Franchement, quand on se balade dans certaines rues de Paris ces derniers temps, on se demande parfois si la capitale n’a pas un peu oublié qu’elle était la ville lumière. Rats, poubelles débordantes, sentiment d’insécurité… Les Parisiens en ont marre, et ils le disent haut et fort. C’est dans ce contexte électrique que Pierre-Yves Bournazel, candidat soutenu par la majorité présidentielle, a choisi de frapper fort ce jeudi matin sur les ondes.
Son message ? Stop aux belles paroles, place aux actes. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère : privatiser la propreté, remettre 60 000 logements sur le marché, créer une vraie police municipale et réaliser 400 millions d’euros d’économies sur le train de vie de la mairie. Rien que ça.
Un candidat qui veut « remettre Paris en ordre de marche »
Ce qui frappe d’abord chez Bournazel, c’est sa volonté de parler concret. Pas de grandes théories, pas de slogans vides. L’élu du XVIIIe arrondissement répète qu’il veut « améliorer la vie quotidienne » des Parisiens. Et quand on connaît le quotidien de beaucoup d’entre nous – troquer ses baskets contre des bottes pour éviter les déjections canines, slalomer entre les trottinettes et les sacs poubelles –, on se dit que le message risque de porter.
La propreté : la rupture assumée
Le chiffre fait mal : à peine 23 % des Parisiens se disaient satisfaits de la propreté il y a un an. Depuis, ça ne s’est pas franchement arrangé. Bournazel propose donc une solution radicale : confier le nettoiement et le ramassage des ordures au privé.
« Des rues propres à Paris, c’est possible. Ça se fait ailleurs, c’est plus efficace. »
Il n’a pas tort sur le constat. Dans le XIe ou le IIe arrondissement, où des portions sont déjà gérées par des prestataires privés, le résultat est souvent plus convaincant. Reste à voir si la mairie pourra vraiment rompre avec des décennies de gestion publique sans déclencher une guerre sociale avec les éboueurs. Mais le candidat assume : pour lui, l’efficacité prime sur l’idéologie.
Sécurité : une police municipale qui change vraiment la donne ?
Autre sujet brûlant : la sécurité. Entre les rodéos de scooters, les dealers en bas des immeubles et les agressions dans le métro, nombreux sont ceux qui ne se sentent plus en sécurité après 22 heures. Bournazel promet une police municipale à pied et à vélo, bien visible, bien formée, et surtout présente là où les Parisiens en ont besoin.
On sent que le candidat a écouté les habitants. Dans le XVIIIe, où il est élu, les riverains réclament cela depuis des années. Contrairement à la police municipale actuelle, souvent cantonnée à verbaliser les trottinettes mal garées, il s’agirait d’une vraie force de tranquillité publique. Reste la question du recrutement et de la formation – on ne crée pas 1 500 agents compétents en claquant des doigts.
Logement : 60 000 appartements en plus, vraiment réalisable ?
Paris, c’est aussi (surtout ?) la crise du logement. Les loyers explosent, les jeunes couples partent en banlieue, les classes moyennes s’exilent. Face à cela, Bournazel avance un chiffre qui fait tourner les têtes : remettre 60 000 logements vacants ou sous-occupés sur le marché grâce à une politique incitative envers les propriétaires.
- Exonérations fiscales renforcées pour ceux qui louent à prix abordable
- Aide à la rénovation des passoires thermiques
- Accompagnement administratif gratuit pour les bailleurs
- Et toujours les 15 000 logements sociaux et intermédiaires par an
L’idée est séduisante. On sait qu’il existe des milliers d’appartements vides à Paris – héritages compliqués, propriétaires âgés, peur de la location… Si une partie seulement accepte de remettre leur bien sur le marché, l’effet pourrait être massif. C’est peut-être l’une des propositions les plus audacieuses et les plus réalistes du candidat.
Périscolaire : la réponse aux scandales qui ont choqué Paris
Cette année a été terrible pour les parents parisiens. Une série de affaires graves dans les écoles et les centres de loisirs a révélé des failles béantes dans le recrutement et la supervision des animateurs. Bournazel propose des mesures de bon sens, mais qui auraient dû être appliquées depuis longtemps :
- Contrôle systématique des antécédents judiciaires (et pas seulement le casier B2)
- Travail obligatoire en binôme dans certaines situations
- Formation renforcée à la bientraitance
Difficile de lui donner tort. Quand la sécurité des enfants est en jeu, il n’y a pas de place pour l’approximation.
400 millions d’économies : la fin des privilèges à l’Hôtel de Ville
Et puis il y a ce chiffre qui claque : 400 millions d’euros d’économies sur le train de vie de la mairie. Pour un budget de 10 milliards, ce n’est pas rien. Bournazel veut s’attaquer aux symboles qui agacent les Parisiens :
- Suppression des voitures avec chauffeur pour les élus et hauts fonctionnaires
- Fin des frais de représentation disproportionnés
- Obligation de transparence sur le patrimoine et les intérêts des élus
- Limitation drastique des cabinets pléthoriques
« Il faut une ville propre, mais aussi des élus propres. »
La formule est percutante. Et franchement, quand on voit certaines dérives – achats de costumes sur fonds publics, notes de frais astronomiques –, on se dit que le ménage est plus que nécessaire.
À l’arrivée, Pierre-Yves Bournazel propose une campagne résolument pragmatique. Pas de révolution, pas de grands soirs, mais une série de mesures de bon sens qui répondent aux vrais problèmes des Parisiens. Reste une question : dans une ville aussi clivante que Paris, le pragmatisme suffira-t-il face aux machines de guerre que sont les candidats de gauche et de droite traditionnelle ?
Les sondages le créditent pour l’instant autour de 15 %, loin derrière les favoris. Mais à six mois du scrutin, rien n’est joué. S’il parvient à incarner le vote utile du centre et à rallier une partie des déçus de la gauche comme de la droite, il pourrait créer la surprise.
Une chose est sûre : avec ce programme, il pose les bons diagnostics. Et dans une campagne où beaucoup parlent encore de pistes cyclables ou de végétalisation, entendre quelqu’un parler propreté, sécurité et logement sans détour, ça fait du bien.
Paris mérite mieux que le déclin doux. La question est maintenant de savoir si les Parisiens sont prêts à donner sa chance à ce changement-là.
