Vous souvenez-vous de ce moment où vous avez poussé votre corps jusqu’à la rupture pour atteindre un objectif qui semblait hors de portée ? Moi oui. Et dimanche soir, au Brésil, Neymar nous a offert une version XXL de cette sensation.
Imaginez : ménisque gauche déchiré, médecins qui supplient d’arrêter, mais un club mythique au bord du gouffre de la relégation. Il a serré les dents, joué les 90 minutes, et Santos est resté en première division. Puis, larmes aux yeux devant les caméras, il a lâché la phrase qui résume tout : « Ma prochaine mission, la dernière, c’est la Coupe du Monde. » À 33 ans, l’histoire prend une tournure presque tragique.
Quand le corps dit stop mais que le rêve hurle plus fort
Franchement, je ne sais pas vous, mais moi ça me bouleverse. Parce que Neymar, ce n’est plus seulement le gamin prodige de Santos version 2010 ou la star scintillante du Barça et du PSG. C’est un mec qui se bat contre le temps, contre la mécanique implacable des articulations usées et contre l’image qu’on veut parfois lui coller : celle du génie capricieux qui n’a pas su se préserver.
Et pourtant, en 2025, il est revenu au bercail. Pas pour l’argent – il a déjà tout gagné de ce côté-là – mais pour l’âme. Pour Santos, ce club qui l’a vu naître footbalistiquement parlant. Et il a tenu parole : 11 buts, 4 passes décisives en 28 matchs, souvent en grimaçant, parfois en boitant, mais toujours présent.
« J’ai besoin d’une remise à zéro complète. Ensuite l’opération, et je me concentrerai uniquement sur ma dernière mission : la Coupe du Monde. »
Neymar, au micro après Santos 3-0 Cruzeiro
Une saison 2025 en mode survie
Revenons un peu en arrière pour bien comprendre l’ampleur du sacrifice. Depuis janvier, Neymar a passé 125 jours à l’infirmerie. Oui, vous avez bien lu. Plus de quatre mois entiers sans jouer. On parle là :
- d’une lésion à la cuisse gauche en mars,
- des ischio-jambiers qui lâchent en avril,
- d’un quadriceps droit en septembre,
- et enfin ce ménisque du genou gauche en novembre qui a failli tout faire basculer.
Quatre blessures musculaires ou articulaires majeures en une seule année. À 33 ans, ça commence à faire beaucoup. Le corps envoie des signaux clairs : ralentis. Mais quand votre club formateur flirte avec la zone rouge, vous ne ralentissez pas. Vous accélérez, même si ça fait mal.
Le point d’orgue ? Ce match contre Flamengo début novembre. Neymar craque complètement : carton rouge, altercation avec l’arbitre, gestes envers les supporters adverses, engueulade avec ses propres coéquipiers. Il dira plus tard que c’était le moment où il a touché le fond moralement. Et quatre semaines plus tard, il plante un triplé décisif contre Juventude et joue l’intégralité du match décisif contre Cruzeiro avec le ménisque en miettes. Il y a quelque chose de profondément humain là-dedans.
L’opération : un passage obligé avant le grand rêve
Donc oui, l’opération arrive. Probablement une ménisectomie partielle ou une suture, selon la gravité exacte de la lésion – on n’a pas encore les détails précis. Ce qui est sûr, c’est que Neymar veut être prêt pour les rassemblements de la Seleção dès mars 2026, puis pour la Copa América l’été suivant qui servira de grande répétition avant le Mondial.
Parce que oui, la Coupe du Monde 2026, c’est dans à peine plus de six mois après l’opération. Temps de récupération classique pour un ménisque : 4 à 6 mois quand tout se passe bien. On marche sur une corde raide.
« S’il est en forme et meilleur qu’un autre, il jouera. »
Carlo Ancelotti, sélectionneur du Brésil, après le tirage au sort du Mondial
Le message est clair : pas de passe-droit. Même pour le recordman de buts en sélection (79 réalisations, devant Pelé). Ancelotti ne ferme pas la porte, mais il ne l’ouvre pas en grand non plus. Et quelque part, c’est plutôt sain.
2026, la dernière danse ?
On y est. Le mot est lâché plusieurs fois : dernière mission. À 34 ans au moment du tournoi (il les aura en février 2026), Neymar sait que c’est probablement son ultime chance de décrocher cette Coupe du Monde qui lui manque cruellement. 2014 à domicile terminé en quart avec la fameuse blessure face à la Colombie, 2018 et 2022 stoppés trop tôt… Le destin lui doit peut-être un dernier tour de piste.
Mais pour ça, il faudra :
- une opération réussie,
- une rééducation sans accroc,
- un temps de jeu suffisant en club pour retrouver le rythme,
- et surtout convaincre Ancelotti que le Neymar version 2026 vaut mieux que les Vinicius, Rodrygo, Endrick et compagnie.
Autant dire que le défi est colossal. Mais quand on a vu ce qu’il a fait ces dernières semaines à Santos, on se dit que parier contre lui serait une erreur.
Et après ? L’inconnu total
Petite parenthèse qui a son importance : son contrat avec Santos expire en janvier 2026. Il a répété qu’il ferait « passer Santos en priorité », mais rien n’est signé. Restera-t-il pour tenter de ramener le club en Libertadores ? Partira-t-il aux États-Unis pour une fin de carrière dorée en MLS ? Ou peut-être un dernier challenge européen, qui sait ?
Ce qui est sûr, c’est que l’après-Mondial reste une page totalement blanche. Et c’est peut-être ça aussi qui rend l’histoire actuelle si captivante : on sent que chaque match, chaque entraînement, chaque décision médicale pèse énormément.
Pourquoi cette histoire nous touche autant
Allez, soyons honnêtes deux minutes. Neymar divise. Il y a ceux qui ne lui pardonneront jamais les soirées, les simulations, les choix de carrière. Et il y a ceux qui voient en lui un artiste incompris, un mec qui a simplement voulu vivre à 200 à l’heure dans un monde qui lui demandait d’être un moine.
Moi je suis entre les deux. J’ai critiqué, j’ai applaudi, j’ai roulé des yeux, j’ai été ébloui. Mais aujourd’hui, voir ce garçon se relever encore et encore, jouer blessé pour sauver son club de cœur, annoncer qu’il va se faire opérer pour tenter un dernier exploit avec le maillot jaune et vert… ça force le respect.
Parce qu’au fond, c’est ça le sport de haut niveau : une lutte permanente entre le rêve et la réalité physique. Et parfois, rarement, on a la chance d’assister au moment où un athlète décide que le rêve mérite encore quelques cicatrices supplémentaires.
Neymar est en train de vivre ce moment-là. Opération imminente, rééducation express, retour espéré pour la Copa América, et puis le grand rendez-vous de l’été 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
Va-t-il y arriver ? Franchement, je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : je serai devant mon écran à chaque étape. Parce que des histoires comme celle-ci, on n’en vit pas tous les jours.
Et vous, vous y croyez encore à ce dernier miracle brésilien ?
