Imaginez-vous candidat dans une ville où la gauche règne sans partage depuis près de quatre-vingt-dix ans. Presque un siècle. C’est le pari fou que s’est lancé une jeune femme de 29 ans à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Elle porte les couleurs de la droite et rêve, rien de moins, que de bousculer l’histoire politique locale en forçant un second tour aux élections municipales de 2026. Un événement qui ne s’est plus produit depuis 2001. Franchement, on se demande parfois si c’est de l’audace ou une dose massive d’optimisme.
Un bastion de gauche qui ne faiblit pas
Nanterre, c’est cette commune dynamique à l’ouest de Paris, connue pour son université, sa préfecture, et surtout pour sa fidélité inébranlable à la gauche depuis 1935. Oui, vous avez bien lu : 1935. À l’époque, le Front populaire triomphait, et depuis, la ville n’a jamais changé de camp. Les maires communistes puis socialistes se sont succédé, et les électeurs ont toujours reconduit la majorité sortante au premier tour, sauf cette fameuse exception en 2001.
Au fil des décennies, cette stabilité est devenue une sorte de marque de fabrique. Les habitants savent à quoi s’attendre : des politiques sociales marquées, un urbanisme ambitieux, une identité ouvrière qui s’est transformée mais reste ancrée. Pour une candidate de droite, entrer dans l’arène ressemble un peu à escalader une montagne sans corde. Pourtant, c’est exactement ce qu’a choisi de faire Hélène Matouk.
Qui est Hélène Matouk, la challengueuse de 29 ans ?
À tout juste 29 ans, elle n’est pas une inconnue totale en politique locale. Titulaire d’un master en sciences politiques, elle a rejoint l’opposition municipale il y a deux ans et demi, en intégrant un groupe qui tente de faire entendre une autre voix. Depuis avril dernier, elle a officiellement pris sa carte chez les Républicains, marquant clairement son ancrage à droite.
Ce qui frappe d’abord, c’est sa jeunesse. Dans un paysage politique souvent dominé par des figures expérimentées, elle apporte une énergie différente. Elle le dit elle-même : si elle n’y croyait pas, elle ne se lancerait pas. Et quand on l’écoute parler, on sent une détermination tranquille, presque contagieuse.
« Bien sûr qu’il y a de l’espoir. Si je n’attendais rien de cette élection, je ne serai même pas candidate. »
Cette phrase, prononcée avec le sourire après avoir serré des dizaines de mains dans une brasserie du centre-ville, résume assez bien son état d’esprit. Elle sait que la route sera longue, semée d’embûches, mais elle y va.
L’ambition majeure : offrir un second tour aux Nanterriens
Son objectif n’est pas simplement de participer. Non, elle veut plus. Elle veut redonner aux habitants la possibilité de choisir vraiment, au-delà d’un premier tour qui ressemble souvent à une formalité. Depuis 2001, Nanterre n’a plus connu de second tour aux municipales. La majorité sortante l’emporte systématiquement dès le premier round.
Pour elle, ramener du débat, de la confrontation d’idées jusqu’au bout, ce serait déjà une victoire. Un moyen de réveiller une démocratie locale qu’elle juge un peu endormie. Et franchement, dans une période où beaucoup se plaignent de l’abstention et du manque de choix, l’idée a quelque chose de rafraîchissant.
- Un second tour signifierait une mobilisation plus forte des électeurs
- Il obligerait tous les candidats à affiner leurs propositions
- Il redonnerait du sens au vote dans une ville habituée à la reconduction automatique
C’est peut-être l’aspect le plus intéressant de sa candidature : elle ne se contente pas de dire « je veux gagner ». Elle fixe un palier intermédiaire, réaliste, qui pourrait déjà changer la donne.
La sécurité, axe central d’une campagne de droite
Comme souvent à droite, la sécurité occupe une place de choix dans son discours. Ce n’est pas une surprise. Dans beaucoup de communes de banlieue, les habitants expriment des inquiétudes sur ce sujet, même dans des villes bien gérées par ailleurs. À Nanterre, entre les faits divers qui font parfois la une et le sentiment d’insécurité dans certains quartiers, le thème résonne.
Hélène Matouk en est convaincue : les Nanterriens sont sensibles à ces questions. Elle veut en faire le fil rouge de sa campagne, proposer des mesures concrètes, renforcer la présence policière, améliorer l’éclairage public, développer la vidéosurveillance. Des classiques, certes, mais qu’elle compte adapter à la réalité locale.
