Imaginez-vous marcher dans les rues de New York à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans entendre une seule sirène de police hurler pour un homicide. Douze jours d’affilée. Pas un seul meurtre. Franchement, quand on pense à la réputation de la Grosse Pomme, on se dit que c’est presque de la science-fiction.
Et pourtant, c’est exactement ce qui s’est passé fin novembre-début décembre 2025. Douze jours consécutifs sans qu’un seul habitant ne perde la vie dans un acte de violence volontaire. Un record que la ville n’avait plus égalé depuis 2015. Et puis, comme un rappel brutal à la réalité, un homme de 38 ans a été abattu dans une cage d’escalier du Bronx. Fin de la série. Mais l’exploit reste gravé.
Un record qui fait parler, et pour cause
Quand on regarde les chiffres de plus près, on comprend pourquoi tout le monde en parle. Douze jours, ça peut paraître anodin quand on vit dans une petite ville tranquille. Mais à New York ? Huit millions et demi d’habitants, des quartiers très contrastés, une densité folle… Autant dire que maintenir une telle série relevait presque du miracle.
Je me souviens encore des années 90, quand la ville affichait plus de 2 000 homicides par an. À l’époque, certains quartiers étaient carrément évités après le coucher du soleil. Aujourd’hui, on parle d’une année où le nombre total d’homicides pourrait être le plus bas jamais enregistré. Le contraste est saisissant.
Que s’est-il passé pendant ces douze jours ?
Du 25 novembre au 6 décembre inclus, aucun homicide n’a été recensé sur l’ensemble des cinq boroughs. Ni à Manhattan, ni à Brooklyn, ni dans le Queens, Staten Island ou le Bronx. Rien. Zéro. Les statistiques officielles de la police new-yorkaise sont formelles.
Pendant cette période, les New-Yorkais ont continué à vivre normalement : métro bondé, taxis jaunes qui klaxonnent, touristes qui prennent des selfies devant l’Empire State Building. Mais en arrière-plan, quelque chose de rare se produisait : la ville respirait un peu plus calmement.
« Une stratégie efficace. Une exécution parfaite. Voilà comment on enchaîne les records. »
– La commissaire de la police new-yorkaise, visiblement fière du travail accompli
Et elle a raison d’être fière. Parce que derrière ce record, il y a des milliers d’heures de patrouilles, d’opérations ciblées, de travail de renseignement. Ce n’est pas juste de la chance.
Novembre 2025 : le mois le plus calme jamais enregistré
Et ce n’est pas que ces douze jours. Le mois de novembre entier a été exceptionnel : seulement 16 homicides recensés. C’est tout simplement le chiffre le plus bas jamais enregistré pour un mois de novembre depuis qu’on tient ces statistiques. Le précédent record datait de 2018… et il vient d’être égalé.
Pour vous donner une idée, en novembre 1990, il y avait eu 184 homicides. On est passé de 184 à 16 en un peu plus de trente ans. Ça donne le vertige.
- Novembre 2025 : 16 homicides
- Novembre 2018 : 16 homicides (ancien record)
- Novembre 2009 : 38 homicides
- Novembre 1990 : 184 homicides
Quand on voit ces chiffres côte à côte, on mesure l’ampleur du chemin parcouru.
Les fusillades en chute libre aussi
Mais il n’y a pas que les homicides qui baissent. Les incidents de fusillade et le nombre de victimes par balle atteignent aussi des niveaux historiquement bas. Sur les onze premiers mois de 2025, on compte seulement 652 incidents de tir et 812 blessés ou tués par balle.
C’est moins que n’importe quelle autre année depuis qu’on compile ces données. Et croyez-moi, dans une ville où la violence armée a longtemps été un fléau, c’est énorme.
Moins de fusillades = moins de règlements de comptes = moins d’homicides. La logique est implacable.
Le drame qui a mis fin à la série
Malheureusement, toute série a une fin. Le 7 décembre, Gregory Stewart, 38 ans, a été retrouvé mort dans la cage d’escalier d’un immeuble du Bronx, une balle dans la tête. L’enquête est en cours, mais le mobile semble lié à un différend personnel.
Ce drame, aussi tragique soit-il, rappelle une chose essentielle : la violence n’a pas disparu. Elle s’est juste considérablement réduite. Et c’est déjà une victoire immense.
Comment expliquer une telle baisse ?
Alors, à quoi tient ce succès ? Il n’y a pas une seule réponse, mais plusieurs facteurs qui se combinent.
- Une présence policière renforcée dans les zones sensibles
- Des technologies de surveillance plus performantes (caméras, reconnaissance faciale, détection de coups de feu)
- Des programmes de prévention auprès des jeunes
- Une meilleure coopération avec les communautés locales
- Des opérations ciblées contre les gangs et le trafic d’armes
Et puis il y a ce que certains appellent l’effet « post-pandémie » : moins de monde dans les rues à certaines périodes, des changements dans les habitudes criminelles… Même si ça ne fait pas tout.
Ce qui est sûr, c’est que la stratégie actuelle porte ses fruits. Et elle est saluée jusque dans les plus hauts rangs de la municipalité.
2025, l’année de tous les records ?
Si la tendance se maintient, 2025 pourrait bien devenir l’année la plus sûre de l’histoire moderne de New York. On parle potentiellement de moins de 300 homicides sur l’année entière. Un chiffre impensable il y a vingt ans.
Pour mettre les choses en perspective :
- 1990 : 2 245 homicides
- 2001 : 649 homicides
- 2014 : 328 homicides (précédent record bas)
- 2024 : environ 380 homicides (estimation)
- 2025 : potentiellement moins de 300 ?
On assiste peut-être à la fin d’un cycle. Ou au début d’une nouvelle ère.
Et les New-Yorkais, qu’en pensent-ils ?
Dans la rue, les réactions sont contrastées. Certains habitants, surtout ceux des quartiers autrefois les plus touchés, n’en reviennent pas. « Je n’ai jamais vu ça de ma vie », m’a confié un commerçant du South Bronx récemment. D’autres restent prudents : « Tant qu’il y aura des armes, il y aura des drames. »
Mais globalement, le sentiment qui domine, c’est la fierté. Et un certain soulagement. Pouvoir sortir le soir sans regarder derrière son épaule, ça change la vie.
Un modèle pour d’autres grandes villes ?
Ce qui se passe à New York est observé de près par d’autres métropoles américaines. Chicago, Los Angeles, Philadelphie… Toutes cherchent des solutions pour faire baisser leur propre criminalité.
Est-ce que le modèle new-yorkais est reproductible ailleurs ? Pas forcément dans son intégralité. Chaque ville a ses spécificités. Mais certains aspects – comme le ciblage précis des zones à risque ou l’utilisation intelligente des données – pourraient inspirer.
Une chose est sûre : quand la plus grande ville des États-Unis montre qu’on peut faire reculer durablement la violence, ça redonne de l’espoir partout ailleurs.
Un équilibre fragile
Mais attention. Rien n’est jamais acquis. Un seul événement dramatique peut suffire à relancer le débat sur la sécurité. Un changement de politique, un événement extérieur, une crise économique… Tout peut influencer la courbe.
L’histoire nous l’a montré : la criminalité peut remonter aussi vite qu’elle a baissé. Rester vigilant reste le maître-mot.
En attendant, ces douze jours sans meurtre resteront dans les mémoires. Un symbole. Une preuve que, oui, même dans la jungle urbaine, on peut faire bouger les lignes. Et ça, franchement, ça fait du bien.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce le début d’une nouvelle ère pour les grandes villes américaines, ou juste une parenthèse heureuse ? Les commentaires sont ouverts.
