Vous vous souvenez de ce frisson quand un joueur qu’on croyait fini resurgit comme un phénix ? Hier soir, au Brésil, Neymar a fait exactement ça. Trois buts, une victoire 3-0, Santos qui respire enfin au classement… et tout un pays qui se remet à rêver – ou à douter – pour la Coupe du Monde 2026. À 33 ans, le gamin de São Paulo redevient soudain le sauveur potentiel de la Seleção. Mais entre les éclairs de génie et les alertes médicales à répétition, la question brûle toutes les lèvres : a-t-on vraiment envie de revivre le même film ?
Un triplé qui tombe à pic… ou presque
Remonter trois ans en arrière. Avril 2022, Clermont, Neymar claque trois pions sous le maillot du PSG. Depuis ? Une succession de clubs, de blessures et de saisons tronquées. Vingt-cinq matchs seulement avant ce début décembre 2025. Sept petits buts. Franchement, on commençait à ranger le phénomène au rayon des gloires passées.
Et puis arrive cette nuit face à Juventude. Un récital. Un vrai. Le genre de soirée où même les commentateurs brésiliens, pourtant difficiles à impressionner, perdent leurs mots. Trois gestes de classe pure, trois fois le filet qui tremble, et Santos qui s’extirpe – temporairement – de la zone rouge. Quatorzième avec 44 points, deux longueurs d’avance sur le premier relégable. On respire.
« Je suis très heureux d’atteindre les 150 buts avec ce maillot. Merci à tous ceux qui m’ont accompagné ici. »
Neymar, ému, juste après le match
150 buts avec Santos. Le même club qui a vu naître Pelé. Ça ne s’invente pas. Ça pèse lourd dans l’imaginaire brésilien, surtout quand le maintien tient encore à un fil avant l’ultime journée.
Un retour gagnant… mais contre qui ?
Attention, soyons honnêtes deux minutes. Les observateurs locaux tempèrent l’euphorie. Les dernières victimes ? Des équipes déjà condamnées ou démotivées. Juventude n’avait plus rien à jouer. Idem pour les adversaires précédents. Le triplé est magnifique, personne ne le conteste. Mais il arrive dans un contexte où la défense adverse laisse parfois à désirer.
Pourtant, même en tenant compte de ça, voir Neymar enchaîner cinq buts en trois apparitions après des mois de galère, c’est du lourd. Surtout quand on sait qu’il a forcé contre l’avis médical il y a quelques semaines. Genou gauche douloureux, cuisse en septembre… le corps dit stop, la tête dit non. Classique Neymar.
Santos sauvé par son fils prodigue ? Pas si simple
- 14e place actuelle, 44 points
- Dernier match décisif contre Cruzeiro (3e)
- Quatre descentes en fin de saison
- Flamengo déjà sacré champion
On ne va pas se mentir : sans ces derniers éclats, Santos serait probablement déjà en Série B. Mais parler de « sauveur solitaire » serait exagéré. L’équipe a souffert toute la saison, les absences répétées de sa star n’ont rien arrangé. Le triplé arrive comme un cadeau du ciel, pas comme la résolution de tous les problèmes structurels du club.
Et maintenant, l’avenir à Santos ?
Interrogé au bord du terrain, Neymar reste flou. « Mon futur ? Je ne sais pas. Ma priorité, c’est Santos. » Des mots qui sentent le contrat qui arrive à terme et les propositions qui vont pleuvoir. Restera-t-il pour aider à reconstruire ? Partira-t-il vers un dernier gros salaire au Moyen-Orient ou aux États-Unis ? Le flou artistique est total. Et franchement, c’est très Neymar ça aussi.
Le grand débat qui agite le Brésil : Mondial ou pas Mondial ?
Maintenant, la vraie question. Celle qui revient à chaque conférence de presse du sélectionneur. Celle qui divise les cafés de Rio comme les groupes WhatsApp familiaux. Neymar sera-t-il du voyage au Mondial 2026 ?
Carlo Ancelotti, nouveau patron de la Seleção, a été clair en octobre : « Il a le talent pour jouer dans n’importe quelle équipe du monde… quand il est en condition physique. » Le sous-texte est violent. Tout le monde voit le génie. Tout le monde voit aussi l’infirmerie.
« Les Brésiliens sont comme les Français à l’époque du PSG : je t’aime moi non plus. Ils remplissent les stades pour lui, mais ils ont peur qu’il nous lâche en plein tournoi. »
Un entraîneur français installé au Brésil
Cette phrase résume tout. On veut y croire. On a besoin d’y croire. Mais on a déjà vécu 2014 (blessure en quart), 2018 (cheville en vrac), 2022 (genou encore). À chaque fois la même histoire : des éclairs, puis l’ombre de l’hôpital.
Les arguments pour une sélection
- Un talent toujours aussi rare sur la planète football
- Une expérience des grands rendez-vous irremplaçable
- Des jeunes qui ont besoin d’un leader charismatique
- Des moments où il peut faire basculer un match à lui seul
- Le symbole : un dernier tour de piste à domicile (Amérique du Nord, mais presque)
Les arguments contre (et ils pèsent lourd)
- Historique médical catastrophique depuis 2019
- Difficulté à enchaîner plus de 10 matchs consécutifs
- Une nouvelle génération talentueuse (Vinicius, Rodrygo, Endrick…)
- Le risque de perturber l’équilibre d’un groupe jeune
- La peur de revivre le scénario 2014 à la maison
Personnellement, je penche pour une sélection… mais avec un plan B béton. Parce que refuser Neymar quand il est en forme, c’est comme refuser Messi ou Ronaldo à leur apogée. Impensable. Mais le faire les yeux fermés, sans garantie physique, c’est jouer à la roulette russe avec tout un peuple derrière.
2026, la der des ders ?
S’il est appelé, ce sera sa quatrième Coupe du Monde. Probablement la dernière. À 34 ans au coup d’envoi, avec le corps qu’il traîne, difficile d’imaginer une cinquième. Alors oui, il y a cette envie folle de lui offrir une sortie digne, un dernier feu d’artifice en jaune et vert. Mais il y a aussi la réalité froide des statistiques : ces dernières années, il a plus souvent été blessé que décisif en sélection.
Le Brésil attend un sixième titre depuis 2002. Vingt-quatre ans de disette, c’est énorme pour le pays qui a inventé le « jogo bonito ». Prendra-t-on le risque de tout miser – encore – sur un joueur aussi génial qu’incertain ?
Ce qu’il doit faire d’ici l’été 2026
Pour moi, la réponse est simple. Neymar doit nous prouver trois choses :
- Jouer au moins 35 matchs cette saison-là (où qu’il soit)
- Éviter les blessures graves pendant 18 mois d’affilée
- Être performant régulièrement, pas seulement par éclats
S’il y arrive, alors aucun débat : il mérite sa place, et probablement titulaire. Sinon… il faudra avoir le courage de tourner la page, aussi douloureux que ça soit.
En attendant, profitons de ces moments où il redevient magique. Parce que des joueurs comme lui, on n’en verra peut-être plus jamais. Et ça, ça vaut bien quelques doutes et quelques nuits blanches.
Allez Ney, encore un effort. Le Brésil entier retient son souffle.
