est cette première place. Parce qu’en quarts, ça peut faire une différence énorme. Terminer deuxième, c’est risquer de tomber sur la Norvège ou le Danemark dès les quarts. Terminer première, c’est probablement hériter d’une équipe moins effrayante.
Et après ? Le chemin vers un troisième titre
Si tout se passe bien, les quarts de finale arriveront vite. Et là, tout peut arriver. La Norvège reste la grande rivale, avec une nouvelle génération qui monte. Le Danemark est toujours dangereux. La Suède a montré de belles choses. Mais les Bleues, quand elles sont dans leur compétition, elles sont presque injouables.
Ce qui est beau dans cette équipe, c’est qu’elle ne se repose jamais sur ses acquis. Même tenantes du titre, même après avoir tout gagné, elles jouent chaque match comme si c’était une finale. Et c’est probablement pour ça qu’elles gagnent si souvent.
Alors oui, le tour principal commence. Oui, il y aura des matchs plus durs. Mais quelque part, j’ai l’intime conviction qu’on n’a pas encore vu le meilleur de cette équipe de France version 2025. Et ça, croyez-moi, ça fait plaisir à voir.
Allez les Bleues !
