Vous souvenez-vous de cette voix inimitable, pleine de malice et de gouaille, qui surgissait soudain dans un film ou une pièce pour faire exploser de rire la salle entière ? Moi, je revois encore ces scènes où un simple regard ou une réplique bien placée suffisait à voler la vedette aux stars principales. Et bien cette voix, ce rire, cette présence si particulière… ils se sont tus le 8 décembre dernier. Monique Tarbès nous a quittés à l’âge de 91 ans.
J’ai appris la nouvelle presque par hasard, en scrollant distraitement sur mon téléphone. Et d’un coup, une petite boule dans la gorge. Parce que même si on ne l’avait plus vue depuis longtemps à l’écran ou sur scène, elle faisait partie de ces figures familières qui traversent les décennies sans jamais vraiment vieillir dans nos mémoires.
Une carrière qui commence dans l’ombre des grands
Monique Tarbès n’était pas du genre à collectionner les rôles principaux tapageurs. Elle préférait les seconds rôles qui marquent durablement. Ceux qu’on remarque à peine au générique, mais qu’on n’oublie jamais une fois le film terminé.
Elle commence sa carrière à la fin des années 1950, époque où le cinéma français vivait une véritable révolution avec la Nouvelle Vague. Mais elle, elle ne fait pas partie des intellos en trench-coat qui tournent dans les rues de Paris avec des caméras légères. Non, elle appartient plutôt à cette vieille école joyeuse et populaire, celle des grands studios, des dialogues ciselés et des seconds rôles savoureux.
Les films qui ont forgé sa légende
Quand on pense à Monique Tarbès, impossible de ne pas citer immédiatement Le Magnifique de Philippe de Broca avec Jean-Paul Belmondo. Elle y joue une petite bonne un peu fofolle, et sa présence illumine littéralement les scènes où elle apparaît. Quelques années plus tard, elle retrouve Belmondo dans Tendre poulet, toujours dans un rôle qui semble écrit pour elle : drôle, piquante, jamais caricaturale.
Plus tard encore, elle joue dans L’Année sainte avec Jean Gabin et Jean-Claude Brialy, un autre classique du cinéma populaire français. Et que dire de Le Téléphone sonne toujours deux fois ? Une comédie policière délirante où sa gouaille fait merveille.
Ce qui frappe quand on regarde ces films aujourd’hui, c’est à quel point elle apportait une humanité joyeuse à des rôles souvent très secondaires. Elle n’avait pas besoin de hurler pour qu’on l’entende. Un haussement de sourcil, une inflexion de voix, et hop, elle devenait inoubliable.
Une reine du petit écran
Si le cinéma l’a rendue populaire, la télévision l’a fait entrer dans les foyers français pendant des décennies. Les plus anciens se souviennent certainement de ses apparitions dans des séries mythiques comme Rocambole, Arsène Lupin, Les Brigades du Tigre ou encore Messieurs les jurés.
- 1, rue Sésame : elle y jouait la voisine un peu excentrique
- Marc et Sophie : une série familiale où elle apportait sa touche de fantaisie
- Une femme d’honneur : plus tard dans sa carrière, elle continuait d’être sollicitée
Et puis il y a cette séquence qui a marqué toute une génération : les Rebuts de presse dans l’émission Droit de réponse de Michel Polac. Sa voix espiègle lisant les titres de journaux les plus improbables, c’était du pur génie comique. Beaucoup de Français attendaient ce moment avec impatience chaque semaine.
Le théâtre : son véritable amour
Pourtant, si on lui demandait où elle se sentait le plus chez elle, elle répondait sans hésiter : sur les planches. Le théâtre, c’était sa passion première et sa dernière demeure artistique.
Elle a joué dans des dizaines de pièces, souvent diffusées dans l’émission mythique Au théâtre ce soir. Parmi les plus connues, Le Don d’Adèle avec Maria Pacôme, une comédie qui a fait rire des centaines de milliers de spectateurs devant leur poste de télévision.
Le théâtre, c’est là où on respire vraiment. Le cinéma et la télé, c’est merveilleux, mais le théâtre… c’est le contact direct, la sueur, les rires qui montent du public en direct.
Monique Tarbès (propos recueillis dans une ancienne interview)
Elle avait cette capacité rare à rendre chaque réplique vivante, comme si elle l’inventait sur le moment. Et le public adorait ça. Moi-même, quand j’ai vu certains enregistrements de ces pièces, j’ai été frappé par l’énergie qu’elle dégageait encore à plus de 70 ans.
Une chanteuse inattendue
Peu de gens le savent, mais Monique Tarbès était aussi chanteuse. Elle a été l’une des élèves du célèbre Petit Conservatoire de la chanson de Mireille, cette émission qui a révélé tant de grands noms de la chanson française.
Elle a enregistré plusieurs disques, des chansons légères, drôles, souvent dans un style très années 60-70. Même si elle n’a jamais connu la gloire des yé-yé girls, elle gardait une tendresse particulière pour cette facette de sa carrière.
Une personnalité qui ne s’est jamais prise au sérieux
Ce qui m’a toujours frappé chez Monique Tarbès, c’est cette capacité à rester simple malgré des décennies de carrière. Elle ne jouait pas les divas, ne se prenait jamais au sérieux, et ça transparaissait dans chacun de ses rôles.
Dans une interview, elle expliquait qu’elle avait toujours préféré les personnages un peu « barrés », ceux qui disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Et c’est exactement ce qu’elle faisait à merveille : dire les choses avec humour, sans jamais blesser.
Elle incarnait une certaine France populaire, celle des quartiers, des marchés, des conversations animées au café du coin. Une France qui riait fort et qui n’avait pas peur de montrer ses émotions.
Une voix qui nous manque déjà
Aujourd’hui, quand on regarde les comédies actuelles, on sent parfois un manque. Il manque cette gouaille, cette malice, cette façon de dire les choses avec un sourire en coin. Monique Tarbès faisait partie de ces artistes qui rendaient la vie un peu plus légère, un peu plus drôle.
Sa disparition nous rappelle aussi que le temps file. Les figures qui ont bercé notre enfance ou notre adolescence s’en vont les unes après les autres, et avec elles un peu de notre histoire personnelle.
Mais heureusement, il nous reste les films, les séries, les enregistrements de théâtre. On peut toujours les ressortir, les regarder ou les écouter, et retrouver cette voix si particulière qui nous faisait sourire.
Un dernier hommage personnel
Je ne l’ai jamais rencontrée. Mais comme des millions de Français, j’ai grandi avec elle à la télé, au cinéma, au théâtre. Elle faisait partie de ces visages familiers qui rendaient nos soirées plus agréables.
Alors aujourd’hui, j’ai juste envie de dire merci. Merci pour les rires, pour les moments de légèreté, pour cette joie communicative que tu nous as offerte pendant plus de cinquante ans.
Repose en paix, Monique. Et merci pour tout ce bonheur que tu as semé sur les écrans et sur les planches.
Maintenant, si vous avez envie de redécouvrir son travail, je ne peux que vous conseiller de vous replonger dans quelques-uns de ses films ou de ses pièces. Vous verrez : la magie opère toujours.
Et vous, quel est votre souvenir préféré de Monique Tarbès ? Dites-le-moi en commentaire, je suis curieux de lire vos anecdotes.
