Imaginez la scène : le Premier ministre israélien pose le pied sur le sol américain et, au lieu d’un tapis rouge, ce sont des menottes que certains voudraient lui passer. C’est pourtant ce qui pourrait arriver si Benyamin Netanyahou maintient son projet de voyage à New York. Le nouveau maire élu de la mégapole, Zohran Mamdani, a été clair : il entend faire exécuter le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale. Et il ne plaisante pas.
Moi, quand j’ai lu ça la première fois, j’ai failli m’étouffer avec mon café. Parce que, franchement, on a déjà vu des tensions diplomatiques, mais là, on touche à un niveau presque surréaliste. Un chef de gouvernement en exercice menacé d’arrestation par la police municipale d’une ville américaine ? On se croirait dans un scénario de série B. Sauf que c’est bien réel, et ça dit beaucoup sur l’état du monde en cette fin 2025.
Un bras de fer qui dépasse largement New York
Reprenons depuis le début. La Cour pénale internationale, basée à La Haye, a émis en 2024 des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et son ancien ministre de la Défense pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés dans la bande de Gaza. Ni Israël ni les États-Unis ne reconnaissent la compétence de cette cour. En temps normal, ça s’arrête là : les mandats restent théoriques.
Mais voilà, l’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York change la donne. Ce jeune politicien de gauche, premier maire musulman de l’histoire de la ville, a fait campagne sur des positions très tranchées vis-à-vis d’Israël. Il parle ouvertement de « régime d’apartheid » et de « génocide » à Gaza. Et il a promis, noir sur blanc, d’utiliser la police new-yorkaise pour exécuter les mandats de la CPI – que ce soit contre Netanyahou ou même contre Vladimir Poutine.
Autant dire que la déclaration a fait l’effet d’une bombe.
Netanyahou répond cash : « Oui, je viendrai »
Mercredi dernier, lors d’une interview en visioconférence, le Premier ministre israélien a été interrogé directement sur ce voyage. Sa réponse ? Un simple et ferme « Oui, je viendrai à New York ». Pas de date précise, pas de détails, mais le message est limpide : il ne se laissera pas intimider.
« S’il change d’avis et reconnaît notre droit d’exister, cela constituera une bonne occasion d’entamer le dialogue »
Benyamin Netanyahou, à propos de Zohran Mamdani
La phrase est cinglante. En une ligne, Netanyahou renvoie le maire élu à ses déclarations passées et pose la question existentielle qu’Israël n’a cessé de marteler depuis des décennies. C’est du pur Bibi : provocateur, direct, et politiquement incorrect. Mais ça passe, parce qu’il sait que son auditoire – notamment aux États-Unis – reste majoritairement acquis à sa cause.
Mamdani peut-il vraiment faire arrêter Netanyahou ?
Sur le papier, non. Et c’est là que ça devient intéressant.
Premièrement, les États-Unis ne sont pas membres de la CPI et ont même voté des lois (le fameux American Service-Members’ Protection Act) pour protéger leurs ressortissants – et par extension leurs alliés proches – de toute tentative d’arrestation par cette cour. Deuxièmement, un maire, même à New York, n’a pas autorité pour ordonner l’arrestation d’un chef d’État en visite officielle. Troisièmement, la ville abrite le siège des Nations unies : les immunités diplomatiques sont blindées.
- Le Secret Service protégerait immédiatement Netanyahou en cas de menace réelle
- Le département d’État américain devrait donner son feu vert à toute visite officielle
- La communauté juive new-yorkaise, la plus importante hors Israël, ferait probablement bloc
- Le gouverneur de l’État de New York pourrait intervenir directement
En clair, l’arrestation relève du fantasme militant. Mais le symbole, lui, est puissant. Et c’est exactement ce que recherche Mamdani : transformer New York en tribune anti-israélienne.
Pourquoi ce voyage reste stratégique pour Israël
Alors pourquoi prendre le risque, même symbolique ? Parce que Netanyahou joue sur plusieurs tableaux à la fois.
D’abord, il y a l’Assemblée générale de l’ONU. Chaque année, le Premier ministre israélien y prononce un discours très attendu. Annuler serait perçu comme une capitulation. Ensuite, il y a la relation avec les États-Unis. Avec le retour probable de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, Israël veut montrer qu’il reste un allié indéfectible – et que les provocations locales ne l’atteignent pas.
J’ai d’ailleurs une petite théorie : ce voyage, s’il a lieu, pourrait être programmé après l’investiture du nouveau président américain. Histoire de bénéficier d’un bouclier politique maximal.
New York, ville-miroir des fractures mondiales
Ce qui se joue ici dépasse largement un simple clash entre deux personnalités. New York, avec sa population juive massive, ses quartiers palestiniens, ses universités en ébullition, est devenue un terrain d’affrontement par procuration du conflit israélo-palestinien.
Depuis octobre 2023, les manifestations pro-palestiniennes y sont quasi quotidiennes. Les campus de Columbia ou NYU ont été le théâtre de campements et d’occupations parfois violentes. L’élection de Mamdani n’est pas un accident : elle reflète un basculement générationnel et idéologique au sein même du Parti démocrate.
Et ça, Netanyahou le sait parfaitement. En venant malgré tout, il adresse un message aux Juifs américains : « Nous ne vous abandonnerons pas face à cette montée d’hostilité ».
Et si l’arrestation avait vraiment lieu ? Scénarios catastrophe
Imaginons l’impensable une seconde. Des policiers new-yorkais tentent d’embarquer Netanyahou à sa descente d’avion. Que se passe-t-il ?
- Incident diplomatique majeur entre Israël et les États-Unis
- Crise immédiate à l’ONU et rappel des ambassadeurs
- Rupture probable des relations entre New York et l’État fédéral
- Manifestations massives, risques d’émeutes dans une ville déjà sous tension
- Effondrement politique de Mamdani, accusé d’avoir franchi la ligne rouge
En résumé, tout le monde a intérêt à ce que ça n’arrive pas. Mais le seul fait que la question se pose est déjà révélateur du climat actuel.
Ce que cette affaire nous dit sur l’avenir de la diplomatie
À mon sens, on assiste à la fin d’une certaine forme d’immunité informelle dont bénéficiaient les dirigeants des grandes puissances ou de leurs alliés. Avec la multiplication des juridictions internationales et l’activisme de certains élus locaux, même les États-Unis ne sont plus un sanctuaire absolu.
Ce n’est pas la première fois qu’un dirigeant est menacé sur le sol américain – souvenons-nous des pressions sur Omar el-Béchir ou même Poutine – mais jamais à ce niveau et jamais avec un allié aussi stratégique qu’Israël.
Et demain ? Demain, ce pourrait être un dirigeant chinois à San Francisco, un Saoudien à Los Angeles, ou un autre responsable africain à Atlanta. La boîte de Pandore est ouverte.
Pour conclure, oui, Benyamin Netanyahou viendra probablement à New York. Non, il ne sera probablement pas arrêté. Mais entre-temps, le simple fait que la menace ait été formulée publiquement aura déjà fait des dégâts. Elle aura montré au monde qu’Israël, même soutenu par la première puissance mondiale, n’est plus à l’abri partout.
Et ça, plus encore que le voyage lui-même, c’est peut-être le vrai tournant de cette affaire.
(Article mis à jour le 4 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