Ce qui est intéressant, c’est qu’elle ne se limite pas à cela. Elle parle aussi d’attractivité économique, de propreté, de qualité de vie. Mais la sécurité reste le point d’entrée, celui qui, selon elle, peut ouvrir les portes auprès d’un électorat parfois déçu.
Les défis immenses d’une campagne dans un fief de gauche
Campagner à droite à Nanterre, ce n’est pas de tout repos. Il faut le dire clairement. Les meetings sont plus rares, les soutiens moins visibles, les médias locaux parfois moins attentifs. Distribuer des tracts sur les marchés demande un sacré courage quand on sait que la majorité des passants votent traditionnellement à gauche.
Et puis il y a la concurrence à gauche, qui ne manque pas. Outre le maire sortant, d’autres candidatures plus à gauche émergent, prêtes à incarner une alternative radicale. Cela pourrait diviser les voix et compliquer encore la tâche de la droite.
Mais paradoxalement, cette fragmentation pourrait aussi jouer en sa faveur. Si la gauche se disperse, les chances d’atteindre le second tour augmentent mécaniquement. C’est un calcul politique classique, et Hélène Matouk le connaît bien.
« Offrir, enfin, un second tour aux électeurs de Nanterre. »
Hélène Matouk
Cette phrase revient souvent dans ses interventions. Elle cristallise son ambition et montre qu’elle a bien mesuré l’ampleur du défi.
Pourquoi cette candidature peut surprendre
On pourrait balayer cette candidature d’un revers de main : une jeune femme de droite dans une ville rouge vif, ça n’a aucune chance. Pourtant, les choses bougent. L’abstention grimpe, les électeurs sont volatiles, les enjeux nationaux influencent les scrutins locaux. Et puis, il y a cette envie, chez certains habitants, de voir enfin du neuf.
À 29 ans, Hélène Matouk incarne justement cela : du neuf. Une génération qui n’a pas connu les grandes batailles idéologiques du siècle dernier, qui parle un langage plus direct, plus proche des préoccupations quotidiennes. Sécurité, bien sûr, mais aussi emploi, logement, environnement urbain.
J’ai remarqué, en suivant les campagnes locales ces dernières années, que les surprises arrivent souvent quand on ne les attend pas. Une candidature sérieuse, bien préparée, peut créer la dynamique. Et si Nanterre connaissait enfin son second tour depuis un quart de siècle ? L’idée fait son chemin.
Nanterre, une ville en mutation constante
Pour comprendre les enjeux, il faut regarder la ville telle qu’elle est aujourd’hui. Nanterre n’est plus seulement cette commune ouvrière d’antan. C’est un pôle tertiaire important, avec La Défense à deux pas, une université renommée, des quartiers en pleine rénovation. Les habitants sont divers, les attentes multiples.
Certains regrettent peut-être une certaine routine politique. D’autres aimeraient voir émerger des débats plus vifs sur l’avenir de leur ville. Hélène Matouk mise là-dessus : proposer une alternative crédible, sans caricature, sans excès.
- Renforcer la sécurité pour rassurer les familles
- Améliorer la propreté et l’entretien des espaces publics
- Développer l’attractivité économique pour créer des emplois
- Écouter davantage les habitants au quotidien
Des thèmes qui parlent à beaucoup, au-delà des étiquettes politiques. C’est peut-être sa force.
Vers un scrutin plus ouvert qu’il n’y paraît ?
À quelques mois du scrutin de mars 2026, rien n’est joué. La campagne ne fait que commencer, les alliances se dessinent, les programmes s’affinent. Hélène Matouk, elle, continue son travail de terrain. Meetings, portes-à-portes, discussions dans les cafés. Elle sait que chaque voix comptera.
Et si, au final, son pari était le bon ? Si les Nanterriens décidaient, cette fois, de prolonger le suspense jusqu’au second tour ? Ce serait une petite révolution locale. Une de ces histoires qui font le sel de la démocratie de proximité.
En attendant, une chose est sûre : cette candidature apporte déjà du mouvement. Elle oblige tout le monde à se poser des questions, à défendre ses idées, à sortir du confort. Et ça, finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle pour la ville.
Les mois à venir seront décisifs. Suivons cela de près, car parfois, les plus grands changements commencent par un défi que personne n’avait vu venir.
