Vous savez ce moment où quelqu’un vous dit « cette fois c’est fini, je raccroche »… et six mois plus tard il est toujours là ? À Nogent-sur-Marne, on vit exactement ça, version politique locale.
Jacques Jean-Pierre Martin, maire depuis 2001 – oui, vingt-quatre ans –, avait pourtant été clair au printemps dernier : en 2026, il rendrait l’écharpe. Il avait même adoubé son premier adjoint, Jean-Paul David, comme successeur naturel. Tout le monde s’était dit « bon, voilà, la page va se tourner doucement ». Sauf que, comme souvent en politique, rien ne se passe jamais doucement.
Un été qui a tout fait basculer
L’histoire prend un tour surprenant dès le début de l’été. Le maire retire brutalement son soutien à celui qu’il présentait comme son héritier. Motif officiel ? On ne saura jamais vraiment. Motif officieux ? Les rumeurs vont bon train dans les cafés du centre-ville : divergences stratégiques, ego mal placés, peur du vide… un grand classique.
Jean-Paul David, l’intéressé, a eu la gorge serrée quand on l’a joint. Il avoue que « la pilule a été dure à avaler ». On le comprend. Passer en quelques semaines du statut de dauphin officiel à celui de simple conseiller municipal, il y a de quoi avoir le moral dans les chaussettes.
« Je sais que la vie politique n’est pas un long fleuve tranquille, mais là, la brutalité m’a surpris. »
Jean-Paul David, ancien premier adjoint
Mais il ajoute, avec une pointe de fierté, que les nombreux messages de soutien des habitants l’ont aidé à tenir. Preuve que, même évincé par le maire, il conserve une vraie popularité dans la ville.
Deborah Münzer, la nouvelle figure de proue LR ?
Pendant ce temps, un autre nom commence à circuler avec insistance : Deborah Münzer. Adjointe à la culture, vice-présidente du département, elle coche beaucoup de cases pour la droite nogentaise. Jeune (relativement), femme, connue, impliquée… tout ce qu’il faut pour incarner un renouvellement sans trop effrayer l’électorat traditionnel.
D’après plusieurs sources internes au parti, c’est elle qui devrait obtenir l’investiture Les Républicains pour 2026. Rien n’est encore officiel, mais les signaux sont au vert. Et franchement, dans le contexte actuel, ça paraît être le choix le plus logique pour éviter une guerre fratricide.
Le coup de théâtre de l’investiture
Mais là où l’histoire devient carrément savoureuse, c’est que Jacques JP Martin lui-même a récemment demandé – oui, demandé – l’investiture LR pour… potentiellement se représenter ! Avant de se rétracter aussi sec. Vous avez bien lu.
On imagine la tête des cadres du parti quand ils ont reçu la lettre. Et celle des militants quand ils ont appris qu’il faisait machine arrière. Ce genre de valse-hésitation, c’est du jamais-vu, même à l’échelle locale.
Est-ce la peur du vide ? L’envie de contrôler encore un peu la succession ? La conviction que personne d’autre ne saura gérer la ville comme lui ? Peut-être un peu des trois. Toujours est-il que cette demande éclair, suivie d’un retrait express, en dit long sur l’état d’esprit du maire sortant.
Une campagne qui tarde à décoller
Conséquence directe : tout le monde est paralysé. À quinze mois du scrutin, la campagne n’a toujours pas vraiment démarré à Nogent. Les autres listes attendent de savoir si le maire sera candidat ou pas pour caler leur stratégie. Les prétendants LR retiennent leur souffle. Même les opposants historiques hésitent à sortir du bois trop tôt.
Résultat ? Une drôle d’ambiance dans la ville. On sent que ça bouillonne en coulisses, mais en surface, c’est le calme plat. Un peu comme avant un gros orage d’été.
- Le maire ne dit plus clairement s’il part ou s’il reste
- Son ex-dauphin est mis sur la touche mais reste populaire
- Une adjointe se prépare doucement à prendre le relais
- Le parti LR local retient son souffle
- Les autres listes attendent le signal du départ
On a connu des successions plus fluides.
Nogent, laboratoire de la droite francilienne ?
Ce qui se passe à Nogent n’est pas anodin. La ville, bastion historique de la droite modérée, est un peu un laboratoire des difficultés que rencontre LR en Île-de-France. Comment renouveler les équipes sans perdre les électeurs attachés aux sortants ? Comment gérer l’ego des barons locaux ? Comment éviter que la division profite à la gauche ou, pire, au centre macroniste ?
Parce que oui, à Nogent comme ailleurs, le temps des maires inamovibles semble révolu. Les habitants veulent du sang neuf, mais ils veulent aussi la continuité. C’est tout l’art de la succession réussie : trouver la personne qui saura à la fois rassurer et surprendre.
Deborah Münzer pourra-t-elle être cette personne ? Rien n’est moins sûr. Elle devra d’abord convaincre que le bilan de l’équipe sortante est bon (ce qui est loin d’être évident sur tous les sujets), ensuite se démarquer assez pour ne pas apparaître comme une simple continuatrice.
Et si Martin se représentait finalement ?
Imaginons une seconde qu’il change encore d’avis. Qu’il se dise « finalement, je suis le seul à pouvoir battre la gauche » ou « la ville a encore besoin de moi ». Ce serait un séisme.
Non seulement il grillerait la politesse à toute une nouvelle génération, mais il prendrait aussi le risque de diviser profondément sa majorité. Sans parler de l’image désastreuse que cela renverrait : celle d’un élu incapable de passer la main.
J’ai vu ça ailleurs : quand un maire historique s’accroche à son fauteuil au-delà du raisonnable, ça finit souvent mal. Soit il gagne de justesse et passe six ans à gérer les rancœurs, soit il perd et enterre définitivement son camp pour une génération.
À Nogent, on n’en est pas encore là. Mais on n’en est pas loin.
Ce que nous réserve 2026
Une chose est sûre : les municipales de 2026 à Nogent-sur-Marne s’annoncent passionnantes. Entre les hésitations du maire, les ambitions contrariées, les investitures qui dansent la samba et les opposants qui se frottent les mains, tous les ingrédients d’une belle bataille sont réunis.
Et quelque part, c’est aussi ça la démocratie locale : des ego, des trahisons, des retournements, des larmes et des espoirs. Moins glamour que l’Assemblée nationale, mais tellement plus humain.
Alors, Jacques JP Martin rendra-t-il vraiment son écharpe en 2026 ? Ou refera-t-il le coup du « finalement, je reste pour le bien de la ville » ?
Réponse dans quelques mois. En attendant, les Nogentais, eux, attendent toujours de savoir qui sera sur le bulletin en face de leur nom.
Et quelque part, c’est peut-être ça le plus inquiétant.
