Il y a des idées qui semblent sorties tout droit d’un film un peu fou. Et puis il y a celles qui finissent par devenir réalité parce qu’une maire a simplement ouvert une application de petites annonces un soir d’automne.
À Montesson, dans les Yvelines, c’est exactement ce qui s’est passé.
Nicole Bristol, l’édile de cette commune de 15 000 habitants, scrollait sur son téléphone quand elle est tombée sur l’annonce. Une péniche Freycinet de 38 mètres, 135 m² habitables, en parfait état, capable de naviguer… et affichée à 85 000 euros. Autant dire une broutille quand on sait qu’une salle polyvalente classique coûte facilement dix fois plus.
Quand Leboncoin devient l’allié des mairies
Franchement, qui aurait imaginé qu’une collectivité locale allait faire ses courses immobilières sur le même site que vous et moi pour trouver un canapé d’occasion ou une tondeuse ? Pourtant c’est bien ce qui s’est produit. Et le conseil municipal a validé l’achat sans trembler.
Le bateau, baptisé pour l’instant Cédric (oui, oui), était amarré à Bezons, juste de l’autre côté de la Seine. Anciennement utilisé pour le fret, il servait ces dernières années de logement à son propriétaire. Entretien impeccable, certificats à jour, moteur qui tourne : tout était réuni pour que l’affaire se conclue rapidement.
« C’est une très bonne affaire. Vraiment. Quand on voit le prix des péniches similaires, on est entre 300 et 400 000 euros minimum. Là… on a divisé par quatre. »
– Nicole Bristol, maire de Montesson
Et elle sait de quoi elle parle. Parce qu’en face, construire un bâtiment neuf sur les berges ? Comptez un million d’euros facile. Sans parler des délais, des autorisations, des recours possibles… La péniche, elle, arrive clé en main (ou presque).
Un quartier coupé en deux par la plaine maraîchère
Montesson, c’est une ville un peu particulière. Entre le centre et les quartiers des Rabaux et de La Borde, il y a cette immense plaine maraîchère protégée. Un poumon vert magnifique… mais qui isole complètement ces secteurs. Pas de vraie salle pour se réunir, pas de lieu convivial digne de ce nom.
Du coup, quand les habitants demandaient depuis 2020 « Alors, cette salle promise pendant la campagne, elle arrive quand ? », la maire n’avait pas oublié. La Covid avait tout ralenti, les priorités avaient changé, mais l’idée était toujours là. Il manquait juste… l’opportunité.
Et l’opportunité a pris la forme d’une péniche.
Un lieu qui n’a pas encore de nom… mais déjà une âme
Pour l’instant elle s’appelle Cédric. Autant dire que ça risque de changer. L’équipe municipale réfléchit déjà à organiser un concours auprès des habitants pour trouver le nom parfait. Quelque chose qui colle à l’esprit festif, fluvial, un peu poétique.
Parce que oui, l’objectif est clair : faire de ce bateau un vrai lieu de vie. Une salle polyvalente flottante capable d’accueillir :
- des mariages et anniversaires
- des expositions d’artistes locaux
- des spectacles intimistes (théâtre, concerts acoustiques)
- des ateliers pour les associations
- et pourquoi pas une guinguette l’été, avec terrasse sur le pont
J’avoue, rien que d’y penser, j’ai déjà envie d’y être. Une bière fraîche, les pieds presque dans l’eau, avec la Seine qui coule doucement à côté… On signe où ?
Redonner vie aux berges de Seine
Ce qui est intéressant, c’est que ce projet dépasse largement la simple acquisition d’une salle. C’est toute une philosophie qui se dessine : retourner vers le fleuve.
À Montesson, les berges sont superbes. Le week-end, les promeneurs sont nombreux. Mais concrètement ? Il n’y a même pas un banc pour s’asseoir. L’arboretum tout neuf, créé après les travaux de la digue, mérite d’être mis en valeur. Et cette péniche va devenir le point d’ancrage de tout ça.
Dès le 8 décembre, les travaux du ponton commencent. Eau, électricité, accès PMR, parking végétalisé… Tout est pensé pour que le lieu soit accueillant et respectueux de l’environnement.
L’effet boule de neige des projets malins
Ce qui me plaît dans cette histoire, c’est qu’elle prouve qu’on peut encore faire preuve de créativité quand les budgets sont serrés. 85 000 euros pour un équipement qui aurait coûté dix fois plus cher en construction classique, c’est tout simplement malin.
Et quelque part, ça redonne un peu foi en la capacité des élus à sortir des sentiers battus. Pas de grand discours, pas de communication tapageuse : juste une idée simple, efficace, et un peu folle. Le genre d’histoire qu’on a envie de raconter au comptoir.
On peut déjà imaginer les photos l’été prochain : la péniche illuminée, les tables sur le pont, les rires qui portent jusqu’à l’autre rive. Peut-être même que d’autres communes vont se mettre à scruter les petites annonces maritimes. Après tout, pourquoi pas ?
En attendant, à Montesson, on a déjà gagné. On a prouvé qu’une bonne idée, même un peu barge (c’est le cas de le dire), peut parfois flotter bien plus haut que tous les projets trop lisses et trop chers.
Et vous, vous seriez partant pour un mariage sur une péniche communale ? Moi, clairement, je dis oui.
(Article mis à jour le 1er décembre 2025 – plus de 3200 mots)
