Vous êtes-vous déjà surpris à taper frénétiquement un mot bizarre dans le dictionnaire en ligne à 2 heures du matin ? Moi oui. Et apparemment, en 2025, des centaines de milliers de francophones ont fait exactement la même chose avec des termes aussi différents que « masculinisme » ou « gougnafier ». Quand un grand dictionnaire publie son classement annuel des mots les plus recherchés, c’est un peu comme ouvrir une fenêtre directe sur nos obsessions collectives. Et cette année, la vue est… détonante.
Les dix mots qui ont fait trembler les serveurs en 2025
Chaque année, c’est le même rituel : on attend la liste comme on attendrait les résultats du bac. Sauf que là, ce ne sont pas des notes, ce sont des mots qui racontent ce qui nous a marqués, choqués, fait rire ou simplement intrigués pendant douze mois. En 2025, le podium est tenu par des termes qui, franchement, en disent long sur l’époque qu’on traverse.
Masculinisme : la recherche qui a explosé de 800 %
Le grand vainqueur, c’est lui. Masculinisme. Une augmentation de 800 % en un an, ça ne passe pas inaperçu. On pourrait croire que c’est juste un effet de mode, mais non. Derrière ce chiffre, il y a des débats enflammés, des vidéos virales, des adolescents qui découvrent des discours radicaux sur leurs écrans et des parents qui paniquent.
Le mouvement est hétérogène, c’est le moins qu’on puisse dire. D’un côté, il y a ceux qui parlent de « crise de la masculinité », de l’autre, des discours franchement hostiles au féminisme. Et entre les deux, une zone grise immense où se perdent pas mal de jeunes hommes en quête de repères. Ce qui est sûr, c’est que le sujet n’a jamais été aussi présent dans les conversations.
« Ce n’est pas seulement un mot qui monte, c’est tout un pan de la société qui cherche à se définir face à des changements rapides. »
– Une linguiste spécialisée dans les néologismes sociétaux
Ce qui m’interpelle le plus, c’est la vitesse à laquelle le terme s’est imposé. Il y a cinq ans, il était quasiment absent des conversations courantes. Aujourd’hui, il est partout. Preuve que le langage suit – et parfois précède – les évolutions profondes de la société.
Conclave : quand l’actualité religieuse et politique se télescopent
Deuxième place surprise : conclave. Le mot a connu une année absolument folle. Et pour cause : deux événements majeurs l’ont remis sous les projecteurs presque en même temps.
D’abord, au début de l’année, les débats autour de la réforme des retraites ont été qualifiés de « conclave » par certains commentateurs – un peu exagéré, mais l’image a pris. Ensuite, l’événement que personne n’avait vu venir : le décès du pape François au printemps et l’élection de son successeur à Rome. Là, le mot a littéralement explosé.
Résultat ? Des millions de personnes ont voulu savoir exactement ce que signifiait ce rituel vieux de plusieurs siècles. Comment on enferme les cardinaux, pourquoi la fumée blanche ou noire, tout ça. C’est fascinant de voir comment un terme aussi précis peut soudain devenir populaire.
Gougnafier : l’insulte oubliée qui ressuscite à l’autre bout du monde
Maintenant, mon coup de cœur personnel : gougnafier. Franchement, qui utilisait encore ce mot avant juin 2025 ? Personne. Et puis, paf, un responsable politique sénégalais le ressort pour critiquer le président en place. Polémique immédiate.
Du jour au lendemain, des milliers de francophones se sont précipités pour comprendre ce que signifiait ce terme désuet qui sonne comme une insulte de grand-père. Et là, surprise : c’est un mot du XIXe siècle qui veut dire à peu près « imbécile » ou « malotru ». Le genre d’expression qu’on croyait enterrée avec les redingotes.
Ce qui est génial, c’est que cette histoire montre à quel point la francophonie est vivante. Un mot peut dormir pendant cent cinquante ans en France et se réveiller brutalement à Dakar. La langue française, c’est un peu un zombie : ça a l’air mort, et puis d’un coup, ça vous mord.
Wesh, submersion, eugénisme : les autres stars de l’année
Dans le reste du classement, on trouve des mots qui racontent chacun une petite histoire de 2025.
- Wesh : l’argot des cités continue sa conquête du français standard. Ce qui était une interjection de quartier il y a vingt ans est aujourd’hui utilisé par des ados de Neuilly. La langue évolue, et vite.
- Submersion : avec les épisodes de pluies extrêmes et les débats sur le changement climatique, le mot « submersion marine » est revenu en force. On ne parle plus seulement de montée des eaux, on la vit.
- Eugénisme : entre les débats sur les bébés génétiquement modifiés et certaines dérives idéologiques, le terme a refait surface. Inquiétant ? Peut-être.
- Entrisme, séditieux, vassal : trois mots qui sentent la politique à plein nez. Preuve que 2025 a été une année de tensions et de stratégies.
Que nous apprennent vraiment ces recherches ?
Au-delà des mots eux-mêmes, ce classement est une radiographie de nos préoccupations. On y voit :
- Une société qui se cherche des repères face aux transformations du genre et des relations hommes-femmes
- Un intérêt renouvelé pour les institutions (religieuses, politiques) dans un monde qui semble partir en vrille
- La résurrection de mots oubliés grâce aux réseaux sociaux et à la francophonie mondiale
- Et surtout, une curiosité linguistique intacte : on veut comprendre, nommer, mettre des mots sur ce qu’on vit
Personnellement, je trouve ça plutôt rassurant. Dans un monde où tout va vite, où les algorithmes nous enferment dans des bulles, le fait qu’on prenne encore le temps de chercher le sens précis d’un mot, c’est une forme de résistance. Une façon de reprendre la main sur le réel.
Et vous, quel mot avez-vous cherché cette année sans oser l’avouer ? Allez, on est entre nous.
En 2025, plus que jamais, les mots ne sont pas de simples outils. Ils sont des symptômes. Des révélateurs. Et parfois, des armes. Le fait que « masculinisme » arrive en tête dit quelque chose de profond sur les tensions qui traversent la société. Le retour de « gougnafier » montre que même les expressions les plus ringardes peuvent revenir hanter le débat public.
Ce qui est sûr, c’est que la langue française n’a pas fini de nous surprendre. Elle absorbe, digère, recrache, ressuscite. Elle est vivante, bordélique, parfois inquiétante, souvent drôle. Exactement comme nous.
Alors la prochaine fois que vous taperez un mot bizarre dans le dictionnaire à 3 heures du matin, sachez que vous n’êtes pas seul. Des centaines de milliers d’autres francophones font exactement la même chose. Et ensemble, mot après mot, on écrit l’histoire de notre époque.
