Il y a des nouvelles qu’on lit deux fois, comme si le cerveau refusait d’y croire la première. Celle-ci en fait partie. Un gamin de 18 ans, encore au lycée, qui décide, un soir de décembre, de mettre le feu à un homme qui dort tranquillement dans le métro. Pas de dispute, pas de vol, pas de règlement de comptes. Juste une pulsion gratuite, aussi brutale qu’inexplicable.
Je ne sais pas vous, mais moi, ça me retourne l’estomac.
Une nuit d’hiver qui vire au cauchemar
On est le 1er décembre, il est environ trois heures du matin. La ligne 3 du métro traverse Manhattan comme tous les jours, mais à cette heure-là, les rames sont presque vides. Dans l’une d’elles, un homme de 56 ans s’est endormi sur un siège. Il fait partie de ces milliers de New-Yorkais sans domicile qui trouvent refuge dans le métro quand le froid mord dehors.
À une station de Midtown, un jeune monte. Sweat à capuche, allure banale d’adolescent. Il repère l’homme endormi, s’approche, sort quelque chose de sa poche – probablement un briquet et produit inflammable – et embrase les jambes de la victime. Puis il repart calmement, les portes se referment, le train redémarre.
L’homme se réveille en feu. Il hurle, se débat, parvient à sortir à Times Square, le torse et les jambes encore en flammes. Les images de vidéosurveillance sont insoutenables : on le voit tituber sur le quai, entouré de flammes, avant que des agents et des passants ne parviennent à éteindre l’incendie avec des extincteurs.
Transporté en urgence, il est toujours dans un état critique plusieurs jours après. Les médecins parlent de brûlures au troisième degré sur une grande partie du corps. Il a frôlé la mort de très près.
Un suspect rapidement identifié
Grâce aux caméras de surveillance présentes dans presque toutes les rames et sur tous les quais, l’auteur présumé est arrêté dès le 5 décembre. Il s’appelle Hiram Carrero, il a 18 ans, il est encore inscrit au lycée. Rien, dans son apparence ou son parcours connu, ne laissait présager un tel passage à l’acte.
Devant la juge, il reste silencieux. Son avocate demande une libération sous contrôle judiciaire, chez sa mère. Refus catégorique. La magistrate, visiblement choquée, déclare avoir « du mal à comprendre pourquoi un jeune homme de 18 ans, encore scolarisé, se retrouve à 3 heures du matin à mettre le feu à des inconnus ».
« Hiram Carrero a fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine »
Jessica S. Tisch, commissaire de la police de New York
Le mot est lâché : mépris. Pas colère, pas vengeance. Juste l’envie, semble-t-il, de faire le mal pour le plus absolu possible.
Un acte qui dépasse l’entendement
On cherche des explications, on creuse, on se pose mille questions. Y avait-il un contentieux ? Une consommation de substances ? Un défi stupide sur les réseaux ? Pour l’instant, rien. L’enquête parle d’un acte « gratuit ».
Ce mot fait froid dans le dos. Gratuit. Comme si brûler quelqu’un vivant pouvait être un geste sans raison, un divertissement.
Je me souviens d’un vieux film, L’Inconnu du Nord-Express, où deux inconnus se proposent mutuellement de tuer quelqu’un « pour le plaisir », sans mobile. On se disait que c’était de la fiction extrême. Là, on y est.
La question qui brûlante : comment protéger les plus vulnérables ?
Ce drame met cruellement en lumière la situation des sans-abri dans le métro new-yorkais. Ils sont des milliers à y dormir chaque nuit. Le métro reste ouvert 24 h/24, les températures extérieures descendent parfois sous les -10 °C en décembre. Où voulez-vous qu’ils aillent ?
Les associations dénoncent depuis longtemps la multiplication des agressions contre cette population particulièrement exposée. Coups, coups de couteau, incendies… Les cas extrêmes se multiplient ces dernières années.
- Décembre 2022 : une femme sans-abri poussée sur les voies à Times Square
- Octobre 2023 : un homme brûlé vif dans le Bronx (l’auteur avait 26 ans)
- Mars 2024 : agression au cutter dans le métro de Brooklyn
- Décembre 2025 : l’affaire qui nous occupe
La liste est longue, et elle fait peur.
La justice face à l’horreur
Le jeune homme est poursuivi pour incendie criminel avec blessures graves et tentative de meurtre. Les chefs d’accusation fédéraux sont lourds : il risque entre 7 et 40 ans de prison. Vu la gravité des faits et le risque de récidive évoqué par le parquet, la détention provisoire a été confirmée.
Beaucoup s’interrogent sur la peine qui sera prononcée. Trop clémente ? Trop sévère pour un mineur il y a encore quelques mois ? Le débat est ouvert, mais une chose est sûre : la société entière attend un signal fort.
Et nous, dans tout ça ?
On lit ce genre d’histoire, on secoue la tête, on se dit « c’est dingue », puis on passe à autre chose. Mais cette fois, quelque chose coince. Peut-être parce que l’auteur a l’âge de nos petits frères, de nos enfants. Peut-être parce qu’on prend tous le métro, tard le soir, et qu’on s’est tous endormis au moins une fois dans une rame.
Cette affaire nous renvoie à nos propres failles collectives : l’échec de la prise en charge des sans-abri, la santé mentale des jeunes, l’absence de repères, la banalisation de la violence extrême sur Internet… Tout se mélange.
On a envie de comprendre, mais surtout, on a envie que ça s’arrête.
« Le métro de New York est essentiel à notre ville. Les New-Yorkais ont le droit de se sentir en sécurité »
Jay Clayton, procureur fédéral
Cette phrase, toute simple, résonne particulièrement aujourd’hui.
En attendant le procès
La victime lutte toujours pour sa vie à l’hôpital. Chaque jour qui passe est une petite victoire. On lui souhaite, de tout cœur, de s’en sortir. Et on espère que justice sera rendue, pas seulement pour lui, mais à tous ceux qui n’ont pas eu sa chance.
Quant au jeune homme, il attend derrière les barreaux. On ne sait pas ce qui lui est passé par la tête cette nuit-là. Peut-être qu’on ne le saura jamais vraiment.
Mais une chose est certaine : cette histoire nous hantera longtemps.
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