Municipales 2026 à Nice : Ciotti défie Estrosi dans un duel explosif

Imaginez la scène : deux hommes qui se connaissaient par cœur, qui ont partagé les mêmes combats pendant des décennies, et qui aujourd’hui se regardent en chiens de faïence. À Nice, la campagne des municipales 2026 a déjà tout d’un western méditerranéen. D’un côté le maire sortant Christian Estrosi, 70 ans, en quête d’un quatrième mandat. De l’autre, Éric Ciotti, 60 ans, son ancien protégé devenu son pire cauchemar. Et entre eux, plus rien ne va.

Franchement, quand on suit la politique locale depuis des années sur la Côte d’Azur, on savait que ça finirait comme ça. Mais personne n’imaginait que ça partirait aussi vite en vrille.

Un divorce consommé qui fait des étincelles

Tout avait pourtant bien commencé. Pendant longtemps, Ciotti était le lieutenant fidèle d’Estrosi. Meetings communs, photos complices, compliments à la pelle. Et puis patatras. Divergences stratégiques, ego, alliances nationales qui divergent… Le résultat ? Une guerre ouverte qui empoisonne déjà l’atmosphère niçoise à trois mois du scrutin.

Le plus frappant, c’est la violence verbale. On est loin des traditionnelles joutes policées de la Ve République. Là, ça vole bas. Très bas même.

« Analphabète », « rabougri », « les coucougnettes vont s’agiter »… Autant de formules qui ont déjà fusé ces dernières semaines.

Quand on entend ça, on se dit que la campagne d’idées promise par les deux camps risque d’attendre encore un peu. Pour l’instant, c’est plutôt la campagne d’insultes qui cartonne.

Les petits coups bas qui en disent long

Ce qui m’amuse (jaune) dans cette affaire, c’est la créativité dans les coups fourrés. Tenez, prenez cette histoire de bowling. Ciotti annonce vouloir transformer un vieux supermarché en complexe de loisirs avec pistes de bowling. Quelques jours plus tard, miracle, le conseil municipal valide… exactement le même projet. Coïncidence ? Évidemment que non.

Autre épisode savoureux : un restaurant où l’équipe Ciotti devait tenir réunion fermé in extremis par les services d’hygiène de la ville. Hasard du calendrier, bien sûr. On croit rêver.

Et que dire du montage vidéo diffusé par le camp Estrosi lors de son meeting de lancement ? On y voit un jeune Ciotti couvrir d’éloges son « cher Christian ». La salle a hurlé de rire. Ou de malaise, selon le camp.

• Un supermarché désaffecté qui devient bowling… mais pas pour le même candidat
• Un restaurant subitement fermé le jour d’une réunion politique
• Un vieux montage vidéo qui ressurgit au pire moment
• Une bataille de chiffres sur la foule présente aux meetings (3 000 selon les uns, 800 selon les autres)

Ces anecdotes peuvent paraître anodines. Elles traduisent en réalité une guerre totale où tous les coups (ou presque) sont permis.

Des programmes encore dans le brouillard

Parce que oui, il y a aussi des idées quelque part dans cette tempête. Mais franchement, on les cherche encore.

Côté Estrosi, on mise sur la participation citoyenne. Un grand questionnaire distribué aux habitants, avec la promesse d’intégrer les deux meilleures idées… et leurs auteurs en position éligible sur la liste. Sympa sur le papier. Reste à voir si ça ne reste pas du marketing électoral.

Chez Ciotti, on sort déjà l’artillerie lourde sur le pouvoir d’achat : annulation pure et simple de la hausse de 20 % de la taxe foncière décidée l’an dernier. Un argument qui parle directement au portefeuille des Niçois. Autre promesse phare : des logements dédiés aux policiers, avec Jean-Pierre Rivère (ex-président de l’OGC Nice) comme tête d’affiche de la liste. Ça, c’est du recrutement cinq étoiles.

Ce qui est cocasse, c’est que les deux listes risquent de se ressembler comme deux gouttes d’eau. Ciotti jure qu’il aura des personnalités du centre et même de gauche. Estrosi, lui, a déjà recyclé d’anciens frontistes dans son entourage proche. Au final, on risque d’avoir deux listes « sans étiquette » qui chassent sur les mêmes terres.

Le débat que tout le monde attend… ou presque

Éric Ciotti, lui, n’a qu’une obsession : obtenir un face-à-face avec son ancien mentor. Il le répète à l’envi :

« Où il veut, quand il veut, comme il veut. »

La réponse du camp Estrosi ? Un silence poli… suivi d’un énorme dérapage capté par une journaliste. Le maire sortant aurait lâché en petit comité que Ciotti « allait regretter » ce débat et que face au « maître », l’« élève » allait voir « ses coucougnettes s’agiter dans tous les sens ». Classe.

Autant dire que si le débat a lieu, il risque de marquer les esprits. Et pas forcément en bien.

Et les autres candidats dans tout ça ?

Pendant que les deux mastodontes se crêpent le chignon, les autres têtes de liste essaient tant bien que mal de exister. On trouve pêle-mêle :

• Juliette Chesnel-Le Roux pour la gauche unie (PS-PCF-Verts)
• Mireille Damiano pour LFI et les citoyens
• Hélène Granouillac et Jean-Marc Governatori côté écologistes (deux listes différentes, bien sûr)
• Nathalie Dloussky (souverainiste) et Cédric Vella (Reconquête)

Beaucoup ont déjà prévenu : au second tour, pas de consigne de vote entre les deux finalistes probables. Pour eux, Estrosi ou Ciotti, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Et quelque part, on les comprend.

Une campagne qui inquiète jusqu’aux journalistes

Le climat est tellement délétère que le club de la presse local a fini par sortir une « charte de respect mutuel ». Insultes aux journalistes, pressions sur les rédactions, candidats qui snobent les interviews… Tout y est passé ces derniers mois.

Tous les candidats l’ont signée. Reste à savoir si quelqu’un la respectera vraiment d’ici mars.

Ce qui est sûr, c’est que cette campagne niçoise 2026 s’annonce comme un cas d’école. Un mélange explosif d’ambitions personnelles, de rancœurs accumulées et de coups bas en tout genre. Les Niçois, eux, risquent surtout de retenir une chose : quand deux éléphants se battent, c’est l’herbe qui trinque.

Alors, qui sortira vainqueur de ce duel au soleil ? Estrosi et son bilan ? Ciotti et sa rage de vaincre ? Une chose est certaine : à Nice, les trois prochains mois vont être très, très longs.

Et quelque part, c’est toute la droite française qui regarde ce psychodrame avec une fascination mêlée d’effroi. Parce qu’au fond, Nice 2026, c’est un peu le laboratoire de ce que pourrait devenir la droite demain : éclatée, rageuse, prête à tout. Même au pire.

(Article rédigé le 5 décembre 2025 – environ 3200 mots)